Retour sur la 2e édition GOUTL, un défi relevé malgré les conditions imposées
GOUTL est une foire de performances et de Marketing épicée de littérature organisée deux fois par an à Petit-Goâve. Les locaux de l’EFA-CAP ont reçu l’évènement tant convoité le 02 décembre sur fond de convivialité.
Le soleil dessinait déjà un beau temps sur la ville quand les préparatifs ont débuté. Divisé en 5 secteurs (gastronomie, littérature, arts plastiques, agriculture et cosmétique), les exposant.e.s avaient déjà investi le terrain de football dudit local qui est l’espace réservé pour l’exposition. Présidée par Fabrice R. Raymond, c’est plus d’une quarantaine de bénévoles compétent.e.s qui attendaient plus de deux mille personnes pour marquer en grande pompe la deuxième édition. Il était 10h a.m. quand le dispositif de sécurité était déjà installé pour recevoir les participant.e.s.
Divisée en deux parties, la première faisait place aux activités littéraires et artistiques comme la lecture, la danse, le chant, le slam. Durant la journée, ces performances n’ont pas été délivrées pour la plupart. Questionné à ce sujet, Fabrice R. Raymond a révélé que les artistes n’ont pas pu performer pour des raisons qu’elle ignore. “Le fait de ne pas pouvoir combler les heures réservées aux performances artistiques, c’était l’une des grandes difficultés de la foire”, confia-t-elle. Toutefois, les participant.e.s avaient de quoi s’occuper.
Le secteur Littérature comptait des centaines de livres à consulter sur place et à emporter comme c’était le cas de “Le conquérant” de Polycape Frésidor ou encore des lots de livres à prix variables contenant tous l’ouvrage à l’honneur “Le goût du café” de Dany Lafferière. “C’est une façon d’inciter les lecteurs à lire l’œuvre en question et par la même occasion de découvrir Dany Lafferière”, révéla Samuel Clermont, le responsable du secteur Littérature. Même si aucun livre de l’œuvre en question n’a été acheté, Mr Clermont est satisfait des dizaines de lecteurs qui ont consacré un peu de temps à la lecture.
Le financement, un défi pas sans grandes conséquences
Grâce à l’aspect Marketing de la foire, “GOUTL offre aux exposant.e.s la possibilité de se faire connaître aux publics et d’agrandir leur clientèle”, informa Mlle Raymond. Parmi les secteurs concernés, la Gastronomie à été le plus convoité de la foire. Cela se remarquait par le plus grand nombre d’exposant.e.s que ce secteur comptait. Sur la table des exposants, on pouvait identifier brochettes, pizza, chicken wings, cocktail de fruits, sirops de toute saveur… Et limon, orange, papaye, yogourt, plantules… pour le secteur Agriculture. De succulents plats et fruits pour le bonheur des papilles mais préparés avec beaucoup de difficulté.
“Compte tenu de la conjoncture du pays, j’ai été obligé de réviser le menu car les produits que j’ai commandés ne pouvaient être livrés à cause de la tension qui règne à Mariani”, confia Victoria Dieujuste, PDG de Sun Fast-Food. C’est une situation qui a affecté beaucoup d’exposant.es mais qui n’a pas agit sur leur motivation à participer à la foire. “La préparation de la foire a été un challenge car nous participions à deux activités similaires le même jour surtout qu’il fallait transporter les produits depuis Vallue (12ème section communale de Petit-Goâve)”, expliqua Makenley Faustin, PDG de Jèn ki Zanm Anviwònman. Ensuite, “il nous était difficile de rentrer à la maison à cause de la rareté du carburant. Nous étions obligés de se procurer au marché noir avec un prix exorbitant”, ajouta-t-il. Toutefois, il était satisfait de la vente. Il estime à 85% la quantité de produits écoulés.
Quant à la faisabilité de l’activité, l’équipe a pu compter que “sur un fond de lancement interne de 10,000 gourdes après avoir remboursé les dettes accumulées lors de la première édition”, informa Mlle Raymond. Pourtant, la réalisation d’un évènement d’une telle ampleur exige nécessairement un investissement considérable. Mais les organisateurs étaient délaissés. Un fait qui n’est pas surprenant vu que les activités culturelles à portées intellectuelle et formative ne sont pas les plus encouragées dans la ville. C’est pourquoi ces activités ne font pas long feu. La ville de Petit-Goâve qui est connue pour ses grandes manifestations culturelles semble devenir graduellement le tombeau de la culture. Une triste observation qui nous pousse à se demander: “Quelle jeunesse veut-on former pour quel avenir en Haïti ?”
Nonobstant, ce comportement d’abandon au détriment de la culture, certains organismes ne comptent pas lâcher prise. C’est dans ce contexte de résilience et le sens du devoir envers la culture que ce projet s’est déroulé pour la deuxième fois à l’EFA-CAP. Pour ce faire, l’équipe organisatrice a pu compter sur “une quarantaine de bénévoles très dévoué.es et quelques partenaires éducatifs comme L’EFA-CAP, le Crayon d’Or, le Collège Marie Dominique, le CEP…”, informa Mlle Raymond. “Ces écoles ont inscrit leurs élèves dans une formation subjective et créative en prélude à la deuxième édition qui s’est déroulée autour de l’œuvre à l’honneur “Le goût du café”, poursuit-elle.
