HaïtiSécurité

Bwa Kale : le sentiment d’insécurité a changé de camp !

Il n’y a pas si longtemps, les membres de la population couraient, fuyaient loin de leurs demeures et de leurs habitudes. La peur les guettait à tout instant, elle s’invitait même dans leurs rêves. La nuit pouvait être tellement longue et la journée si fragile. Évoluer sur ces terres salies de sang est considéré par plus d’un comme un acte d’héroïsme. Le mal est là, partout, à chaque coin de rue. Il y a un peu plus de deux ans, pas un seul jour ne passe sans que les médias ne parlent de banditisme, de meurtre, de fusillade, de kidnapping, de rançon, d’assassinat, de balles perdues, de gangs armés, de bandits ou d’individus armés, d’incendie, et un mot revient, le même, à chaque fois “chaos”. Le chaos est au bout du tunnel, et on en était pas loin, on pouvait même sentir ses rayons brûler notre peau, comme si l’on s’était approché trop près du soleil.

Et est venu ce jour inespéré, insoupçonné “lundi 24 avril 2023”. C’était un jour dont le lever du soleil était aussi terne et sans importance que les précédents depuis longtemps. Et comme un coup de tonnerre dans ciel serein, la nouvelle vient raviver le sourire et l’espoir de tout un peuple : des habitants de Canapé-Vert ont récupéré au moins 14 présumés bandits entre les mains de la police qui essayaient traverser le quartier, les ont lynchés puis brûlés. Quelqu’un a eu l’intelligence de dire “Bwa Kale !”. Voilà comment s’est réincarné un mouvement qui avait été lancé, au début du mois de septembre de l’année 2022, contre les politiciens et dirigeants véreux de la nation mais qui n’avait malheureusement pas porté fruits. Aujourd’hui, et depuis un peu plus de 2 semaines, le Bwa Kale a pris tout son sens, quand la population, elle-même, a décidé de prendre en main les choses et de s’occuper “personnellement” des voyous armés.

L’environnement médiatique est maintenant plus fleuri, les vocables sont devenus plus vivants, plus sensés, plus justes, plus prometteurs : 3 bandits brûlés par ci, 4 par là ; à Léogâne, Miragoâne, Pétion-Ville, Canapé-Vert, Turgeau… La voix du peuple se fait entendre, et surtout sa colère se sent, se voit, se filme, se raconte, et se manifeste. Quant aux voyous, malfrats, bandits, kidnappeurs, assassins, terroristes… ils fuient. LA PEUR A CHANGÉ DE CAMP.

Bien-sûr, certains d’entre eux ripostent, bien-sûr, le mal n’est pas encore totalement éradiqué, mais le peuple est en bonne voie. Certains observateurs parlent d’une baisse significative du kidnapping, et c’est “palpable”. Ce mouvement instantané, ô combien noble, est soudain devenu le sujet principal de tout débat ; pour certains, rassurez-vous, ils sont minoritaires, le BK est barbare, mais pour d’autres, la grande majorité, le mouvement est salvateur.

Ariel Henry, Premier ministre, et sa mime, Emmelie Prophète Milcé, ministre de la Justice, désapprouvent le Bwa Kale, soulignons cela de deux traits, et c’est tout à leur honneur, ils n’auraient pas pu avoir une autre position. Mais, le peuple s’en fout, il s’en fout royalement.

Le mouvement Bwa Kale est le propre de ce peuple valeureux, vaillant, qui n’obtient le bonheur que par lui-même, et quand il le confie à d’autres, il se fourvoie. On l’a trop longtemps piétiné, maltraité, humilié, il était appelé à se réveiller, et son réveil a été naturellement brutal.

Comme à l’époque coloniale, ou celle de la dictature des Duvalier, la PEUR à changé de camp. Le sentiment d’insécurité n’est plus le nôtre, c’est le leur désormais.

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