Que font les policiers kényans depuis leur arrivée en Haïti ?
La Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), autorisée à déployer en Haïti par le Conseil de sécurité de l’ONU à travers la résolution 2699 (2023), est effective depuis le 25 juin dernier. Près d’un mois depuis l’arrivée d’un premier contingent de 400 agents sur le terrain, à part quelques apparitions mitigées en public, c’est presque le calme plat. Mais que font ces agents depuis leur débarquement ?
Depuis l’arrivée de cette première équipe sur le sol haïtien, leur première apparition publique remonte au 28 juin dernier. Plusieurs agents ont été remarqués dans certaines rues de la capitale en compagnie d’agents de la police nationale. Ils étaient partis en mission de reconnaissance, selon certaines informations.
La première prise de position publique du chef de cette mission a eu lieu lundi 8 juillet lors d’une conférence de presse conjointe avec le DG de la Police nationale haïtienne, Rameau Normil. Le commandant de la mission, l’inspecteur général kényan Godfrey Otunge, avait déclaré qu’ils sont en Haïti pour une mission précise : le rétablissement de la paix dans le pays caribéen. Il avait déclaré qu’ils ont la capacité de faire ce travail, soulignant qu’ils n’auront pas droit à l’erreur.
Mais depuis cette déclaration, aucune action concrète n’a été entreprise par les membres de cette mission, pendant que l’insécurité continue de faire rage dans le pays, notamment dans la capitale, Port-au-Prince.
Alors que leur présence était censée apaiser la situation sécuritaire, depuis leur arrivée, plusieurs attaques de grande envergure ont été orchestrées par les groupes criminels. Récemment à Gressier, les terroristes ont fait une vingtaine de morts et détruit en partie le commissariat de police. À Carrefour, ils ont tenté d’incendier le commissariat, pendant que les agents de la MMSS se relaxent dans leur base ou servent d’agents de sécurité pour protéger l’ambassade des États-Unis, à Tabarre. Était-ce leur mission première ? En réponse à cette interrogation, certains auraient seulement répondu : qui finance, commande ou a la priorité !
La MMSS : pour l’heure, une déception ?
En mai dernier, au moment où les préparatifs se mettaient en place pour faciliter le débarquement en Haïti des troupes de cette mission, il était clair que les bandes criminelles étaient paniquées. Pour preuve, elles avaient manifesté dans plusieurs rues de la capitale pour exprimer leur désaccord face à la venue de la mission. À cette époque, TripFoumi Enfo s’était demandé, à travers un article, si cette force serait à la hauteur de cette panique que l’annonce de son arrivée avait créée dans les rangs des groupes terroristes. Mais hélas ! Déjà bientôt un mois depuis l’arrivée du premier contingent, certains pensent déjà à parler de déception.
On peut nullement affirmer s’ils ont raison ou pas, mais il est clair que depuis ce débarquement, les bandits n’ont pas fait profil bas. On dirait même qu’ils ont gagné en confiance car à Port-au-Prince, le kidnapping a ressurgi. À Croix-des-Bouquets, la semaine écoulée, les hommes de «400 Mawozo» ont barricadé la Nationale #8 au moyen de conteneurs pour pouvoir contrôler la circulation uniquement à travers des routes secondaires. Les gangs ne paraissent point ébranlés.
L’incertitude !
Certains continuent d’espérer grand par rapport à la présence de cette mission en Haïti. Mais les signaux actuels ne prédisent pas une quelconque situation réjouissante. Du moins, tenant compte des paramètres actuels, une situation sécuritaire apaisée en Haïti ne serait pas pour demain si l’État optait pour la récupération des territoires occupés par les gangs uniquement avec des méthodes conventionnelles.
Le combat contre l’insécurité doit être une priorité majeure. En ce sens, les autorités doivent chercher à implémenter des solutions efficaces face à ce problème, au lieu de baratiner la population à travers une spirale de promesses sans fin.
Dans le jeu politique, le mensonge (promesses) peut être un outil efficace de l’arsenal politique pour manipuler un groupe, a soutenu Annah Arendt dans son texte intitulé «Crise de la culture» (chap 7, Vérité et politique). Toutefois, se perdre complètement dans le mensonge sans fin juste pour adoucir tout un groupe alors que les problèmes persistent, ne fait de soi qu’un démagogue.
Les autorités haïtiennes se retrouvent face à l’histoire pour empêcher que le pays ne sombre dans le chaos le plus total. Même les droits inaliénables de la population sont attaqués depuis très longtemps. Alors, elles doivent chercher enfin à arrêter l’hémorragie.