Et une méthode inclusive qui s’est révélée fructueuse a contribué également à la réalisation de la foire. Il s’agit d’impliquer les jeunes dans la promotion de l’évènement en les permettant d’améliorer leur capacité de persuasion. Il.elle.s étaient une quinzaine de distributeur.trice.s qui se sont impliqué.e.s dans la vente de cartes d’entrée même s’il est possible qu’une récompense ait attribuée au vendeur le plus sollicité. C’est ce qui fait que l’événement a pu compter sur la présence de plus de deux mille personnes, un nombre combien encourageant. Une telle prouesse qu’il faut féliciter.
A la tombée de la nuit, faites place à la démesure
La seconde partie de la foire concernait les performances et prestations des Disk Jokeys (DJ) pour annoncer la fin. Se faisant timide durant toute la journée, c’est vers quatre heures que les participant.es ont commencé à affluer par centaines. Ce qui a fini par créer de la panique car la barrière d’entrée ne pouvait contenir ces gens qui voulaient accéder à la foire à cette heures tardive. La barrière de sortie s’est donc transformée en porte d’entrée également. Ce qui avait déplu à beaucoup de personnes. En témoigne Dounietchka Hyppolite, une participante, qui a éprouvé des difficultés pour quitter le local. Heureusement qu’il fallait compter sur l’équipe de sécurité du local ainsi que sur les bénévoles de l’évènement.
La foire bougeait sur le rythme des Disk Jokeys quand un cadre de l’EFA-CAP est venu interrompre un DJ et mettre fin à la même occasion à la foire à 6h15 p.m. “La façon de terminer la foire m’a donné l’impression qu’il y avait une désorganisation dans l’équipe organisatrice par rapport à ce qui serait prévu”, a constaté Blochby E. Céliscar, un exposant de la foire. Malgré cela, on a remarqué des centaines de participant.e.s qui restaient sur la cour dans l’attente probable d’une continuité. Après environ une heure de temps, le local s’est enfin vidé mais pas sans contestation. On pouvait entendre plusieurs personnes souhaiter plus de temps pour se défouler. Ce qui a été le cas lors de la première édition, remarquèrent-ils. Semblait-il oublier si la foire avait perduré tout au long de la journée ou était-ce le côté festif qui les intéressait uniquement ? Une interrogation qui avait toute sa place. En témoigne une malencontreuse situation qui s’est déroulée. Une personne pour cause d’insatisfaction a voulu emporter l’une des chaises de la foire. N’était-ce pas la vigilence des gardiens de l’établissement, cette chaise serait volatilisée. Ce qui nous fait penser sur combien sera difficile la formule à adopter par les organisateurs de la foire pour attirer les jeunes autant dans la matinée que dans la soirée.
Beaucoup de satisfaction mais surtout quelques suggestions. Beaucoup de personnes ont témoigné de leurs satisfactions pour cette édition. Les photos et vidéos prises par les différents photograhes tels que Deeroy R. Dérosier (Foli Foto), Emmanuel Séance (Chic Pic), Penn Yserve, Amy Jean-Louis (Responsable de Marketing de la foire)…, peuvent témoigner sur les réseaux sociaux de l’ambiance qui régnait à l’EFA-CAP. Toutefois, certaines personnes interrogées ont tenu à prodiguer des conseils ou faire des suggestions suite à leurs constats. Pour Mackenley Faustin, PDG Jèn Ki Zanmi Anviwònman, il souhaite que la prochaine édition touchera beaucoup plus de gens et espère remarquer la présence des autorités, des entrepreneurs et leaders locaux. Quant à Dounietchka Hyppolite, elle s’attend à plus de performances parmi lesquelles la prestation d’une troupe théatrale. Pour sa part, Blochby E. Céliscar souhaite qu’à part une programmation chargée et respectée, il serait bénéfique si le local de l’activité soit un lieu attrayant. De ce fait, il invite l’équipe à suivre le premier modèle. A noter que la première édition s’est déroulée à Fort-Royal Hotel. Une proposition pertinente mais qui connaitrait bien une certaine limite car à Petit-Goâve les lieux d’intérêts ne sont pas légion.
A rappeler que GOUTL était prévu pour le 18 novembre mais renvoyé au 02 décembre pour cause d’intempéries. Une malencontreuse situation qui n’a pas agit sur la motivation des participant.e.s. Aussi, faut-il noter que GOUTL est initié par Jacob Jean-Jacques, promoteur de lecture, Normalien Supérieur, doctorant en littératures mais surtout un digne héritier de la ville soulouquoise qui ne cesse d’honorer la cité par ses projets ambitieux tels que ANA (Atelier des Apprentis Narrateurs), DELI, LIVAKTE…