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Garry Conille, présenté intouchable, écarté du pouvoir par le CPT en un claquement de doigts

La scène politique haïtienne est une nouvelle fois en ébullition après l’éviction surprise de Garry Conille du poste de Premier ministre par le Conseil présidentiel de transition (CPT). Malgré les spéculations qui le présentaient comme inamovible, Conille a été remplacé officiellement par Alix Didier Fils-Aimé le dimanche 10 novembre 2024, mettant en lumière les tensions profondes qui minent actuellement le processus de transition dans le pays.

Langaj

Une confrontation au sommet de l’État

Depuis plusieurs semaines, des rumeurs faisaient état de tensions croissantes entre le CPT et Garry Conille. Ce bras de fer s’est intensifié autour de désaccords majeurs sur le remaniement ministériel, notamment la nomination de directeurs généraux et la gestion des ministères stratégiques. Conille aurait également demandé la mise à l’écart de trois membres du CPT pour des soupçons de corruption, exacerbant encore les frictions.

Le CPT, chargé de conduire le pays vers des élections et un retour à l’ordre constitutionnel, reprochait à Garry Conille une gouvernance jugée opaque et solitaire. De son côté, Conille a dénoncé une ingérence excessive du CPT dans les affaires gouvernementales, accusant le Conseil de vouloir imposer des décisions stratégiques sans concertation, notamment sur les nominations aux postes clés.

D’après des sources proches du dossier, la destitution de Garry Conille serait principalement motivée par son refus de nommer des alliés politiques du CPT à des postes stratégiques, notamment un nouveau ministre de la Justice et un chancelier pour remplacer respectivement Carlos Hercule et Dominique Dupuy. Conille aurait résisté aux pressions pour nommer des figures proches du Conseil, créant ainsi un climat de confrontation ouvert.

Ce conflit met en lumière les défis institutionnels auxquels Haïti est confrontée, où les luttes de pouvoir internes viennent souvent perturber la mise en œuvre des politiques publiques. L’éviction de Conille intervient à un moment critique où le pays cherche à stabiliser ses institutions et à se préparer pour des élections majeures.

Langaj

Une transition en péril

Ce bouleversement survient alors que la transition politique en Haïti est déjà marquée par une instabilité croissante. Avant même d’envisager le référendum constitutionnel et les élections générales, plusieurs étapes cruciales restent à franchir : la constitution d’un nouveau gouvernement, la nomination de nouveaux directeurs généraux, et la mise en place de mesures concrètes pour lutter contre l’insécurité qui gangrène le pays.

La question qui se pose désormais est de savoir si l’installation d’un président démocratiquement élu est encore envisageable d’ici au 7 février 2026, comme initialement prévu. Le départ forcé de Garry Conille risque de retarder davantage le calendrier électoral et de fragiliser les efforts de pacification déjà amorcés.

Tout compte fait, l’éviction de Garry Conille, loin de résoudre les problèmes, pourrait bien exacerber la crise politique en cours. Le pays se trouve désormais à la croisée des chemins, entre la poursuite d’un processus de transition fragile et le risque d’un retour à l’instabilité institutionnelle.

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