
La ville de Petit-Goâve, en Haïti, a toujours été le berceau de personnalités fortes. De Faustin Soulouque à Dany Laferrière de l’Académie française, la liste est longue. Mais parmi les héritiers de cette tradition, une jeune femme émerge avec détermination pour laisser sa marque. Son nom est Paule Vanessa Lindor. Et voici son histoire.
Vanessa, surnommée affectueusement par tous, se distingue par sa convivialité et son accessibilité. Son salon est un lieu sacré, seuls les privilégiés franchissent sa porte. D’une vivacité d’esprit remarquable, Mlle Lindor perçoit le monde d’une manière unique. Tantôt observatrice derrière une fenêtre, tantôt plongée dans l’arène de la réalité. Sa voix se révèle être son atout le plus puissant. Une voix qui s’élève pour s’opposer à certaines pratiques, pour soutenir et défendre les causes qui animent son corps et son âme. Une voix pour dire non.
Née le 3 janvier 2001 à Petit-Goâve, dans le département de l’Ouest, Paule Vanessa Lindor a grandi au sein du cocon familial et a passé toute son enfance dans sa ville natale. Elle a fait ses études à l’École des Sœurs, Notre-Dame de la Sagesse, où elle a achevé son cycle d’études classiques.
En 2018, elle a fait son entrée à l’université, où elle étudie actuellement le Droit à la Faculté de Droit et de Sciences Économiques (FDSE) et la Sociologie à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH).
Dès son plus jeune âge, elle s’est engagée dans des activités parascolaires, une expérience qui l’a préparée à porter de nombreux chapeaux. Bien qu’elle s’identifie avant tout comme chanteuse, Vanessa a connu un début difficile dans sa carrière musicale. En novembre 2010, elle a participé à un concours de chant de Noël intitulé « Ann chante Nwèl ». Malheureusement, son aventure s’est interrompue brutalement lorsqu’elle a raté une audition. Faute à une contrainte majeure.
Cet échec a cependant servi de tremplin. Ses performances ont impressionné des professionnels de la musique qui lui prodiguent désormais leurs conseils.
Elle est également membre active de Stop Vyolans sou Fanm ak Tifi (SVFT), une jeune organisation axée sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Cette plateforme œuvre en faveur des droits des femmes, cherchant à les affranchir des stéréotypes qui les enferment. Pour y parvenir, elle mise sur l’éducation populaire à travers des formations et cherche à recruter de nouvelles adhérentes, tout en plaidant pour l’émancipation des femmes et leur réintégration complète dans la société.
Les objectifs de Mlle Lindor sont ambitieux. Cependant, elle fait face aux défis auxquels toute femme peut être confrontée. Certains peuvent la sous-estimer lorsqu’elle évoque ses études en sociologie. Pourtant, Vanessa aspire à faire décoller sa carrière musicale, malgré un catalogue encore limité à un morceau de slam. Elle travaille d’arrache-pied pour propulser sa carrière. Jusqu’à présent, elle n’a pas eu l’occasion de chanter ses propres textes, mais elle compose des mélodies et interprète des chansons écrites par d’autres artistes. Par ailleurs, elle souhaite poursuivre ses études jusqu’au doctorat, bien qu’elle hésite encore quant à la branche qu’elle choisira définitivement.
Son rêve est de sensibiliser les femmes de toutes les groupes et catégories sociales pour contribuer à une société plus équilibrée où les femmes ne seront plus invisibilisées. Les portes de l’organisation SVFT sont ouvertes à toutes.
Par le passé, Mlle Lindor a remporté la deuxième place lors d’un concours de chant organisé par l’Église du Salut de Petit-Goâve. Actuellement, elle participe à un concours lancé par Beethova Oba pour célébrer ses 35 ans de carrière. Les six premiers lauréats auront la chance de figurer sur l’album de ce chanteur engagé haïtien.