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«PAWÒL POU OU» : les lecteurs de TripFoumi Enfo voient un avenir sombre pour Haïti à cause de l’insécurité

Il est évident que l’insécurité qui sévit actuellement dans le pays n’est pas sans conséquence sur son présent et ne le restera pas non plus sur les générations à venir. Présentement, sur de nombreuses facettes, la situation dans le pays est lamentable. En plein milieu de Port-au-Prince, comme dans ses environs, c’est le chaos, pendant que les populations des villes de province font les frais d’un engrenage d’insécurité à travers lequel le pays s’enlise chaque jour davantage.

Langaj

Sur le plan humanitaire et social, la situation est sans précédent. Plus de 700.000 personnes, principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, sont actuellement déplacées à cause de la violence des gangs criminels. Ces derniers ont de vastes territoires sous leur contrôle. La faim, le manque d’eau potable, entre autres, deviennent des ennemis invisibles en face desquels il faut se livrer en combat. Plus de 5 millions d’Haïtiens font face actuellement à une insécurité alimentaire aiguë, selon certaines agences internationales.

Ajouté à cela, les gens vivent dans la promiscuité, ce qui favorise la prolifération des cas de maladies infectieuses.

Sur le plan économique, pas besoin de dire que la situation est autant catastrophique. Du point de vue micro, de plus en plus de familles tombent dans l’insécurité financière jour après jour. Leurs maisons, business et autres, sont parfois pillés, vandalisés ou incendiés par les malfrats qui pourrissent la vie de chaque jour. Du point de vue macro, les grandes entreprises ne sont pas épargnées, ce qui les pousse à fermer leurs portes. Les rares qui continuent de fonctionner doivent inéluctablement payer les cartels criminels, même pour emprunter la voie publique.

Sur le plan culturel, le pays est quasiment sur la voie de la disparition. La transmission du savoir, élément fondamental dans l’existence d’une nation, est plus que marginalisée dans le pays. Depuis plusieurs années, les établissements scolaires et d’enseignement supérieur sont comme pourchassés énergiquement par les groupements criminels, face à un État inexistant. Leurs infrastructures sont parfois vandalisées, occupées ou tout simplement détruites par les malfrats sans foi ni loi.

Et dans les villes de province ?

Langaj

Dans certaines villes de province, bien que l’insécurité physique ne fasse pas vraiment rage, sur d’autres points, les gens sont aux abois.

À Jérémie par exemple, TripFoumi Enfo est en mesure d’affirmer que certains produits de première nécessité manquent cruellement. Impossible de les commander en provenance de la capitale en raison du blocage de la Nationale #7 au niveau de Gressier. Même les condiments de base pour la cuisine sont introuvables dans les magasins. Chaotique.

Le point sur les gangs !

Dans un contexte de l’évolution croissante des activités criminelles, il est important de faire le point sur la cartographie des groupes criminels qui mettent en péril l’avenir de la République.

Au mois d’avril de cette année, un rapport des Nations unies avait estimé à plus de 150, le nombre de gangs opérant sur le territoire national. Selon ce même rapport, la zone métropolitaine de Port-au-Prince a elle seule en comptait 23. Précédemment divisés, ces associations ayant le crime organisé comme point commun se sont réunies sous le nom de «Viv-Ansanm», avec comme chef de file, Jimmy Chérizier alias Barbecue, un criminel redoutable.

Selon l’ONU, les gangs détiennent des armes ultra sophistiquées. Allant des AK-47 russes, en passant pars des AR-15 fabriqués aux États-Unis, jusqu’aux Galils israéliens. Leur puissance de feu surpasse même celle de la police nationale.

Actuellement en Haïti, tout est hors contrôle, l’État est inexistant et les groupes criminels maintiennent leurs cadence infernale.

Les conséquences de cette situation chaotique sur l’avenir du pays

La situation actuelle du pays aura forcément de multiples conséquences sur son avenir. Sur le plan social, économique, culturel ou autre, Haïti se retrouve quasiment sur une pente descendante. Logique. Dans un pays où de moins en moins d’enfants vont à l’école, où les entreprises ferment leurs portes jour après jour, où la croissance économique est le plus souvent négative, où une administration publique déjà inefficace est complètement minée par la corruption, où des cartels criminels règnent en maîtres, comment espérer un avenir certain ?

Parmi les personnalités qui se montrent pessimistes quant à un avenir glorieux pour le pays, Marilyne*, lectrice de TripFoumi Enfo, est une d’entre elles. Elle croit que l’insécurité aura des conséquences néfastes sur le futur du pays. Dans un commentaire cette semaine, elle a montré dans ses analyses que le déplacement massif des gens, sans alternative viable, aura des conséquences négatives sur la croissance économique, ce qui produira automatiquement plus de misère.

Elvéus* de son côté a prédit le pire. «Dans les quartiers populaires, les jeunes générations ne reconnaissent pas l’État. Elles n’ont que les criminels comme unique modèle. Les gangs remplacent l’État dans ces endroits. Ils distribuent de la nourriture et ils envoient des enfants à l’école. Ils assurent même la justice.»

Elvéus* a poursuivi : «Dans ces ghettos, dès le bas âge, les enfants se retrouvent déjà être des complices des gangs. Dès que la police arrive, ils alertent leurs aînés». Face à une telle situation, à l’avenir, «que pourra-t-on espérer de ces enfants qui n’ont rien d’autres comme alternative que les armes ?», s’est-il questionné.

Pour aller plus loin, l’insécurité tue «chaque rêve, chaque espoir», a pour sa part écrit Altieri*, un autre lecteur de TripFoumi Enfo, dans un commentaire. Il a ajouté que ce fléau contribue en outre à provoquer le stress, élément qui aura de graves conséquences sur la santé mentale de la population.

«Nous mourrons tous», écrivait Jacques Roumain

Dans son roman «Gouverneur de la rosée», Roumain décrit une situation invivable qui régnait dans une petite localité de la Croix-des-Bouquets surnommée Fond-Rouge. Dans cet endroit, l’eau manquait et cela avait créé une situation lamentable pour les gens.

Dès la première ligne de cet ouvrage, un des personnages du texte, la vielle Délira Délivrance, implorant les dieux sur la situation chaotique de Fond-Rouge, a déclaré à ces derniers que s’ils ne font rien, la vie toute entière disparaîtra dans la zone. «Nous mourrons tous : les plantes, les bêtes, les chrétiens vivants […] Oh, Jésus-Marie Sainte Vierge».

Entre la scène imaginaire décrite par Roumain et la situation actuelle du pays, il y a similitude. À Fond-Rouge, la sécheresse et la division avaient mis en péril l’avenir de la localité. Pour notre part, en plus d’autres facettes qui entravent le développement du pays, c’est l’insécurité qui assombrit notre avenir. Si rien n’est fait dans l’immédiat pour changer la tendance, tôt ou tard, la vie normale finira par disparaître de notre sol.

*Tous les noms utilisés dans le texte sont des noms d’emprunt, question de protéger la vie privée des personnes ayant réagi.

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