Brésil : Bolsonaro accusé d’avoir planifié un complot contre Lula
La police fédérale brésilienne accuse l’ancien président Jair Bolsonaro d’avoir «planifié», dirigé et eu «pleine connaissance» d’un complot visant à empêcher l’investiture de Luiz Inácio Lula da Silva, président élu en 2022. Selon un rapport de 884 pages déclassifié mardi 26 novembre, Bolsonaro aurait orchestré ces actions après sa défaite face à Lula, avec une étroite marge de moins de 2 points de pourcentage. Ce document a été transmis au bureau du procureur général pour décider d’une éventuelle inculpation formelle.
«Les preuves obtenues par l’enquête démontrent sans équivoque» l’implication de Bolsonaro, affirme le rapport. Parmi les 37 accusés figurent des militaires en activité et à la retraite, d’anciens ministres, ainsi que Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral que dirigeait Bolsonaro. Le dossier inclut des échanges de messages, des audios et des images attestant des crimes présumés tels que «l’abolition violente de l’État démocratique», le «coup d’État» et «l’association illégale».
Parmi les plans décrits dans le rapport, on trouve une tentative d’assassinat ciblant Lula, son colistier Geraldo Alckmin et le juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal électoral et actuel rapporteur de l’affaire. La police souligne que ces projets, appelés «Opération Dague Verte et Jaune», ont été préparés et imprimés au Palais présidentiel. Le général Mario Fernandes, impliqué dans l’affaire, aurait ensuite présenté ces documents à Bolsonaro, bien que le rapport n’indique pas si ce dernier l’a directement rencontré.
En outre, des documents montrent que les conspirateurs envisageaient d’utiliser des membres d’élite de l’armée, appelés «Kids pretos», et des armes de guerre pour mener ces assassinats. «Ils prévoyaient plusieurs morts, y compris parmi leurs propres soldats», a révélé l’enquête. Cette stratégie visait à consolider un pouvoir militaire qui aurait maintenu Bolsonaro à la tête de l’État brésilien.
La Cour suprême brésilienne a officiellement transmis le rapport au bureau du procureur général, qui dispose désormais de 15 jours pour déterminer si les éléments réunis sont suffisants pour porter plainte. Toutefois, ce délai peut être prolongé si des informations complémentaires sont nécessaires. Bolsonaro, qui nie toutes les accusations, a dénoncé une «persécution politique» à son encontre.
Le contexte de cette affaire remonte à l’élection d’octobre 2022, où Lula a été déclaré vainqueur dans un climat de tensions extrêmes. Après sa défaite, Bolsonaro n’a pas reconnu les résultats, tandis que ses partisans, dont des camionneurs, ont bloqué les routes et organisé des manifestations appelant à une «intervention militaire». Une tentative d’attentat à la bombe près de l’aéroport de Brasilia a également marqué cette période.
Deux jours avant l’investiture de Lula le 1er janvier 2023, Bolsonaro a quitté le Brésil pour les États-Unis, où il est resté trois mois. Selon les enquêteurs, des réunions importantes auraient eu lieu dans les résidences présidentielles peu avant son départ, où des plans auraient été discutés pour empêcher Lula de prendre ses fonctions.
Malgré les dénégations de Bolsonaro, les autorités brésiliennes ont affirmé que «les registres d’entrée et de sortie des visiteurs», combinés à l’analyse des communications internes, établissent clairement son rôle. Cette affaire expose les tensions persistantes au sein du système politique brésilien et la fragilité de son État de droit face aux velléités autoritaires.