Le Campus Henry Christophe en détresse, les étudiants gagnent les rues
Les étudiants du Campus Henry de l’Université d’État d’Haïti (UEH) à Limonade ont récemment lancé une manifestation pour exprimer leur mécontentement face aux conditions précaires qui affectent leur quotidien universitaire. Cette mobilisation est née d’un ras-le-bol face à la mauvaise gestion persistante du conseil en place. Selon ce qu’ont confié ces étudiants à notre rédaction ce mercredi 28 août, le mandat dudit conseil a pris fin depuis novembre 2022. Depuis lors, aucune élection n’a été organisée pour désigner de nouveaux représentants.
Les étudiants déplorent l’incapacité, la négligence et l’irresponsanbilité des trois membres du conseil de facto qui, progressivement, conduisent l’espace universitaire à la disparition. La gestion défaillante de ces infrastructures essentielles montre un manque de prévoyance et d’engagement de la part des autorités du Campus Henry Christophe de l’Université d’État d’Haïti à Limonade, au Cap-Haïtien.
«Mwen ekri nou nan non yon òganizasyon etidyan ki rele Blòk Istorik pou alète nou sou yon sityasyon difisil nou menm etidyan [nan Campus Henry Christophe de Limonade] ap viv anba men konsèy k ap jere inivèsite a. Nou pase anpil mizè, e si nou pa denonse malvèsasyon k ap fèt yo, nou pè pou nan pa lontan ankò, kanpis la pa disparèt. Sa vle di, pitit malerèz tankou nou p ap gen kote pou nou etidye », a d’abord expliqué «Blòk Istorik».
En effet, depuis la mort de l’ancien président du campus, Audalbè Bien-aimé, en avril 2021, un nouveau conseil provisoire a été nommé par le rectorat de l’UEH via une circulaire (BR: 20484) émise le 9 avril 2021. Ce conseil était composé de Hérissé Guirand, président, Maxwell Bellefleur et Claude Noël, vice-présidents. Selon la circulaire, leur mandat devait prendre fin le 1er janvier 2022. Cependant, en raison de l’absence d’élections, le rectorat a émis une nouvelle circulaire (BR: 22134) le 29 décembre 2021, prolongeant leur mandat jusqu’au 3 novembre 2022.
Malgré la mission qui leur avait été confiée d’organiser ces élections, il n’en est rien, et depuis l’expiration de leur mandat, le rectorat est resté silencieux sur cette affaire. Depuis l’expiration de leur mandat, d’après notre source, le conseil provisoire n’a cessé de prendre des décisions qui contribuent à la dégradation continue du campus. L’ensemble des infrastructures du campus est désormais en état de délabrement avancé. Les salles de classe sont devenues impraticables, avec des carrelages arrachés.
Les toilettes, à l’exception de celles de l’administration qui sont verrouillées et fonctionnelles, sont hors service. La cafétéria, qui servait les étudiants, est fermée, et le bus destiné à leur transport est immobilisé. De même, les travaux du dortoir, prévu pour loger les étudiants, ont été interrompus, sans que personne ne sache où est passé l’argent qui avait été alloué pour ces travaux. Jadis, considéré comme l’un des plus beaux espaces universitaires du pays, le campus se désagrège peu à peu, au point qu’il est sur le point de s’effondrer totalement. Ce qui est d’autant plus alarmant, c’est l’inaction apparente des autorités pour prévenir cette catastrophe imminente, a poursuivi l’organisation des étudiants.
«Blok Istorik» nous a expliqué que «les étudiants en médecine ne peuvent plus effectuer de dissections faute de salle dédiée à cet effet. La situation a atteint un point critique la semaine dernière lorsque le conseil a décidé de suspendre les cours pour louer un espace à une église adventiste. Cette décision a été perçue comme une humiliation par les étudiants, qui ont commencé à se mobiliser pour dénoncer ces dérives ainsi que la corruption qui gangrène l’institution».
Malgré l’état de plus en plus critique du campus, aucune explication n’a été donnée quant à l’utilisation des fonds. Cependant, quotidiennement, les infrastructures continuent de se détériorer. Au lieu d’essayer de remédier à la situation, les responsables ont choisi d’intimider les étudiants.
«Malgre tout mouvman sa yo k ap fèt pou n di non ak deriv sa yo, konsèy defakto a bò kote pa l pa janm di anyen sou eta kanpis la ak ki lè y ap fè eleksyon nan tèt inivèsite a. Men pito, chwazi entimide tout etidyan ki oze di non pou yo pa kite kanpis la kraze konsa. Y ap fè espas ki ta dwe ap bay peyi a bon jan direksyon an pase anba pratik politik malonèt ak nonkonstriktif ki ap fèt nan peyi an », martèle «Blok Istorik».