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Éditorial | Ariel Henry, jouisseur du chaos, veut à tout prix se maintenir au pouvoir

Les dirigeants qui se succèdent à la gouvernance d’Haïti font preuve d’un fort attachement aux sièges du pouvoir. Cette volonté de rester toujours en poste n’est pas animée par un désir de servir la population, mais plutôt pour défendre des intérêts personnels au détriment de la collectivité. Ariel Henry qui dirige le pays à travers un gouvernement de fait depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, s’érige en tant qu’un monarque insoucieux des grands besoins de la population. Malgré le problème criant d’insécurité généralisée qui nécessite une intervention urgente du gouvernement, les actions d’Ariel Henry ne visent qu’à trouver le moyen de rester plus longtemps à la Primature.

Langaj

Sans résultats, Ariel profite de la situation du pays pour se pérenniser à la Primature

L’amour du pouvoir n’est pas un mal en soi. Accéder au pouvoir est un rêve chéri de tout parti ou d’acteur politique. En principe, cette volonté devrait être animée par le désir de servir la société en fonction des normes établies. Cependant, en Haïti, les dirigeants de l’État développent un attachement excessif au pouvoir qui s’oppose très souvent aux principes démocratiques. Le besoin de la population est substitué à des intérêts personnels. Profiter des privilèges liés à leurs postes et s’enrichir à travers la corruption constituent leur objectif principal.

Au pouvoir depuis plus de dix ans, le parti politique PHTK, responsable de la gouvernance du pays, est le véritable instigateur de la descente aux enfers du pays

Nommé par l’ancien président assassiné, Jovenel Moïse, Ariel Henry, chef tout-puissant depuis près de deux ans, n’arrive toujours pas à apporter des solutions aux différents problèmes que traverse le pays. Illégal et illégitime, il alimente tout ce qui peut jouer en sa faveur en vue de garder plus longtemps son titre de Président-Premier ministre, tout en ignorant sciemment les grands besoins de la population.

Le constat est ridicule, un gouvernement qui devrait agir pour résoudre les problèmes de la société, profite au contraire de la situation lamentable du pays pour jeter la base de sa monarchie.

Langaj

Une stratégie de faire passer le temps…

Conscient de son manque de légitimité, Ariel Henry, dès son arrivée au pouvoir, se livre à la marchandisation des postes, croyant qu’intégrer certains anciens opposants au régime PHTK à son gouvernement lui permettra d’acheter le silence de certains groupes et d’obtenir un champ libre pour diriger.

Le régime PHTK développe une stratégie relative à la sauvegarde du pouvoir pendant ces dix dernières années. À chaque fois, il trouve toujours un stratagème pour faire passer le temps.

À l’aide de ce moyen, Ariel Henry avait jeté la base de son pouvoir avec la signature de l’accord politique du 11 septembre 2021. Certains anciens opposants zélés du PHTK se sont mis du côté d’Ariel Henry à travers cet accord pour former un gouvernement. Cette stratégie utilisée par le PM de facto lui donne la possibilité de pirouetter pendant plus d’une année en agissant au nom d’un accord très exclusif et peu représentatif.

La volonté du PM est alors de trouver un instrument politique qui puisse l’aider à garder le pouvoir. Plusieurs signataires se sont vite rendus compte du subterfuge et ont dénoncé certaines actions du PM qui ne rentrent pas dans le cadre des dispositions de l’accord.

À la fin de l’année 2022, le gouvernement d’Ariel Henry déjà en panne d’un nouvel instrument politique pour agir sans contraintes, est parvenu à signer un nouvel accord politique le 21 décembre 2022. Quatre mois après, aucun changement n’est constaté, le pays n’est toujours pas « gouverné ni administré », pour reprendre les mots du feu bâtonnier Dorval.

Le Haut Conseil de Transition (HCT) qui est l’œuvre de l’accord du 21 décembre, est jusqu’à présent une instance figurante entre les mains d’Ariel Henry pour tromper la vigilance de la population et montrer à la communauté internationale qu’il a la volonté de faire quelque chose. La présidente du HCT, Myrlande Manigat, avait déclaré que la structure n’avait pas reçu du gouvernement des moyens en vue de répondre convenablement à sa mission qui est de créer des conditions favorables à l’organisation des élections.

L’insécurité générée par les gangs armés, la crise alimentaire… ne sont guère la priorité du gouvernement

La situation sécuritaire du pays se dégrade de jour en jour. La sécurité qui est considérée comme le premier des biens publics n’est toujours pas garantie par le gouvernement en place. C’est une vérité que l’État haïtien ne dispose pas de grands moyens. Mais un plan réel pour attaquer la crise multidimensionnelle qui perdure dans le pays semble n’être inscrite nulle part sur la liste des priorités du Premier ministre Ariel Henry.

Dans cette situation, le quotidien des citoyens haïtiens est tapissé de peur et de misère. La violence des gangs armés presque partout dans le pays contraint les membres de la population à rester chez eux, enfin, ceux qui ont encore un toit pour dormir.

Haïti devient un pays tribalisé où chaque contrée est sous le règne d’un chef de gang. Qu’est-ce qui explique l’inaction du gouvernement pour endiguer cette situation ? Y a-t-il un intérêt à maintenir le pouvoir qui est lié au banditisme ? Ariel Henry est-il un grand bénéficiaire de cette insécurité généralisée ?

La pérennisation du climat d’insécurité dans le pays soulève pas mal d’interrogations. La passivité du côté des dirigeants qui devraient agir pour affronter cette situation inquiète plus d’un.

D’après le dernier rapport de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), près de la moitié de la population est frappée par une crise alimentaire, soit 4,9 millions de personnes sont en nécessité d’une aide urgente.

La situation est devenue d’autant plus compliquée par rapport à un gouvernement qui ne se préoccupe pas des besoins immédiats de la population, mais qui se concentre uniquement sur la conservation du pouvoir.

Et si la fin de mission d’Ariel Henry était conditionnée par l’organisation des élections ?

Un gouvernement qui n’a pas un pouvoir émanant du peuple et qui n’est pas contrôlé pas une autre institution étatique qui joue le rôle de contre-pouvoir, risque de devenir un pouvoir tyrannique. C’est sur un pareil boulevard que Ariel Henry avance à toute allure. Son gouvernement n’a pas un mandat circonscrit à travers le temps. Il se donne l’ultime mission d’organiser des élections avant de se retirer. Quand les conditions seront-elles favorables à l’organisation des élections dans le pays ?

Conditionnant la passation du pouvoir à une chose paraissant un peu fictive par rapport à la conjoncture, explique les velléités du gouvernement à se pérenniser. En se sens, il s’évertue à rester le plus longtemps possible à la tête du pays. Par conséquent, l’insécurité qui est une entrave à l’organisation des élections, peut bien être utilisée comme un instrument. Dans ce cas, peut-on penser que le climat d’insécurité est instrumentalisé par le gouvernement d’Ariel Henry ?

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