Burkina Faso : deux journalistes condamnés après la publication d’un article sur des détournements
La justice au Burkina Faso a condamné deux journalistes, jeudi 19 octobre, pour diffamation et complicité de diffamation. Cette condamnation intervient après que les deux journalistes ont publié un article accusant des hauts responsables du gouvernement burkinabè et la société minière IAMGOLD Essakane d’avoir fait perdre à l’État des milliards de francs CFA. Cette affaire provoque des préoccupations au sein de la presse du Burkina Faso puisqu’elle met en fragilité le droit des journalistes enquêtant sur des faits de corruption.
Le directeur de publication Boureima Ouedraogo et le rédacteur de l’article ont été reconnus coupables après avoir publié leur enquête dans le journal d’investigation « Le Reporter » en juin 2023. À travers cet article, le journaliste avait dénoncé les irrégularités dans une transaction entre les services douaniers et IAMGOLD Essakane en 2022, ce qui, selon lui, avait entraîné une perte importante d’argent pour l’État burkinabè.
D’après le journaliste Aimé Kobo Nabaloum, le code de douanes de la CEDEAO et de l’UEMOA n’ont pas été respectés et ces « manquements » ont provoqué la perte d’une grosse somme d’argent au détriment de l’État. « L’état a enregistré une perte de près de 98 milliards de francs CFA », a-t-il révélé. Lorsque les journalistes avaient publié l’article, ils avaient affirmé que l’argent n’a pas été versé. Cependant, les avocats des concernés avaient présenté un document prouvant le contraire.
Les deux journalistes ont été condamnés à payer une amende d’un million de francs CFA chacun avec sursis et à payer à chaque plaignant la somme de 500 000 francs CFA au titre des dommages et intérêts. Cette décision a suscité des préoccupations quant à la liberté de la presse et la protection des journalistes.
Le silence des personnalités citées dans l’affaire durant la phase d’enquête a été déplorée par le directeur de publication du journal, Boureima Ouedraogo. Il a précisé que les journalistes avaient simplement fait leur travail en réalisant des enquêtes sur la suspicion de mauvaise gestion de fonds public.