Haïti

Il est l’heure de sonner la fin de l’attentisme

Au sens d’Alain Deneault, « Les médiocres ont pris le pouvoir ». Sur la question du pouvoir, Maurice Druon a dit ceci : « De toutes les activités humaines, le pouvoir est celle où l’on voit le plus de personnes médiocres accomplir d’éclatantes carrières. Cela tient de ce qu’il existe dans la société un certain nombre de fonctions de gouvernement qui doivent être tenues continûment, et qu’il ne se trouve pas toujours assez d’hommes supérieurs pour les occuper ».

Langaj

Entre le désespoir et l’attentisme, la population haïtienne continue, présentement, à dénombrer des lots de cadavres dans ses rangs. Aussi, peine-t-elle à s’offrir du travail, des loisirs sains, entre autres. Errance. À chaque coin de rue, chaque sujet conscient expose son dégoût et son ras-le-bol face aux dirigeants actuels et devant la communauté internationale qui n’en n’ont que faire de la situation pétrifiante et pernicieuse d’Haïti. Étant devenue plus dégradante depuis la prise du pouvoir par les hommes du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), l’insécurité est, disons-le sans ambages, comme une rue spirale : peu importe le lieu où l’on démarre sa course, on doit traverser un foyer de gang pour avoir accès à l’autre bout. C’est-à-dire, l’insécurité est devenue la priorité des priorités pour la population haïtienne à l’heure actuelle. Comment sortir de ce spirale ?

D’où viendra le secours ?

Le gouvernement haïtien dirigé par le Premier ministre Ariel Henry, parce qu’il est tout simplement médiocre (donc il dirige un régime composé que de médiocres) et kleptocrate, est incapable de répondre aux désidératas de la population haïtienne, et, en conséquence, il préfère quémander de l’aide à la communauté internationale dans la lutte contre le grand banditisme dans l’espace urbain haïtien. Les jours s’écoulent comme du sable dans un sablier, nous rapprochant un peu plus de la mort, et nous sommes encore en attente… En attente de la paix, en attente d’un autre cadre de vie où tous les Haïtiens et Haïtiennes pourront s’offrir une vie meilleure, où toutes les filles et tous les fils du pays seront capables de se projeter dans un futur plus serein, qu’il soit lointain ou proche.

La situation va de mal en pis

Le taux d’inflation ne cesse de grimper alors que la population, elle-même, continue de dénoncer la mauvaise condition dans laquelle elle s’enlise depuis des lustres. En Haïti, la misère n’est pas une denrée rare, oh que non ! Les besoins les plus primaires, comme le manger, le boire et le logement restent un luxe pour bon nombre de gens. Habitée par le désir de voir et de vivre des jours meilleurs, la population haïtienne reste encore en attente. Indicateurs socio-économiques ? Tous sont au rouge. Un Haïtien sur deux se trouve en insécurité alimentaire, en 2023.

Langaj

Les mouvements populaires qui se sont déclenchés dans le pays depuis 2018 avec les émeutes des 6 et 7 juillet, ont tendance à remettre en question, de façon radicale, le modèle de l’État-néopatriomonial, pour reprendre la thèse du sociologue Sauveur Pierre Étienne. Les revendications, les actions politiques deviennent de plus en plus radicalisées, avec de nouveaux narratifs. Pour preuve, Haïti a connu au moins trois épisodes de « Peyi lòk » en moins de 5 ans. Ce qui tend, effectivement, à remettre en question, en toute évidence, la structure sociale et économique inégalitaire haïtienne. Dans certaines manifestations de rue et sur certains murs picturaux, les revendications sociales et économiques sont claires : redéfinir la richesse du pays.

36 ans après la dictature, Haïti se perd dans la foulée

La chute de la dynastie dictatoriale et sanguinaire dirigée par François puis Jean-Claude Duvalier, respectivement père et fils, a ouvert la voie à un nouveau régime politique : la Démocratie. Pour l’acter et le rendre opérationnel, le 29 mars 1987, une nouvelle constitution, issue de la voie référendaire, a vu le jour. Donc, la Démocratie libérale, telle qu’elle est énoncée et exigée par des pays occidentaux, doit donner plus de droits aux individus tout en régularisant la collectivité. Plus de 36 ans après, l’analyse sémiotique de ce régime politique, en termes d’effectivité, nous conduira dans la conclusion la plus prudente : c’est l’installation du chaos comme mode de gouvernance en Haïti. Aucun élu en place en 2023. Destruction spectaculaire des institutions, notamment de la justice. Des centaines de milliers de gens fuient le pays pour s’installer dans d’autres. Chaos.

Sortir de l’attentisme est plus qu’une nécessité pour redéfinir l’espace social haïtien. Sortir le pays, aussi, de l’emprise de la médiocratie est la prière collective qu’il nous faut aujourd’hui formuler. Le temps de sonner la fin de l’attentisme est arrivé.

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