Au local de l’EFACAP de Petit-Goâve, samedi 02 décembre 2023, avec une vingtaine d’exposants, une quinzaine de partenaires culturels, et un fonds de départ de 10 000.00 gourdes, et en l’absence de l’initiateur du projet, une dynamique équipe d’une cinquantaine de bénévoles opérateurs culturels talentueux viennent de réaliser, en grande pompe, la deuxième édition de la Foire de performances et de marketing épicée de littérature de la péninsule du Sud dénommée : GOUTL.
Selon l’estimation de Monsieur Amy Jean Louis, responsable de marketing de GOUTL, environ 2.500 personnes se sont dirigées vers le local de l’EFACAP de Petit-Goâve ce samedi 02 décembre 2023 pour répondre à l’appel de l’équipe GOUTL présidée (pour cette édition) par Mlle Fabrice Reedj RAYMOND. Ouverte à 10:00 pour finir à 18:15, la journée de la foire s’est déroulée sans incident majeur. Sur la cour de l’EFACAP, les exposants étaient arrangés par secteur : gastronomie, agriculture, arts plastiques, littérature, cosmétique. Des partenaires culturels comme Luxe Bloom event, EFACAP de Petit-Goave, Collège Marie Dominique, École Crayon d’or, UNIREG (Université de la Région Goavienne) et la BNH ont été remarquables.
Emmanuella, l’une des participantes, s’est confiée à nous en ces termes : “si je suis satisfaite de la qualité de l’événement, je suis quand même déçue pour la durée. On aurait pu terminer l’évènement jusqu’à 20:00, au moins ! Elle poursuit : “ la première édition m’a laissé jouir des activités et de l’ambiance pendant plus longtemps, c’est peut-être pour cette raison qu’au moment où je vous en parle je sens arriver dans ma mémoire les détails de cette journée merveilleuse gravée à tout jamais dans la mémoire collective de tous ceux qui ont fait l’expérience. ”
Pour Erikson Denis, le gérant de l’entreprise Le Chef Ecole Ménagère, qui a participé à la foire pour la première fois, ce 02 décembre (à titre d’exposant dans le secteur de la gastronomie), c’est une bonne expérience. Tout en saluant le talent de leader de la présidente de l’édition, Mlle Fabrice Reedj RAYMOND, il souhaite que GOUTL devienne un rendez-vous traditionnel. Mlle Raymond, quant à elle, rend hommage à la qualité de la collaboration des membres de son équipe de bénévoles dans la préparation et la réalisation du projet malgré ce contexte socio-économique et sécuritaire difficile et inquiétant. Pour Mlle Dougenie DATISME, la Directrice de la Banque de la foire (GOUTLIBANK), l’avenir économique du projet dépend avant tout de la fonction marketing qui va bien pour le moment et qui doit être poussée toujours un peu plus loin.
Toutefois, le vent de satisfaction ne souffle pas pareil sur tous les concernés. Samuel Clermont, avec son double chapeau d’exposant et de membre de l’équipe des bénévoles exécutants du projet, estime trop maigre le nombre de livres vendus dans la foire : moins d’une dizaine. Sa déception, c’est surtout le fait qu’aucun exemplaire de l’œuvre qui était à l’honneur (L’odeur du café de Dany Laferrière) n’a fait l’objet de vente. Toutefois, il est persuadé que la persévérance dans la discipline donnera un avenir merveilleux à GOUTL. Il ajoute : “ Les écoles partenaires doivent s’impliquer davantage. Le projet doit avoir un local plus approprié ”.
Rappelons que GOUTL, réalisée pour la première fois le 08 juin de cette année à Fort Royal Hotel, est l’une des initiatives complexes conçues par le directeur de la Bibliothèque Municipale de Petit-Goave, Jacob Jean-Jacques, dans le cadre de sa thèse doctorale en langues et littératures françaises à l’Université Paris 8 (attaché à l’Unité de Recherche FabLitt) et dont le sujet de recherche est formulé comme suit: “dispositif de lecture et d’écriture collaboratives en contexte postcolonial de cohabitation des langues: expérimentations haïtiennes”. Pour l’essentiel, selon Jacob Jean-Jacques, la foire aurait la prétention de promouvoir la lecture d’œuvres favorables aux jeux de réception et de création littéraire qui, à leur tour, faciliteraient le développement de la cohabitation linguistique français/ créole haitien.
Sans pour autant faire de ce projet l’objet principal de sa recherche, l’opérateur culturel passeur de lecture, Jacob Jean-Jacques, espère continuer sur le long terme à impacter l’économie de la culture dans son pays par l’augmentation du nombre de lecteurs et de lectrices. Il tient très à cœur ce qu’il appelle le défi pédagogique du projet avec les écoles partenaires. Selon lui : “Les données recueillies pour les deux éditions de GOUTL ont démontré que malgré la publicité intense autour de l’œuvre de Dany Laferrière, le peuple vient dans la foire pour goûter à tout sauf à la lecture voire à cette lecture. En effet, quand exceptionnellement quelqu’un décide d’acheter un livre, ce n’est pas forcément celui indiqué par la publicité « L’odeur du café ou le goût du café » qu’il choisit.” Il enchaîne : “C’est un exploit considérable quand on sait que cette foire qui aurait dû avoir lieu le samedi 18 novembre 2023 a été reportée officiellement seulement 24 heures avant cette date.”
Nous lui avons posé la question s’il y existe un lien entre ce mépris de la lecture et particulièrement de l’œuvre de Dany Laferrière dans la foire et l’événement du dimanche 10 septembre 2017, ou un groupe de militant avait effacé le nom de Dany Laferrière sur le fronton de la Bibliothèque Municipale de Petit-Goave. Il nous a répondu qu’il ne souhaite pas faire de rapprochement entre cette malheureuse affaire et GOUTL tout en soulignant (sourire au lèvre) que le fait pour une personne de ne pas acheter un livre (dans une foire) peut vouloir dire beaucoup de choses intéressantes sur l’importance du texte pour celle-ci, comme : “j’en ai déjà un exemplaire, je l’ai déjà lu, je vais le lire à la Bibliothèque, j’attends l’occasion de le prendre signé de la main de l’auteur…”
De tout temps, Petit-Goave ne manque pas de beaux projets culturels qui fleurissent comme ces fleurs éphémères à cause du manque de financement. La situation de gangsterisation du pays vient s’ajouter à la centralisation du financement de la chose culturelle dans le pays. En tout cas, Mlle Fabrice Reedj Raymond tranche pour l’optimisme : “L’équipe GOUTL, après la désillusion face aux fausses promesses de financement de la BNH, se montre déterminée à créer sa voix durable dans la région des Palmes. La troisième édition est prévue pour le jeudi 30 mai 2024…”
