Haïti

Les systèmes de télécommunications en Haïti, une crise banalisée

Haïti présente une pénétration des télécommunications très inférieure à celle des autres pays de la région et les réseaux sont concentrés dans les grandes villes. Le duopole existant sur le marché de la téléphonie mobile n’arrange pas les consommateurs. Le peu de régions bénéficiant de l’Internet l’utilise à faible débit. Le Conseil National des Télécommunications (CONATEL) se montre impuissant. Les télécommunications considérées dans les autres pays comme un vecteur de développement s’enlisent dans une crise banalisée dont fait fi le gouvernement haïtien.

De nos jours, de nombreux pays sont prédisposés à créer les conditions requises pour exploiter au mieux le potentiel des technologies de l’information en vue de promouvoir leurs objectifs de développement. En Haïti, des dispositions peinent à être prises en ce sens.

Les systèmes de télécommunications d’Haïti comprennent des dispositifs de diffusion radiophonique, télévisuelle, téléphonique et d’Internet. Le CONATEL (Conseil National des Télécommunications, qui relève du Ministère des Travaux publics, Transports et Communications) veille au développement de ces secteurs. Les opérateurs commerciaux pour la téléphonie mobile sont la Digicel (qui a racheté Voilà en 2012) et la Natcom. Pour l’Internet, c’est aussi la Digicel et la Natcom, mais s’ajoutent Acces-Haiti et HAINET.

Digicel-Natcom, le duopole qui gène

Comme indiqué, en Haïti, il n’existe que deux compagnies de téléphonie mobile, en l’occurrence la Digicel et la Natcom. Même si elles sont deux à opérer sur le marché, elles n’arrivent pas à combler le manque criant existant dans le domaine. La qualité de services offerts par ces dernières laisse à désirer. Entre la couverture par intermittence, vol de données, coupure d’appels, augmentation du coût de certains plans sans aucun avertissement, la population est laissée pour compte.

En Haïti, il faut des dizaines de tentatives pour réussir à passer un appel. Aucun appel ne passe sans difficulté, répétons-le. Les coupures sont à répétition. En 2020, le Conseil National des Télécommunications a mené une étude dans laquelle il a conclu que les conversations téléphoniques des deux opérateurs ont une très mauvaise qualité audio. Étant donné que la qualité audio est si médiocre et le taux de coupure acceptable, le CONATEL avait demandé aux opérateurs de définir et contrôler les paramètres de leur réseau pour réduire au minimum les suppressions.

Internet, l’autre casse-tête

La question de l’Internet est là où le bât blesse le plus en Haïti. Un rapport 2023 intitulé Speedtest Global Index (anglais), publié régulièrement par Ookla, indique qu’avec une vitesse de téléchargement de 32,24 Mbit/seconde en moyenne pour l’Internet à haut débit sur le réseau fixe, Haïti s’est classée 113e/180 dans une comparaison internationale. Le taux d’upload était toutefois nettement inférieur, avec seulement 14,29 Mbit/seconde (116e place).

Toujours, selon le rapport, il n’existe pas encore de réseau 5G moderne en Haïti. Le taux de pénétration de la 4G, c’est-à-dire de la téléphonie mobile avec au moins la vitesse LTE, était dernièrement de 35%. Haïti est donc à la traîne en ce qui concerne le développement de l’accès à Internet à haut débit. Il y a quelques semaines, Haïti a reçu la venue de la compagnie d’Internet Starlink, propriété du milliardaire Elon Musk. À peine arrivée, elle détient déjà la meilleure connexion en Haïti.

Télécommunications, l’espoir d’un avenir meilleur

Les télécommunications ont aidé à améliorer les conditions de vie des habitants dans de nombreux pays. Avec un meilleur secteur des télécommunications, le pays va générer de nombreux emplois directs et indirects. Les opérateurs de téléphonie cellulaire et les fournisseurs d’accès à Internet pourront employer directement plus de professionnels de divers champs. Les opérateurs de téléphonie et les fournisseurs d’accès à Internet paient périodiquement pour les ressources de l’État utilisées pour fournir les services de télécommunications. De plus, ces prestataires de services de communications électroniques versent des taxes sur leurs chiffres d’affaires.

Le secteur des télécommunications est en crise en Haïti et c’est une crise d’autant plus importante que celle à laquelle est confrontée le pays depuis peu. S’il faut bien gérer les activités économiques pour espérer un meilleur Produit Intérieur Brut (PIB) à la fin de l’exercice fiscal, il en est de même pour les télécommunications qui peuvent améliorer l’assiette fiscale du pays et placer le pays sur le chemin de l’émergence

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