Il n’est pas encore certain que les États-Unis, qui sont responsables pour payer une bonne partie de l’argent du déploiement de la mission multinationale de soutien à la Police Nationale d’Haïti, puissent le faire comme ils l’avaient promis préalablement. Le Congrès américain ne soutient pas l’idée de débloquer des sommes pour ledit déploiement. Débloquant partiellement 10 millions de dollars pour la mission, le Congrès suspend tout financement américain supplémentaire pour la mission jusqu’à ce qu’il obtienne plus d’informations sur la nature du projet, selon ce qu’a rapporté, vendredi 2 janvier, le journal Miami Herald.
La MMSS se trouve face à un nouveau dilemme, à savoir qui va la financer ? Alors que les États-Unis s’étaient engagés à donner jusqu’à 200 millions de dollars pour la mission, le Congrès n’est pas très emballé à l’idée de débloquer ce financement. Selon le Kenya, la mission devrait coûter 600 millions dollars pour la première année.
Formulant une première demande de 50 millions de dollars au Congrès, l’administration américaine n’a reçu que 10 millions de dollars. Face à la réticence des législateurs, elle avait répliqué pour demander 17 millions de dollars. Mais, ces derniers ont décidé de suspendre tout financement américain supplémentaire à cette mission, avançant qu’ils veulent plus d’explications sur celle-ci.
Le Représentant républicain de Floride, Mario Diaz-Balart, qui est président de la sous-commission des crédits de la Chambre chargée de l’aide étrangère, a déclaré que les législateurs ont besoin de plus d’informations de la part de l’administration Biden, y compris de leur plan B si le Kenya n’est pas en mesure de diriger la mission armée en Haïti.
« Ce que je peux dire, c’est qu’il existe des inquiétudes légitimes concernant la viabilité du plan de force multinationale ; compte tenu en particulier de la récente décision d’un tribunal kenyan interdisant la participation de la police kenyane. L’administration Biden doit expliquer son plan d’urgence au cas où le Kenya ne fournirait plus son aide », a déclaré Diaz-Balart.
« Je n’exclus pas la possibilité d’une force multinationale, mais à ce stade, il faut simplement disposer de plus d’informations, ainsi que d’explications supplémentaires sur le montant des coûts que l’administration Biden souhaite assumer. L’instabilité d’Haïti a des répercussions au-delà de ses frontières, sur les pays voisins comme la République dominicaine et bien sûr sur les États-Unis », a-t-il poursuivi.
Le financement des États-Unis, initiateurs de ce projet de mission multinationale, pèse lourd dans la balance puisqu’ils sont chargés de payer une bonne partie de la note de la mission. L’ambassadeur du Kenya auprès de l’ONU, Martin Kimani, a déclaré la semaine dernière que l’argent de la mission n’était pas arrivé et qu’il restait « un déficit de ressources substantiel ». Il n’a pas ciblé les États-Unis.
La mission devrait coûter 600 millions de dollars pour la première année, selon ce qu’avait fait savoir le Kenya en novembre dernier. Il avait également affirmé qu’il ne paierait pas la note et que sans un financement initial, les officiers ne seraient pas déployés.
Néanmoins, on attend encore de savoir si le Kenya pourra effectivement prendre le leadership de la mission multinationale. La Haute Cour kényane avait déclaré, vendredi 26 janvier, que Nairobi ne pouvait pas déployer des policiers à l’extérieur du pays sans un accord bilatéral avec Port-au-Prince, établissant un accord de partage de la police. Le gouvernement a déclaré qu’il ferait appel de la décision.