Les Dominicains adoptent des mesures restrictives contre les Haïtiens suite à une «suspicion d’épidémie»
D’après les autorités dominicaines, une prétendue épidémie de charbon est détectée en Haïti. En conséquence, dimanche 21 juillet, elles ont adopté des mesures restrictives visant les Haïtiens à la frontière haïtiano-dominicaine. Selon les ministères de la Défense et de la Santé publique, il s’agit de protocoles de sécurité pour empêcher toute propagation éventuelle de la maladie. Le président Luis Abinader, quant à lui, incertain dans ses propos, dit qu’il prendrait les mesures nécessaires «si» l’épidémie était confirmée en Haïti.
En effet, une circulaire signée par le ministre de la Défense, Carlos Luciano Díaz Morfa, stipule que «des agents sont responsables de mettre en place toutes les mesures de contrôle sanitaire nécessaires en collaboration avec le ministère de l’Agriculture et d’autres organismes de l’État dominicain. Ces mesures visent à contrôler l’entrée, par voie terrestre, aérienne et maritime, des personnes, des bagages et des marchandises en provenance d’Haïti, afin de prévenir l’introduction éventuelle de la bactérie du charbon en République dominicaine, suite à l’épidémie récente détectée en Haïti».
Toutefois, une contradiction survient lorsqu’un communiqué de presse a été publié, soulignant qu’«il n’y a encore aucune confirmation diagnostique de la maladie dans la région». Les suspicions actuelles reposent donc uniquement sur des évaluations cliniques qui ont été réalisées préalablement et rapportées par l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies qui sont basés à Port-au-Prince.
Toujours dans ce climat marqué par l’incertitude, le président Luis Abinader a dit que son gouvernement est en train de surveiller de près la situation en Haïti concernant une possible épidémie de la maladie du charbon. Si des cas venaient à être confirmés sur le territoire haïtien, il s’engagerait, par conséquent, à prendre les mesures appropriées. Un peu plus loin, Luis Abinader a déclaré aux médias qu’ils (lui et les ministères) sont en contact régulier avec les organisations internationales susmentionnées qui, elles, n’ont pas encore confirmé le premier cas de la maladie en Haïti.
Dans ses propos, Abinader a conclu en expliquant : «Nous devons prendre soin de la santé de notre population et nous la surveillons minute par minute ; il existe une commission interministérielle, déjà constituée, qui est coordonnée par le ministre de la Santé et dont le suivi est assuré, dans la mesure où cela est nécessaire, car nous allons agir en la matière.»
Il est important de noter que les autorités de Saint-Domingue ont demandé aux soldats frontaliers et aux ressortissants dominicains se rendant à Port-au-Prince de porter en permanence des masques et des gants. Cependant, l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations-unies, Linda Thomas-Greenfield, est arrivée en Haïti sans masque ni gants. Ce qui suscite des interrogations. En abordant la question de l’«épidémie de charbon en Haïti», n’est-ce pas là une persistance de la discrimination ?
Maladie du charbon, ce que c’est
Le charbon est une maladie infectieuse rare causée par la bactérie Bacillus anthracis. Elle affecte principalement les animaux tels que les bovins, les moutons et les chèvres, mais peut également toucher les humains par le contact avec des animaux, de la laine, de la viande ou du cuir infectés. Il existe trois formes d’infection au charbon : cutanée, par inhalation et gastro-intestinale. Lorsque l’infection est cutanée, une bosse remplie de pus apparaît sur la peau.