Déplacée pour cause de violence, testée positive au VIH après avoir été violée, Chantal explique son calvaire avec ce traumatisme

Chantal, 56 ans, est une mère célibataire de six enfants qui habitait à Carrefour-Feuilles avant de vider les lieux suite à l’explosion de la violence dans cette localité de Port-au-Prince. Maltraitée, humiliée, brisée ou traumatisée par les atrocités qu’elle a dû subir, Chantal a essayé d’extérioriser sa souffrance avec des mots, selon un article d’ONU Info publié dimanche 30 juin 2024.
Après s’être déplacée de son quartier suite à une attaque armée orchestrée par des bandits armés, Chantal a reçu le soutien de Toya, une ONG haïtienne partenaire de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). C’est là qu’elle a partagé son histoire.
Chantal a expliqué que sa maison a été d’abord incendiée par les assaillants qui l’ont ensuite «violée», elle et sa fille. Après cet acte odieux, les conséquences se sont révélées être encore plus néfastes pour la dame, car elle allait être testée séropositive.
Chantal a avoué qu’avant avoir à subir le viol, les criminels l’ont longuement frappée et «j’ai perdu quatre dents», a-t-elle déploré. Maintenant «le père de mes enfants n’est plus en mesure de prendre soin de ses enfants. Je suis à présent sinistrée. J’ai fait un grand recul dans ma vie et je ne sais pas comment remonter la pente», a tristement déclaré Chantal.
Après avoir vécu ses faits, la cinquantenaire n’a pas été épargnée par des idées suicidaires. «L’insécurité m’a tout pris, j’étais à moitié folle. J’ai même pensé à boire du chlore pour me suicider après les faits», a-t-elle témoigné.
Toutefois, malgré les circonstances, Chantal s’est quand même réjouie que sa fille «n’ait pas été infectée par le VIH», soulignant que depuis cet acte barbare, la demoiselle est traumatisée.
Chantal a fait savoir que la jeune fille qui a été délocalisée en province suite à ces évènements «ne veut plus revenir à Port-au-Prince». «Elle allait avoir son diplôme cette année mais elle a tout arrêté à cause de cet incident qui nous est arrivé», a ajouté la cinquantenaire.
À Port-au-Prince, le nombre de personnes déplacées à cause de la violence armée avoisine les 600.000, selon l’ONU. Et les cas de viol sont très fréquents lors des assauts des bandes criminelles, toujours selon les Nations unies. Mais des femmes préfèrent vivre avec leur traumatisme au lieu de partager les calamités auxquelles elles ont dû faire face à cause de l’échec des institutions publiques qui étaient censées les protéger. Chantal de son côté s’est armée de courage pour expliquer son histoire : un récit suscitant douleur et mélancolie. Combien d’autres femmes dans notre société vivent avec un traumatisme similaire à celui de Chantal mais préfèrent refouler leur souffrance au lieu de mettre au grand jour leur histoire ?