Le Niger, le Burkina Faso et le Mali tournent le dos à l’OIF

Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont décidé de quitter l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le 17 mars, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait, suivis du Mali le 18 mars.
Cette annonce, faite en pleine Semaine de la Francophonie, illustre la rupture progressive entre ces pays dirigés par des juntes militaires et la France, leur ancienne puissance coloniale.
Dans une lettre envoyée aux ambassadeurs, le gouvernement nigérien a confirmé sa décision, la qualifiant d’« acte souverain ». Le Niger, membre fondateur de l’OIF en 1970, a officiellement notifié son retrait à l’organisation. Oria K. Vande Weghe, porte-parole de l’OIF, a confirmé l’information sur TV5 Monde, précisant que la France avait bien été informée de cette notification.
Les autorités des trois pays accusent l’OIF de partialité et d’être influencée par des considérations géopolitiques. Selon elles, l’organisation applique des sanctions sélectives et ne respecte pas leur souveraineté. Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont affirmé que l’OIF s’était transformée en un « instrument politique téléguidé ».
L’OIF a réagi en déclarant qu’elle respectait cette décision tout en soulignant que la situation géopolitique actuelle pouvait expliquer ce retrait. Pour le Niger, ce départ fait suite à sa suspension de l’organisation après le coup d’État de juillet 2023, bien que certains programmes aient bénéficié d’exceptions avant cette annonce.
Le Burkina Faso a suivi le mouvement, bien que l’annonce officielle de son retrait n’ait pas encore été faite par ses autorités.
Quant au Mali, il a confirmé son départ par une lettre officielle, dénonçant un manque de respect des principes de souveraineté de l’État. Suspendu de l’OIF en 2020 après un coup d’État, le pays n’avait déjà plus de relations actives avec l’organisation.
L’OIF, dont le siège est à Paris, regroupe 91 États et gouvernements et a pour mission de promouvoir la langue française, la diversité culturelle, la paix, la démocratie et les droits de l’homme.
Depuis l’arrivée au pouvoir du général Abdourahamane Tiani, la junte nigérienne a adopté une politique souverainiste marquée par la rupture des relations diplomatiques et militaires avec la France. Elle a également renommé plusieurs rues et monuments à Niamey, remplaçant la Place de la Francophonie par la Place de l’Alliance des États du Sahel.
Le Niger, le Burkina Faso et le Mali avaient déjà quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qu’ils considèrent trop proche de la France. Malgré des tentatives de médiation, notamment par le président ghanéen John Dramani Mahama, ces pays restent sur leur position.
Parallèlement, ces nations sahéliennes, confrontées aux attaques jihadistes, renforcent leur coopération diplomatique et militaire avec la Russie.