Haïti

Éditorial | « Humanitarian Parole », le gouvernement haïtien, le vrai bénéficiaire

(TripFoumi Enfo) – Au début de l’année 2023, les États-Unis d’Amérique ont lancé un programme humanitaire au bénéfice de quatre pays. Les habitants de Nicaragua, Venezuela, Cuba et Haïti peuvent, grâce à ce programme d’urgence, entrer aux États-Unis sans demande de visas. Toute personne, résidant sur le territoire américain, pouvant s’occuper normalement du bénéficiaire, peut faire les démarches requises en vue de faciliter la rentrée de l’étranger. En Haïti principalement, la plupart des gens veulent quitter le pays. Ledit programme humanitaire est donc arrivé comme une opportunité à ne pas perdre. Chacun cherche son sponsor afin d’aller aux USA. Toutefois, les membres du gouvernement haïtien, sans participer au programme, en sont les vrais bénéficiaires. L’attention d’une bonne partie de la population n’est plus sur les dérives gouvernementales, les autorités vivent plus tranquillement que la fin de l’an dernier.

Langaj

Les problèmes ayant suscité une vague de revendications populaires vers la fin de 2022 en Haïti persistent. Cependant, le gouvernement est plus confortable. Les prix et la rareté du carburant sur le marché avaient provoqué une nouvelle fois le phénomène de « Peyi lòk » en septembre et octobre dernier. Les activités, notamment scolaires, étaient paralysées jusqu’à la fin de l’année dans la plupart des villes du pays. Nous sommes en mars 2023, les prix du carburant fixés par le gouvernement, qui avaient troublé tout le pays, demeurent et la rareté du produit se fait sentir de temps à autre. Aucun leader ne peut réussir à organiser des manifestations en ce moment. Moïse Jean Charles a essayé de lancer un cri à la population afin de protester contre le programme humanitaire et les dérives du gouvernement, celle-ci, en réponse, l’a ironisé. Elle s’en fout. Le seul espoir qui lui reste est de quitter le pays. Chez Biden, la vie est meilleure.

La crise sécuritaire a atteint son apogée en Haïti. Le nombre des victimes augmente quotidiennement. Le kidnapping et les meurtres n’étonnent plus les observateurs. Les bandits armés sont plus puissants et plus cruels. Les personnes vivant à Port-au-Prince et ses environs vivent dans l’inquiétude la plus totale. Les autorités sont impuissantes face à ces maux, mais vivent tranquillement. Le peuple n’a pas assez de temps pour réclamer de meilleures conditions de vie de la part du gouvernement. Les gens se trouvent devant les bureaux de la Direction de l’immigration et de l’émigration (DIE) dans l’espoir de se procurer vite un passeport afin de pouvoir bénéficier du programme « Humanitarian Parole ».

Grâce au programme de Biden, le gouvernement n’a plus de pression dans le versement des salaires de certains employés. Un policier affecté à un bureau de l’immigration de la zone métropolitaine se plaignait en pleine rue d’une journée mal vécue, puisqu’il n’a gagné que 15 000 gourdes. Le peuple est prêt à tout pour fuir le pays. Certains employés de l’État profitent de l’urgence de la chose pour faire fortune. Un passeport actuellement coûte au moins 50 000 gourdes dans la zone métropolitaine. Fouler l’espace où l’on doit signer et faire la prise de vue pour le passeport coûte au moins 15 000 gourdes. Si on veut être VIP dans les rangs, on doit dépenser 25 000 gourdes. Une personne voulant garder l’anonymat a eu son passeport en moins de 24 heures pour 700 dollars US. Quoi de mieux actuellement que de travailler à l’immigration ou à la Direction générale des impôts ? Les salaires proposés par l’État deviennent des pourboires. Donc les revendications des fonctionnaires en vue d’avoir leur salaire, habituellement tardif, diminue considérablement.

Outre ces problèmes que la plupart des Haïtiens ignorent, il y a la cherté de la vie qui fait aussi de manière régulière de nombreuses victimes. Le taux de chômage augmente à cause de la fermeture de plusieurs institutions, incapables de fonctionner dans l’état actuel des choses. Les salaires des employés n’augmentent pas. Le taux d’inflation est à plus de 48%. La misère devient monnaie courante dans les 10 départements d’Haïti. Cependant, le gouvernement d’Ariel Henry vit en toute quiétude. Profitant de la faiblesse du peuple, il continue de rester passif, faire tranquillement des dérives. L’attention de la masse se tourne vers les USA, Haïti ne l’intéresse plus. Le gouvernement a donc le champ libre pour le moment. Toutefois, si le gouvernement américain reçoit réellement le nombre de personnes prévu pour deux ans dans le cadre du programme humanitaire, environ 180 000 Haïtiens prendront refuge chez l’Oncle Sam. Ce ne sera qu’une goutte d’eau extraite de l’océan, les problèmes seront encore et toujours là, les soulèvements populaires seront encore d’actualité, la quiétude des membres du gouvernement prendra fin, si tant est qu’ils étaient inquiets avant.

Lourdy Lauture

Langaj

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