Ariel se renforce contre le peuple et il en rit
Un vrai soldat ne fuit pas le champ de bataille. En cas d’urgence, il peut faire appel à des renforts, mais reste combattre même au péril de sa vie. Le Premier ministre haïtien Ariel Henry, bien qu’il n’ait pas de formation militaire, présente les caractéristiques d’un bon soldat. Il est un brave homme, ne craint rien et est prêt à lutter jusqu’à son dernier soupir malgré son très maigre bilan. Une telle personnalité à la tête de l’État devrait être un atout majeur pour libérer le pays de la domination de l’élite économique et de la communauté internationale. Cependant, le vrai soldat se livre dans un combat sans merci pour garder son pouvoir. Face aux dangereux soulèvements populaires qui planent sur Haïti, Ariel renforce son équipe de sécurité, prend le contrôle de l’armée, veut réduire au silence la BSAP et il en rit… Il se fout royalement du sang de ses compatriotes qui salit le sol ; sa principale préoccupation maintenant, c’est voir la MMSS fouler le sol haïtien, son bouclier le plus solide.
L’inquiétude s’est emparée des cerveaux haïtiens dès le début de l’année 2024. Le danger plane sur le pays à l’approche du 7 février, la date qui devrait marquer le départ du Premier ministre Ariel. Il garde toutefois son calme, puisque tout est sous contrôle. Il n’est prêt à partir que s’il perd au combat auquel il s’est déjà bien préparé. Sachant que son régime allait faire face à de grandes difficultés au cours de 2024, il a lancé une sérieuse mise en garde à ses adversaires le 1er janvier dernier. « Tout danmijann gen bouchon l. Sa k fè vle fè nou pè a, gen pou jwenn bouchon l tou ». On se rappelle encore ses mots et lui, un mois après, il en rit.
Depuis le début de l’année, tous les yeux sont rivés sur la date fatidique du 7 février et les divers secteurs et partis ne cessent de prendre position contre la gouvernance du neurochirurgien. La grande tournée de Guy Philippe a aussi marqué les premiers jours de 2024. L’ancien militaire est apparu comme une aubaine venue du ciel pour la masse. Ses actions et ses discours ont préparé les esprits à une probable révolution pouvant renverser le pouvoir en place. D’autres leaders, entre autres, Moïse Jean-Charles et Claude Joseph, ont aussi fait des discours favorables à des mobilisations de rue visant à demander le départ du chef de gouvernement. Ce dernier, comme un vrai soldat, en rit.
Ariel a vu le danger venir et a en conséquence pris des décisions pour gérer et garder son pouvoir. Depuis le 22 janvier, il a commencé à agir activement contre ses opposants. La Brigade de Sécurité des Aires protégées (BSAP) représentait une grande menace pour le pouvoir en place, le Premier ministre a révoqué Jeantel Joseph, Directeur général de l’Agence nationale des Aires protégées (ANAP). Il l’a fait le 22 janvier et a ensuite placé à la tête de l’institution une commission de cinq membres pour la restructurer. Actuellement, les membres de la BSAP ne sont plus autorisés à porter des armes dans les rues. Encore une fois Ariel en rit.
Plus d’un peut se souvenir encore des trois récentes visites du chef du gouvernement au local du Haut état-major des Forces armées d’Haïti. Les militaires ne sont pas autorisés à participer à des opérations contre les bandits certes, mais à moins d’une semaine du 7 février, 500 d’entre eux seraient en détachement auprès des membres du pouvoir. Ariel, à lui seul, en a 90 et il en rit.
Le PM a pris toutes les dispositions nécessaires au maintien de son pouvoir. Il fait montre de sa mauvaise bravoure à un moment où le bruit des balles s’amplifie dans la zone métropolitaine. Le kidnapping fait rage et les morts se multiplient dans les rues. Le bilan du régime est très décevant après plus de deux ans de gouvernance. Toutefois, le fonctionnement des institutions scolaires, la quiétude de la population et la stabilité sociopolitique du pays ne sont pas prioritaires. « Rester au pouvoir malgré tout » semble être la devise d’Ariel. Il attend impatiemment l’arrivée de la force multinationale dont le Kenya est à la tête pour se renforcer encore plus et se défendre contre toutes les grandes mobilisations de rue qui s’annoncent déjà. À précisément 4 jours de la grande date du 7 février, le peuple panique, mais lui, il en rit.