La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a révélé que le journaliste Yvener Sylla Phanor, ancien employé de Radio Télé Pacific, est un complice des chefs de gang les plus notoires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Selon un récent rapport d’enquête du Bureau des affaires criminelles (BAC) de la DCPJ, dont TripFoumi Enfo détient une copie, le journaliste a admis avoir été en contact avec les criminels. Parallèlement, il a dénoncé d’autres membres de la presse qui entretiennent des rapports serrés avec ces hors-la-loi.
Dans le collimateur de la DCPJ pour son affiliation aux groupes criminels, Yvener Sylla Phanor, journaliste, a été appréhendé par la police nationale le mardi 12 mars 2024, à Turgeau. Le jour même, il a été transféré à la DCPJ.
Pour réaliser cette enquête, c’est l’analyse des téléphones portables de Phanor (marque : Tecno, LG, etc.) qui va fournir les données élémentaires aux enquêteurs de la DCPJ concernant son affiliation aux chefs de gangs. Dans le répertoire de son téléphone Tecno sont enregistrés les numéros de Ti Lapli (TLP), Vitelhomme (Vtlhm), Barbecue (Babe), Jeff Canaan, Micanord, Kili, Makout 57, entre autres. Quant au chef de «5 segond», Izo, le journaliste a ajouté comme identifiant : «Pa gen alèz bò falèz atis la».
Toujours en analysant le téléphone de marque Tecno de Phanor, les enquêteurs ont répertorié dans la corbeille des captures d’écrans d’appels conférences mettant en discussion le journaliste avec Barbecue, Kempès, Chen Mechan, Jeff Canaan, Vitelhomme, Jamesly Bèlè, Mathias, Micanord, entre autres.
Des messages audios compromettants sur l’application WhatsApp, entre Phanor et des membres influents de «Viv Ansanm», ont également été retrouvés lors de l’analyse de ses téléphones.
Interrogé par les enquêteurs de la DCPJ sur ce rapport constaté entre lui et les criminels notoires, Phanor a brandi son statut de journaliste. En outre, il a expliqué aux enquêteurs qu’il jouait un rôle d’agent médiateur dans les ghettos.
Phanor ne choisit pas de plonger tout seul.
À ce stade, certains pourraient sous-entendre que c’est fini pour Phanor avec ces pratiques, pour le moins embarrassantes pour la presse haïtienne. Toutefois, le bateau étant sur le point de couler, Phanor a choisi de ne pas se noyer tout seul.
En conséquence, il a divulgué à la DCPJ les noms d’autres personnalités, se servant d’un soi-disant statut de journaliste, selon la DCPJ, pour entretenir des rapports similaires avec les chefs de gang. Evenson Jourinvil, Blan ainsi connu, Matiado Vilmé, Mackendy Victor, Stanley Jaccis, Machann Zen Ayiti, entre autres, s’adonnent également aux mêmes pratiques, a révélé Phanor aux enquêteurs. Et pour faire suite, la DCPJ a réclamé des mandats d’arrêt à l’encontre de ces derniers.