
Les États-Unis s’apprêtent à classer les gangs haïtiens, ainsi que les individus qui les financent et les arment, comme des organisations terroristes. Cette décision pourrait ouvrir la voie à leur incarcération dans la tristement célèbre prison de haute sécurité du Salvador. C’est ce qu’indique un article du Miami Herald publié ce jeudi 18 avril, dont TripFoumi Enfo a pris connaissance.
D’après les informations du journal floridien, cette mesure viserait particulièrement la coalition Viv Ansanm, qui comprend également le groupe armé Gran Grif, actif dans l’Artibonite. Le Département d’État américain envisage aussi de créer une nouvelle catégorie de désignation : celle de “terroriste mondial spécialement désigné”.
Lors de son récent déplacement en Jamaïque, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a affirmé que la situation en Haïti représente une menace pour la sécurité régionale. Il a rappelé qu’un million d’Haïtiens sont déplacés à l’intérieur du pays, et qu’un autre million risque de sombrer dans la famine.
La désignation de ces groupes comme terroristes permettrait à la justice américaine de poursuivre toute personne les soutenant, que ce soit par des armes, des fonds ou une protection politique. Ceux qui seront arrêtés pourraient être emprisonnés au CECOT, le plus grand centre carcéral à sécurité maximale d’Amérique latine, situé au Salvador.
« Pendant trop longtemps, ceux qui soutiennent les gangs haïtiens ont agi sans être inquiétés. Mais désormais, ils devront rendre des comptes devant la justice », a déclaré un haut responsable américain au Miami Herald. Ce dernier a précisé que des chefs de gangs haïtiens pourraient être transférés au CECOT, aux côtés des membres de MS-13 et de Tren de Aragua.
Cependant, tout transfert de détenus haïtiens vers cette prison devra être autorisé par le ministère haïtien de la Justice. Plusieurs chefs de gangs font déjà l’objet de poursuites fédérales aux États-Unis pour des enlèvements. Une source a confié au Herald que ces individus pourraient rapidement être expulsés vers le Salvador, à l’instar des membres de MS-13 arrêtés aux États-Unis.
Sous l’administration Biden, Washington avait jusqu’ici refusé de qualifier les gangs haïtiens de terroristes, même après qu’ils ont ouvert le feu sur trois avions commerciaux américains au-dessus de Port-au-Prince en novembre dernier. Les autorités américaines préféraient suspendre des visas ou imposer des sanctions économiques via le Trésor et l’ONU.
Mais malgré ces sanctions, les gangs continuent de progresser. Ils attaquent la police, tirent sur des convois diplomatiques et poussent la population à fuir leurs quartiers.
À présent, ces groupes contrôlent déjà trois des dix départements du pays. Leur emprise sur la capitale s’intensifie, menaçant désormais de provoquer sa chute totale.
Face à cette montée de la violence, la CARICOM, le Département d’État, la France et le Royaume-Uni ont tous lancé des avertissements. Ils craignent une tentative de prise de pouvoir par les gangs et leurs alliés.
En janvier dernier, plusieurs personnalités politiques haïtiennes avaient déjà écrit au secrétaire d’État américain pour lui demander de classer Viv Ansanm parmi les groupes terroristes.
Les États-Unis suivent ainsi les pas de la République dominicaine. En février, le président Luis Abinader a désigné 26 gangs haïtiens comme groupes terroristes. Il a averti que tout membre de ces gangs entrant sur le territoire dominicain serait arrêté et jugé en vertu de la nouvelle loi antiterroriste. Il a également accusé la communauté internationale d’inaction face à la crise.