L’origine de la fête des morts en Haïti

Les jours des morts sont fêtés par des chrétiens, des musulmans, des hindouistes, des bouddhistes… Ces traditions annuelles ne sont pas célébrées de la même manière dans tous les pays. Chez les peuples africains et certains pays ayant une histoire commune avec eux, le cas d’Haïti, certaines fêtes sont banalisées. Mais, cela n’empêche pas les fidèles de l’Église Catholique populaire et les vaudouisants d’honorer respectivement « Saint Gérard Majella » et « Gédé Nibo » tous les 1er et 2 novembre. Ces deux entités possèdent les dons de guérisseur qu’ils ont reçus des grands esprits. Ils sont les protecteurs des morts et servent d’intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts.
En effet, durant la fête des morts, les pratiquants du vaudou sont généralement chevauchés par des esprits de leur famille (bitasyon), ou autres esprits, si ces pratiquants n’ont pas été directement choisis dès leur naissance par les grands esprits du vaudou tels que « Agwe », dieu des eaux, « Legba », dieu des passages, « Dantò », déesse de la protection, les frères « Ogou », dieux de la guerre, « Dambala », déesse de la sagesse et de la médecine, « Bawon », maître des morts, entre autres.
Tous les esprits du vaudou sont des syncrétistes des Saints de l’Église Catholique, ou des dieux des mythologies grecque et romaine. À titre d’exemple, « Agwe » est une synchronisation de « Poséidon », « Dantò » syncrétiste de « Gaïa, Marie, Mont Carmel » et « Gédé Nibo », quant à lui, est la version du « Saint Gérard Majella » dans les cultes vaudouesques, selon l’empereur Jean François Moïse.
Les Guédés, une communauté du plateau d’Abomey
Tout aurait commencé en Afrique, dans la ville d’Abomey (ville de la République du Bénin), qui, 6 000 ans avant l’an zéro, a été la capitale du royaume de Dahomey. Cette ville, comprise aujourd’hui entre Zogbodomey, Bohicon et Abomey, a été frappée par une terrible épidémie causant la mort de plusieurs centaines de Dahoméens. Les gens en mouraient quotidiennement, par dizaine.
Selon ce qu’a rapporté « Tout Haïti », le 2 novembre 2012, Gédé Nibo, prince de ce royaume, a dû sacrifier sa vie afin d’aller quérir au pays des ancêtres (peyi san chapo) le remède pouvant sauver d’Abomey de cette épidémie mortelle. Avant sa mort, il n’avait tout simplement demandé que des libations sur sa tombe, ce qui symbolise le cycle mort/vie, régissant les cimetières et protecteur des enfants.

Après sa mort, il a été accueilli et adopté par « Baron » et « Brigitte » qui lui ont transmis les dons de guérisseur afin de palier la situation des habitants du royaume de Dahomey. En ce sens, il avait chevauché une fille vierge, et lui a relevé les plantes médicinales pouvant combattre l’épidémie. Par conséquent, tous les Guédés sont dotés de ce type de dons.
Un héritage de nos ancêtres africains
Après l’extermination des Améridiens à Quisqueya (ancienne appellation d’Haïti) qui, en 1665, allait devenir officiellement une colonie française, avec la nomination de Bertrand d’Orgéron comme étant le gouverneur général du joyau des Bourbons, la traite des noirs avait été intensifiée. Les colons français avaient importé des milliers d’Africains sortant de toutes les tribus africaines, dont le Dahomey. Arrivés, à l’époque, sur l’île d’Hispaniola, ils ont été baptisés esclaves, selon l’article 2 du Code Noir, au nom de l’Église Catholique.
Continuellement, ils devraient apprendre des passages bibliques qui encouragent l’esclavage. Ceux qui sortaient de cette tribu, au lieu de vénérer les Saints et Saintes de l’Église Catholique, ils se sont, en revanche, adressés aux esprits ancestraux de Dahomey. C’est ce que l’historien Jean Julien raconte dans des vidéos réalisées sur l’histoire d’Haïti.
Ainsi, annuellement, ils ont choisi les 1er et 2 novembre pour honorer Gédé Nibo, considéré comme un dandy efféminé et nasillard. C’est pourquoi, la majorité des hommes qu’il chevauche, ont toujours tendance à être homosexuel. Nibo porte un manteau d’équitation noir ou un drag. Lorsqu’il habite les humains, ils sont inspirés à des sexualités lascives de toutes sortes.