Hollynda Joseph, une femme qui pratique la plomberie, se veut être une référence dans le domaine en Haïti
Hollynda Joseph est une mère de famille qui est tombée amoureuse des métiers techniques, généralement attribués au sexe masculin dans notre société. Elle pratique la plomberie, l’installation de panneaux solaires et parallèlement, elle essaye de développer sa petite entreprise. Dans une entrevue accordée à TripFoumi Enfo, Hollynda a révélé sa motivation pour son travail, raconté les nombreuses difficultés auxquelles elle fait face et surtout, dévoilé ses perspectives pour l’avenir.
Tout a commencé lorsqu’un plombier a fait croire à Hollynda qu’elle ne pouvait pas pratiquer ce métier en tant que femme, sous-entendant qu’elle n’avait pas assez de force. «Avec cette déclaration, il avait frappé mon orgueil et par la suite, je me suis dit que je dois coûte que coûte devenir plombière», a fait savoir Hollynda à TripFoumi Enfo.
Avec beaucoup de détermination, elle s’est inscrite à l’École Saint-Joseph Artisan, une école franco-haïtienne, afin de prouver que le travail n’est pas lié à un sexe quelconque. «La formation aurait dû durer dix mois, mais à cause des problèmes sociopolitiques qu’a traversé le pays, ma promotion a passé environ deux ans en formation», a-t-elle expliqué.
Après l’obtention de son diplôme, Hollynda s’est officiellement lancée sur le marché du travail en tant que plombière professionnelle en 2019. Et depuis, elle gagne sa vie grâce avec ses revenus en tant que professionnelle en s’appuyant sur ses compétences techniques. Ça lui permet, entre autres, de régler la scolarité de ses deux enfants, entretenir sa maison, payer une femme de ménage pour prendre le relai en son absence. «C’est également grâce à l’argent de mon travail que j’avais pu lancer ma petite entreprise», a ajouté Hollynda.
Malgré ces débouchés, la jeune professionnelle ne considère pas que la réussite est déjà acquise. Car «il n’est pas facile de trouver des contrats sur le marché», a-t-elle déploré, ajoutant que si elle arrive à peine à décrocher quelques-uns, c’est grâce à ce qu’elle montre sur les réseaux sociaux. «En procédant ainsi, les gens commencent à me connaître petit à petit», a-t-elle fait savoir.
Hollynda est passionnée de son métier en tant que femme et elle se dit prête à défier ce cliché qui traverse la société haïtienne, laissant croire que certaines tâches ne peuvent être remplies que par le sexe masculin.
Hollynda a connu des hauts, évidemment des bas, dans son travail. Elle a détaillé à TripFoumi Enfo que son meilleur moment dans ce métier remonte à 2020, lorsqu’elle a réparé le bloc sanitaire du centre de la FIFA situé au bas de la ville de Port-au-Prince, après que plusieurs plombiers avaient essayé avant elle. «Par la suite, j’ai été ovationnée par tous les employés de cette institution, ce qui m’avait beaucoup encouragé. Et cette collaboration allait continuer jusqu’à l’explosion de l’insécurité au centre-ville de Port-au-Prince», a fait savoir Hollynda.
Les témoignages en faveur de la jeune professionnelle ne disent pas le contraire. Wilson Elvéus, chef d’équipe au niveau de la Brasserie nationale d’Haïti (BRANA), n’a pas manqué de louer le dynamisme de la jeune professionnelle. «Nous collaborons avec Hollynda à la BRANA depuis un certain temps et nous sommes très satisfaits de son travail», a-t-il commenté à TripFoumi Enfo.
«Cette jeune femme est très courageuse et elle n’a pas peur d’affronter les dangers pour accomplir ses tâches», a ajouté M. Elvéus. «Nous l’encourageons à continuer dans cette direction», a conclu l’employé de la BRANA, ajoutant que si l’institution continue encore sa collaboration avec elle, c’est par rapport à ses performances de qualité.
Une entrave pour la carrière d’Hollynda : la discrimination liée au genre
Malgré les grands exploits de la jeune femme dans sa carrière, les défis qu’elle doit affronter au quotidien paraissent plus que nombreux. Elle doit faire face fréquemment à des scènes discriminatoires par rapport à son métier. «On doute parfois de ma capacité à bien faire mon travail, juste parce que je suis une femme. Lorsque j’arrive au magasin pour me procurer de certains matériaux pour mes chantiers, on me dit souvent qu’il serait préférable d’aller chercher le plombier, tout en me ridiculisant», a-t-elle déploré. «Pour les gens, c’est comme si je n’étais pas à ma place», s’est-elle plaint.
Mais malgré les préjugés, Hollynda n’entend pas lâcher prise. Elle a de préférence haussé le ton pour appeler d’autres jeunes femmes à aller vers la réalisation de leurs rêves, peu importe les obstacles et les préjugés auxquels elles font face. «Être femme ne signifie pas que nous incarnons pour autant la faiblesse et la stupidité. Nous avons de la force et nous pouvons lutter pour réaliser nos rêves», a martelé la jeune plombière.
«En tant que femme, je veux être une référence dans les métiers techniques en Haïti. Mon plus grand rêve, c’est de parvenir un jour à créer ma propre compagnie», a déclaré Hollynda dans le costume d’une meneuse, avec beaucoup de détermination.
Hollynda a osé et elle se dit prête à vaincre certains clichés qui traversent la société haïtienne. Tout comme les hommes, elle croit que les femmes peuvent accomplir les tâches difficiles. Et en ce sens, elle les appelle à sortir de leur zone de confort pour aller atteindre leurs buts préalablement fixés.