Le juge Jean Wilner Morin a fait la radiographie du système judiciaire haïtien lors de sa participation à l’émission Panel Magik le samedi 13 janvier 2024. Le professionnel de la justice a présenté un appareil judiciaire engouffré dans des crises incessantes aggravant le phénomène de la détention préventive prolongée. En ce sens, il appelle les autorités de l’exécutif à adopter des mesures favorables au renforcement de l’appareil de la justice.
Tout va mal en Haïti, et le système judiciaire n’est nullement épargné de cette crise pluridimensionnelle qui ronge le pays et affecte négativement le quotidien haïtien à tous les niveaux. Face à l’aggravation de la crise sécuritaire, le magistrat Jean Wilner Morin tire la sonnette d’alarme et presse les autorités de l’exécutif à agir.
Il peint une situation catastrophique du phénomène de la détention préventive prolongée. Le magistrat a attiré l’attention du public sur la fameuse loi sur la comparution immédiate qui peine à être respectée en Haïti. « Il y a le cas des délits mineurs où le juge devrait pouvoir decider immédiatement du sort de l’inculpé », a-t-il souligné.
Le juge Morin a également fait remarquer qu’il y a des prisonniers qui sont encore en prison en dépit du fait qu’ils ont fini de purger leur peine. En effet, il revient, selon le professionnel de la justice, au commissaire du gouvernement de procéder à la libération d’un détenu avec un ordre de libération si effectivement il a purgé la peine prévue par le juge ayant statué sur son dossier.
Me Morin a préconisé une bonne collaboration entre le parquet et l’administration pénitentiaire pour faciliter la libération des détenus. Il a, par ailleurs, plaidé en faveur du renforcement des mécanismes visant à améliorer le phénomène de la détention préventive prolongée dans les 18 juridictions du pays.
Me Morin déplore la non-tenue des assises criminelles depuis plus de 5 ans notamment dans la juridiction de Port-au-Prince en raison du phénomène de l’insécurité rendant dysfonctionnel le siège du Palais de Justice au Bicentenaire. Le magistrat préconise aussi le droit à un procès équitable à tout justiciable ayant été arrêté pour des crimes. Ce, pour éviter de violer les principes de l’habeas corpus ainsi qu’en violations aux conventions internationales et aux lois haitiennes statuant sur les droits inaliénables et inhérents à la personne humaine.
Le magistrat indexe le règne de l’impunité dans le pays. Une situation qui, selon lui, n’est pas sans conséquence sur la situation globale d’Haïti. « Il faut, par tout les moyens, faire respecter les symboles », a lancé le juge Morin, se référant au système judiciaire. Il a aussi parlé de la nécessité de renforcer la politique de sécurité, la politique pénale du gouvernement et du même coup, la politique générale de justice pour freiner le grand banditisme qui gangrène le pays.