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« Yon Vil pou demen » ou l’urgence de transformer l’urbain en Haïti

La représentation de la pièce « Yon Vil pou demen » du dramaturge Guy Régis Jr, au restaurant Yanvalou, le jeudi 30 novembre 2023, a interpellé les festivaliers. Mise en scène par l’auteur lui-même, dans le cadre du Festival Quatre Chemins 2023, cette pièce se veut un regard de l’état critique de nos villes, des malheurs qui les rôdent et la nécessité de les aménager, les agrandir et les embellir. C’est un cri du cœur. Le cri pour transformer l’urbain en Haïti.

Langaj

Au restaurant Yanvalou, le décor est simple. Le bar tient lieu de scène. Accompagnés d’un percussionniste, deux comédiens, Jasmine Zuma Lavertu et Dérilon Derilus, ont investi la scène au beau milieu du public. Au son du tambour, les comédiens chantent. Le public reprend à son tour. Le théâtre débute. D’un coup, les deux personnages se mettent à parler. Parler et dire vite. Dire l’urgence écologique qui réclame de la volonté d’agir concrètement.

« Yon Vil pou demen » ou l'urgence de transformer l'urbain en Haïti

« Mezanmi tande de koze. Mw tande vil se wozo, vil se bèt sèt kòn. Men m sil plizyè, li p ap tonbe. Mw tande yo pral amenaje, planifye, anbeli vil. A la piyay, pou yon vil ta chita ki te yo planifye li. A la de maskaray pou yon vil ta chita kite yo kontwole li », criaille l’un d’eux.

Tel un perroquet, oiseau surtout connu du grand public pour sa faculté d’imitation de la voix humaine, les deux personnages se poursuivent et parlent vite. Sans arrêt. Leurs voix s’entremêlent, se superposent. C’est un flux de mots, de phrases, d’expressions qui s’étirent, s’entrechoquent. Des mots percutants, qui grattent la gorge et qui sautent au tympan.

« Yon vil, sa pa fèt konsa konsa, li gen règ li pou l respecte. Pa gen vil san panse. Pa gen vil san plan. Se lameri ki pou planifye l, epi òganize l. Fòk gen yon plan PAAAV ki se projè pou amenaje, agrandi ak anbeli vil yo. », rétorque l’autre.

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Le dialogue est intense. L’un jase, l’autre criaille. Ils parlent. C’est un jasement qui résonne et se laisse entendre. Comprendre. C’est un flux de mots porteurs de sens et de vérité. D’une vérité, de l’intériorité, le sens et la vie profonde des personnages. Ils projettent tous deux leur regard sur le milieu dans lequel ils vivent, leur angoisse et leur envie d’habiter autrement la ville.

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« Yon Vil pou demen », une pièce qui interpelle. Dans cette mise en scène, les deux comédiens accouchent d’un troisième personnage : le perroquet. Ce dernier est inventé pour commenter la ville. Il représente le narrateur. Tantôt dans une posture de pessimiste, celui qui résiste au changement. Tantôt celui qui croit au changement, à l’implication des citoyens et de l’État. Dans ce travail, le metteur en scène tente de privilégier un ensemble d’exercices basés sur la présence de la voix. Une voix au milieu du désastre écologique pour transformer l’urbain en Haïti.

Notons au passage que cette mise en scène s’inscrit dans le cadre du projet Théâtre citoyen initié depuis quelques années par L’Association Quatre Chemins. Ce programme est soutenu par UrbAyiti qui met en œuvre dans plusieurs villes d’Haïti le projet PAEEV (Projet d’Aménagement, d’Embellissement et d’Extension ».

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