La crise haïtienne, tel un match de football, apporte toutes les émotions à ceux et celles qui l’observent. Les fans de différents acteurs sur le terrain les ovationnent à chaque tentative pour marquer ou à chaque geste technique qui suscite l’admiration. Depuis son retour sur la scène politique haïtienne, Guy Philippe, selon plus d’un, voudrait montrer de quoi il est capable en tant que joueur expérimenté en coup d’état. Révolution, voilà ce qu’il aurait voulu faire face à ses adversaires.
S’offrant comme alliée la Brigade de Sécurité des Aires Protégés (BSAP), Guy a essayé d’avancer vers la cage de l’équipe au pouvoir le 7 février dernier. En effet, l’homme déclaré fort de la Grand’Anse a été à Pétion-Ville où il a été filmé en train de saluer certains de ses fans. Ce 7 février, la police, pour une fois, a su montrer son efficacité vis-à-vis des coéquipiers de Guy.
Si cinq (5) agents de la BSAP ont été tués à Laboule 10 et que leurs cadavres mis en terre par la mairie pétion-villoise suivant une ordonnance du parquet de Port-au-Prince, Guy Philippe, quant à lui, a échappé de justesse aux assauts des policiers, déterminés à mater tout mouvement à caractère subversif dans le pays.
Le soir même, le Premier ministre Ariel Henry s’est adressé au pays. Dans son message, il a réitéré son engagement à faire revenir le calme et organiser les élections, car celles-ci constituent, selon lui, l’unique moyen pour le remplacer. « Aucune transition ne peut remplacer une autre », avait-il déclaré.
Au lendemain, l’ancien chef rebelle contre le Président Jean Bertrand Aristide, était revenu à la charge en promettant de « neutraliser » tous les coéquipiers d’Ariel Henry, donc tous ceux qui supportent le gouvernement. Si dans des villes de province les mouvements de rue s’étaient poursuivis, en revanche, dans la région métropolitaine de Port-au-Prince presque tout fonctionnait comme d’habitude.
Soudainement, le 29 février, la capitale s’est réveillée sous une pluie de balles. Ce sont des gangs armés réunis au sein d’une nouvelle structure dénommée « Viv Ansanm » qui sèment la pagaille. À sa tête ? Le criminel notoire Jimmy « Barbecue » Chérizier, ancien policier devenu chef de gang. Dans ses déclarations, il menace le pays d’une guerre civile si Ariel Henry ne démissionne pas.
Des centres carcéraux ont été attaqués par les malfrats. Au moins 6 policiers ont été tués. Le Pénitencier national a été vidé presque totalement de ses prisonniers et à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, il ne reste même pas un seul détenu. Au moins six postes de police ont été incendiés par les criminels, qui s’étaient montrés sensibles à la cause de Guy Philippe.
Peu de temps, tout en rejetant le mouvement des bandits, Guy a promis d’accorder une amnistie aux chefs de gang s’il est parvenu à être installé au Palais national. Un Conseil présidentiel composé de trois membres, dont Guy Philippe, a été proposé par certains protagonistes. Cette proposition ne trouve pas un écho favorable aux yeux de la communauté internationale.
Une réunion a été vite convoquée par la Caricom. Un Conseil présidentiel de 7 membres, voilà la nouvelle proposition et ce, avec de nouveaux critères :1 – Ne jamais avoir été condamné ;
2 – Ne pas être inculpé dans aucun dossier ;
3 – Ne pas être candidat aux prochaines élections ;
4 – Accepter le déploiement de la force multinationale ;
5 – Renoncer aux droits de contester les prochaines élections ;
6 – Ne pas être sous sanction des Nations Unies ;
7 -Ne pas être opposé à la résolution 2699 du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU).
Ces critères ont mis à la porte Guy Philippe, qui a été condamné aux États-Unis pour trafic de drogue. L’ancien Sénateur élu de la Grand’Anse voit rouge dans le match !