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Effondrement imminent : Port-au-Prince aux mains des gangs

Depuis plusieurs mois, la capitale haïtienne, Port-au-Prince, sombre progressivement sous l’emprise des gangs armés. Chaque rue, chaque quartier, chaque secteur devient un champ de bataille contrôlé par des groupes terroristes, sous le silence complice des dirigeants prétendument haïtiens. Aujourd’hui, environ 85 à 90 % de la ville est dominée par la coalition terroriste « Viv Ansanm », un contrôle que les autorités haïtiennes, et en particulier le gouvernement dirigé par Alexis Didier Fils-Aimé, semblent incapables de contrer. Ce n’est pas seulement une question de violence, mais un véritable effondrement de l’État et de la société, une spirale où chaque territoire cédé devient méconnaissable, envahi par la végétation, comme si la nature elle-même reprenait possession d’un espace abandonné.

Langaj

Le processus de « gangstérisation » de Port-au-Prince a débuté il y a plusieurs années, mais c’est en 2024 que la situation a atteint un seuil critique. Les quartiers jadis animés—Delmas 19 et 30, Martissant, Cité Soleil, Cité Militaire, et plus récemment Kenscoff—sont aujourd’hui sous le contrôle total des groupes terroristes. Ces derniers ne se contentent pas d’imposer la terreur ; ils établissent un véritable ordre parallèle, transformant ces zones en « no man’s land ». L’ancien paysage urbain est désormais marqué par des bâtiments en ruines, des herbes folles et des infrastructures à l’abandon, illustrant l’abandon progressif de la capitale par l’État, influencé par la communauté internationale.

Les membres du Conseil présidentiel de transition, ainsi que le gouvernement d’Alexis Didier Fils-Aimé, portent une lourde responsabilité dans cet effondrement. Comme le disait Max Weber, « L’État est la machine à organiser la violence. Si cet État se fragilise, c’est l’ordre social tout entier qui est menacé. » En conséquence, aucune entité ne devrait pouvoir lui faire peur. Pour Thomas Hobbes, « L’État est un Léviathan. » Ces propos rappellent qu’un État qui échoue à maintenir l’ordre ouvre la porte à l’anarchie.

L’incapacité du gouvernement à mener des opérations stratégiques a permis aux gangs de se renforcer et d’étendre leur emprise sur une ville déjà fragilisée par des crises économiques et politiques. Les tentatives de maintien de l’ordre, comme les interventions policières, se révèlent inefficaces face à la puissance de feu et à l’organisation des gangs. Les réponses sont immédiates et réactives, mais mal coordonnées et déconnectées des réalités du terrain.

Un gouvernement paralysé par l’inaction

Le déclin de Port-au-Prince est aussi alimenté par une désorganisation totale de l’administration. Les luttes de pouvoir internes au sein du Conseil présidentiel paralysent la gestion des crises, laissant un vide que les terroristes exploitent. Pendant que la capitale s’effondre, le gouvernement d’Alexis Didier Fils-Aimé semble plus préoccupé par le maintien d’une façade de pouvoir que par une véritable reconquête des territoires. Au lieu de se battre pour rouvrir l’aéroport Toussaint Louverture, ils inaugurent un simple « kounouk », osant le faire passer pour un aéroport international.

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Cette inaction a permis aux gangs d’organiser une économie souterraine basée sur le trafic de drogues, d’organes et les extorsions. Aristote nous rappelle que « Le gouvernement est l’instrument par lequel une société s’organise pour prévenir la violence et maintenir l’ordre. Si cet instrument échoue, il n’y a plus de société. »

La communauté internationale : complice ou impuissante ?

La communauté internationale, qui avait promis d’aider Haïti, semble tout aussi désorientée. Plusieurs voix dénoncent son rôle ambigu dans cette crise. Par exemple, bien que des chars blindés aient été remis aux autorités locales, les clés ont été confisquées par l’ambassade américaine, empêchant toute contre-offensive efficace.

L’envoi de soldats kényans et haïtiens s’est soldé par des échecs cuisants. Manque de coordination, absence de stratégie, faible connaissance du terrain : autant de facteurs qui rendent les opérations inefficaces. Les chars blindés sont incendiés, les soldats tués ou contraints à des retraits stratégiques face aux terroristes.

L’intervention de la force multinationale semble vouée à l’échec, faute d’une stratégie claire et durable. Comme le soulignait Kofi Annan, « Les interventions extérieures ne peuvent réussir que si elles respectent les contextes locaux, qu’elles sont bien coordonnées et qu’elles se donnent des objectifs clairs et durables. »

Port-au-Prince : une ville fantôme

Les opérations de reconquête, comme celles tentées à Kenscoff, montrent l’ampleur du désastre. Un soldat kenyan a été touché par balle et évacué en urgence par hélicoptère. Pendant ce temps, la nature reprend ses droits : les rues jadis animées sont désertées, les commerces fermés, les écoles abandonnées.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 60 000 personnes ont été déplacées à Port-au-Prince et près d’un million à travers tout le pays. Les familles fuient, laissant derrière elles des quartiers fantômes où seule la loi des armes règne.

Ce phénomène illustre l’échec de l’État haïtien à assurer les besoins fondamentaux de sa population. Les gangs ne se sont pas simplement imposés par la force, ils ont comblé le vide laissé par un gouvernement absent et une communauté internationale inefficace.

Des solutions existent, mais l’État est-il prêt ?

L’utilisation de drones kamikazes pourrait permettre d’affaiblir les positions des terroristes et de mieux surveiller les zones occupées. Pourtant, le déploiement de ces technologies est mal organisé et manque de vision à long terme. Sans une stratégie cohérente, même les meilleures armes resteront inefficaces.

Une réforme en profondeur est impérative

La situation de Port-au-Prince souligne l’urgence d’un changement profond dans la gouvernance d’Haïti. L’inaction du Conseil présidentiel de transition et du gouvernement de Fils-Aimé a offert la capitale aux groupes criminels. Si rien n’est fait, Port-au-Prince risque de devenir le symbole de l’effondrement total de l’État haïtien.

Les forces politiques doivent se réorganiser immédiatement et mettre en place une stratégie de sécurité et de développement. Comme le disait Martin Luther King Jr., « La vraie réforme commence là où l’on s’attaque aux causes profondes de l’injustice, et non aux symptômes. »

Il ne suffit pas de lutter contre la violence des gangs : il faut une refonte totale du système politique et une reconquête de la confiance du peuple haïtien.

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