Dans un contexte où Haïti fait face à de nombreux défis, TripFoumi Enfo, à travers sa nouvelle rubrique «PAWÒL POU OU», invite ses lecteurs à partager leur opinion sur les meilleures façons pour les jeunes de faire des progrès dans le pays. Les commentaires reflètent une diversité de perspectives, oscillant entre espoir et frustration. Cet article explore les réflexions des lecteurs tout en examinant les pistes d’amélioration susceptibles d’aider Haïti à surmonter ses obstacles.
Le progrès : une notion complexe
Le progrès se définit comme l’amélioration continue des conditions de vie, des connaissances, des technologies et des systèmes sociaux d’une société. Cela englobe des avancées sur les plans économique et social.
Le contexte actuel
Haïti traverse une crise multidimensionnelle et chronique sans précédent, accentuée par l’insécurité, qui entrave considérablement la circulation des biens et des personnes. La jeunesse haïtienne, représentant une part importante de la population, est particulièrement affectée par la détérioration des conditions de vie. Pour un jeune évoluant en Haïti aujourd’hui, réaliser des progrès représente un défi majeur.
Les défis de l’insécurité
Pour de nombreux lecteurs, l’incapacité de circuler librement constitue un obstacle majeur à la progression. Jean-Pierre* déclare : «On ne peut pas progresser dans un pays où l’on ne peut pas se déplacer librement. Cette incapacité rend presqu’impossible le progrès pour un jeune».
L’insécurité est devenue la principale préoccupation des Haïtiens. Les connexions entre villes et départements sont souvent impossibles en raison des prises d’otage sur les axes routiers par des gangs armés. Le manque d’action des autorités face à cette situation engendre un profond désespoir chez de nombreux jeunes qui doutent de la possibilité de progrès dans un environnement aussi défavorable.
Marie-Claire* affirme : «Il n’y a aucun moyen de progresser en Haïti en ce moment. Outre l’insécurité, il y a aussi la menace de la sorcellerie». Pour elle, la seule solution est de quitter le pays.
Ce manque de confiance des jeunes témoigne de l’urgence pour les dirigeants de lutter contre l’insécurité, l’une des principales causes de la fuite des cerveaux en Haïti. Un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) de 2023 souligne que la crise économique et l’insécurité ont entraîné une hausse des départs, notamment parmi les jeunes diplômés.
Malgré ces défis, certains lecteurs estiment qu’il est toujours possible pour un jeune de progresser en Haïti, mais cela nécessite des efforts significatifs.
Éducation et formation : des piliers du progrès
De nombreux lecteurs soulignent l’importance de l’éducation comme fondement du progrès. Roger* écrit : «Même si réussir en Haïti est difficile, ce n’est pas impossible. Il suffit d’apprendre un métier et de saisir les opportunités».
Michel* abonde dans ce sens : «Il faut aller à l’école, apprendre un métier, croire en Dieu et surtout rester positif».
L’esprit entrepreneurial et le développement personnel
L’esprit entrepreneurial est également perçu comme un levier essentiel pour réaliser des progrès. En Haïti, où la majorité de la population vit au jour le jour, certains lecteurs estiment que l’entrepreneuriat peut offrir des perspectives viables. Sofia encourage : «Commence à investir dès le jeune âge. N’attends pas d’avoir terminé tes études pour entreprendre, car il n’y a pas vraiment d’emploi en Haïti».
La nécessité de décentralisation
Certains lecteurs plaident pour la décentralisation, soulignant que plus de 80 % de la capitale, Port-au-Prince, est contrôlée par des gangs. La concentration des opportunités dans cette ville représente un obstacle à la réussite des jeunes. Patrick* écrit : «La meilleure façon pour un jeune de réussir serait d’intégrer le secteur des affaires, mais tout est centralisé à Port-au-Prince, une ville gangrenée par la violence».
L’investissement dans l’agriculture et l’élevage est aussi souvent mentionné. Bien que ces secteurs aient un potentiel énorme pour l’économie du pays, ils sont largement négligés. Les difficultés de circulation rendent souvent les récoltes inutilisables. James* conclut : «Les jeunes doivent penser à l’agriculture. Il faut aller dans les provinces et investir dans ce secteur».
En somme, la possibilité pour un jeune de progresser en Haïti se heurte à de nombreux problèmes d’ordre politique, économique et social. Les lecteurs insistent sur les enjeux de l’insécurité qui rendent difficile toute projection. Il est donc crucial que les autorités prennent des mesures pour combattre cette insécurité afin de favoriser le progrès du pays.
*Tous les noms utilisés dans le texte sont des noms d’emprunt, question de protéger la vie privée des personnes ayant réagi.