L’Espagne connaît une augmentation alarmante des Infections sexuellement transmissibles (IST), selon un rapport intitulé «Perspectives sur le VIH et la santé sexuelle en Espagne», présenté mercredi 16 octobre 2024 par le secrétaire d’État à la Santé, Javier Padilla. Ce document, dévoilé lors de la visite de la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, au ministère de la Santé, souligne plusieurs défis auxquels le pays est confronté dans le domaine de la santé sexuelle.
Le rapport souligne également les inégalités persistantes dans l’accès aux soins pour les groupes vulnérables, tels que les hommes migrants, les hommes gays, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les personnes trans et celles vieillissant avec le VIH. Ces groupes continuent de faire face à des obstacles juridiques, culturels et d’accès aux soins de santé.
Par ailleurs, la sexualité en Espagne subit une transformation profonde, marquée par la recherche du plaisir et une diminution de la peur du VIH grâce à la prophylaxie pré-exposition. Les applications de rencontres et le phénomène du «chemsex» ont également émergé comme de nouveaux défis, notamment chez les GBMSH, soulevant des préoccupations sur la santé mentale et l’isolement social.
Selon Jaime García Iglesias, chercheur à l’Université d’Édimbourg et auteur principal du rapport, le système de santé espagnol, bien que biomédicalement efficace pour prolonger la vie des personnes vivant avec le VIH, néglige les aspects émotionnels et psychologiques de la santé sexuelle. Le manque de formation du personnel de santé et la fragmentation des soins sont également identifiés comme des obstacles majeurs à une prise en charge hollistique.
Le rapport déplore par ailleurs une politisation croissante de la santé sexuelle et un manque d’intérêt politique pour le VIH, ce qui a affaibli les réponses institutionnelles. Les organisations communautaires, essentielles à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, sont sous-financées et manquent de ressources pour répondre aux besoins croissants.
Malgré ces défis, l’Espagne a réalisé des avancées significatives dans la lutte contre le VIH, réduisant les nouveaux diagnostics et atteignant les objectifs internationaux 90-90-90 en 2020. Le pays se dirige également vers les objectifs 95-95-95 d’ici 2025, selon le rapport. Pour renforcer ces progrès, le document recommande une augmentation du financement des organisations communautaires, une meilleure formation des professionnels de santé, ainsi qu’une éducation sexuelle globale, incluant des aspects comme le consentement et une vision positive de la sexualité.
