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Une autre intervention étrangère en Haïti, à quoi peut-on s’attendre ?

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, lundi 2 octobre 2023, a officiellement validé une intervention étrangère en Haïti. Suite à la demande et l’insistance de l’État haïtien et la visite des Kényans au pays, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a finalement donné son accord pour qu’une intervention non onusienne participe à la résolution de la crise de sécurité en Haïti. Cependant, sachant que ce ne sera pas la première intervention étrangère au pays, le peuple haïtien est en droit d’être sceptique quant au véritable apport de cette mission.

Langaj

Depuis l’après-midi du 2 octobre, les Haïtiens ne cessent de commenter la décision du Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser une intervention étrangère au pays de Dessalines. La plupart n’en attendent pas grand-chose. Les raisons sont multiples. Les autorités onusiennes ont beaucoup hésité avant de décider. Les gangs armés en Haïti sont très puissants. Les Kényans, voulant prendre la tête de l’intervention, avaient fait une visite des lieux et s’étaient ravisés pour enfin s’y conformer.

Acceptant son impuissance face aux bandits, l’État haïtien n’a cessé depuis plusieurs mois de demander de l’aide de la communauté internationale. Il a beaucoup insisté, mais n’a eu une réponse positive que le 2 octobre dernier. Nous nous rappelons encore les réactions des autorités américaines et canadiennes, voulant laisser Haïti se débrouiller seule face à son destin. Leur hésitation serait une preuve de prudence face à la puissance des gangs.

Les bandits sont très équipés et très bien organisés. Faisant le show sur les réseaux sociaux, ils ne cessent d’exhiber leurs matériels et de faire le bilan de leur travail. Ils arrivent à avoir plus d’autorité sur la population que l’État dont ils ont diminué la puissance. Récemment, ils se sont organisés pour créer un groupe dénommé « Viv ansanm » qui crée déjà la panique au niveau de la zone métropolitaine, même si officiellement, ce n’était pas le but, d’après Jimmy Chérizier alias Barbecue qui avait pris la parole à ce sujet dans une station de radio de la place. Les gangs armés en Haïti font peur. Même les Kényans ayant visité le pays les redoutent.

Ces derniers se portaient volontaires pour prendre la tête d’une mission en Haïti. En effet, une délégation avait fait le déplacement pour étudier le terrain, le résultat est donc surprenant. Seulement, après deux jours passés dans les environs de Port-au-Prince, ils ont préféré se proposer pour protéger les infrastructures importantes en cas de danger. Ils n’ont pas évoqué les raisons de ce revirement, quoiqu’il soit inquiétant.

L’ONU a laissé sa trace à travers l’intervention de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTHA). Débarqués en 2004 après le coup d’État contre le président Aristide, les Onusiens avaient quitté le pays en 2017 avec un maigre bilan, selon plus d’un. Ils avaient la mission de stabiliser le pays dans lequel ils ont autorisé une Force étrangère de retourner probablement en 2023 (6 ans après) avec le même but. Toutefois, lors de leur dernière mission, ils ont marqué les esprits par, entre autres, des actes de viol, de pillage et de l’arrivée du choléra. La prochaine mission de la communauté internationale en Haïti sera un grand succès dans le cas où la stabilité dont ils parlent est différente de celle visée dans la dernière intervention de la MINUSTHA durant environ 13 ans.

Langaj

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