2024 : une année de toutes les douleurs pour Haïti

L’année 2024 s’en va officiellement. Mais difficile d’en dresser un bilan positif, car elle a été marquée par des évènements néfastes pour le pays. Des attaques armées, massacres et autres activités violentes ont été perpétrés par les groupes terroristes au cours de cette année. En conséquence, des milliers de personnes ont été tuées et blessées et des institutions importantes frappées par l’insécurité. Sur le plan économique, c’était la catastrophe pour la République, avec une sixième année consécutive de croissance économique négative. À travers ce travail rétrospectif, on va essayer de retourner sur certains évènements ayant marqué cette année qui s’en va.
Sur le plan sécuritaire
L’année 2024 restera gravée dans les annales de l’histoire comme l’une des plus violentes pour les Haïtiens.
Malgré les promesses répétées des autorités étatiques, elles n’ont jamais rien fait pour améliorer la situation du peuple haïtien. Les cartels criminels ont multiplié leurs exactions, mettant ainsi en péril l’avenir de tout le pays.
Attaques armées
Durant cette année, les attaques des gangs criminels contre la population civile et sites stratégiques du pays ont été nombreuses. En effet, depuis le 29 février, la population a connu toutes les couleurs à cause des atrocités de la coalition criminelle «Viv ansanm», dirigée par l’ancien policier Jimmy Chérizier alias Barbecue, l’incarnation du mal extrême à Port-au-Prince.
Depuis cette date, les organisations criminelles se sont soulevées, d’une seule voix, pour anéantir l’avenir du pays. Elles ont ainsi attaqué des commissariats et sous-commissariats de police, des ministères, entre autres. Ils ont incendié des universités, écoles, entreprises privées, etc.
En outre, on ne peut ne pas mentionner les attaques visant les principaux centres carcéraux du pays début mars. Des assauts contre les centres pénitentiaires de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets avaient occasionné l’évasion de plus de cinq milliers de personnes.
De plus, des territoires comme Gressier, Carbaret, Ganthier, Bon Repos, Terre-noire, Carrefour, Solino, entre autres, ont été attaqués et conquis par les gangs criminels. Même la commune de Pétion-Ville a été violemment attaquée par les malfrats. N’en parlons pas de Delmas, où des cas de kidnapping ont été très fréquents.
Parallèlement, même des institutions incarnant l’autorité de l’État, comme le Palais national, la Cour de cassation, le Parlement haïtien, entre autres, ont été abandonnées en 2024 à cause de l’affluence des bandits armés.
Cette année a également vu augmenter le nombre de personnes déplacées, atteignant les 800.000. La faim a atteint un niveau record avec plus de la moitié de la population plongée dans une faim aiguë, alors que plus de 80 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est sous le contrôle des gangs armés, selon des données de l’ONU.
Massacres
Depuis plusieurs années, le terme «massacre» est devenu très courant à travers la population haïtienne. On peut se souvenir du massacre de La Saline en 2018, causant la mort d’au moins 71 personnes, et celui du Bel-Air en 2019 ayant occasionné la mort de plus d’une vingtaine d’autres.
Mais l’année 2024 a été encore plus choquante selon les données, avec un violent massacre perpétré début décembre par l’un des caïds de Cité Soleil, Monel Félix alias Micanor, contre la population de Wharf Jérémie. Plus de 200 personnes ont été violemment tuées, à coups de machette et de couteau pour la plupart.
2024 était en effet une année très meurtrière pour le pays, car ce massacre n’a fait qu’aggraver davantage le nombre de personnes tuées par le train de la violence.
Une année violente
Parlant des années violentes qu’Haïti a connues depuis des décennies, celle de 2024 ne va sûrement pas passer inaperçue.
En effet, selon des données de l’ONU, les cas de viol, de meurtre, de pillage, d’enlèvement contre rançon, entre autres, ont été multipliés en 2024. Ces activités ont ainsi entraîné la mort de plus de 5.350 personnes, 2.115 autres ont été blessées, toujours selon l’ONU.
Soulignons que ce niveau de violence a été enregistré durant cette année, malgré l’arrivée d’une force multinationale dirigée par le Kenya en juin pour soutenir la Police nationale haïtienne. Ladite force n’a pas pu aider à arrêter l’hémorragie de la violence.
Sur le plan politique
Du point de vue politique, le tableau n’est pas si différent. Rien de trop satisfaisant à mentionner, sinon le renversement d’Ariel Henry en mars après un soulèvement généralisé des gangs criminels fin février.
Après la chute d’Henry, le Conseil présidentiel de transition (CPT) composé de neuf personnalités a pris le pouvoir en avril avec le support de la communauté internationale. Mais malgré les promesses répétées de cette entité, aucun changement n’a été remarqué dans les conditions de vie de la population haïtienne.
On doit se rappeler également du second échec de Garry Conille à la tête de la Primature. Prônant sans relâche la récupération des territoires perdus «ville par ville, quartier par quartier et maison par maison», il a été évincé par un coup de force du CPT en novembre sans même récupérer la moindre parcelle.
Scandale de corruption
L’année 2024 a été marquée par un méga scandale de corruption, impliquant trois membres du Conseil présidentiel de transition. Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, sont les trois conseillers qui auraient exigé à Raoul Pascal Pierre-Louis 100 millions de gourdes pour son maintien à la tête de la BNC après l’expiration de son mandat.
Après une dénonciation publique de Pierre-Louis, une enquête rigoureuse de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), une institution publique, avait envoyé les concernés devant la justice pénale pour corruption, versement de pot-de-vin, entre autres. Mais malgré l’aggravation de la crise haïtienne à cause de cette affaire, les conseillers siègent encore au CPT. On est en Haïti de toute façon.
Sur le plan économique
Du point de vue économique, Haïti a également connu une année douloureuse. Selon les Comptes économiques de 2024 publiés le 30 décembre par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), Haïti vient de connaître une sixième année consécutive de croissance économique négative, avec une contraction de 4,2 % du Produit intérieur brut (PIB) réel. Selon l’IHSI, le PIB constant du pays est estimé à à peine 568 milliards de gourdes.
Toutefois, un signe important a été bénéfique pour l’économie en 2024, souligne l’IHSI. Selon l’institution publique, les transferts de fonds de la diaspora avaient connu une hausse sans précédent, pour atteindre les 4.1 milliards de dollars durant cette année, soit une augmentation de +9,5 %. Une contribution qui a été significative selon l’institution.
À part cette petite note, rien d’autre, sur tous les points, n’a été interessant pour le pays en 2024. Sur le plan culturel, judiciaire, entre autres, on ne trouve rien de trop satisfaisant à faire remarquer. Bref, cette année restera comme l’une des plus mauvaises de toute l’histoire du pays, avec une décapitalisation accélérée des plus vulnérables. Même durant les périodes violentes auxquelles font allusion l’histoire ordinairement, la population civile et ses avoirs n’ont jamais été aussi ciblés.