
L’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Henry T. Wooster, a appelé ce samedi 4 octobre le Conseil présidentiel de transition (CPT) ainsi que le gouvernement haïtien à présenter un plan précis et assorti d’un calendrier pour les élections et la transition politique. L’appel a été lancé dans une déclaration diffusée sur la page Facebook officielle de l’ambassade américaine, dans la rubrique baptisée Pause Café, dont TripFoumi Enfo a pris connaissance.
« Le moment est venu pour le CPT et les membres du gouvernement haïtien de remplir leur rôle afin de présenter un plan précis et assorti d’un calendrier pour les élections et la transition politique », a déclaré le diplomate américain. Cette intervention traduit l’impatience croissante de Washington face à l’absence de résultats tangibles dans la conduite de la transition.
Par ailleurs, face au comportement de cette équipe de transition, qui semble faire passer le temps sans montrer aucune volonté de rétablir la sécurité et d’organiser les élections pour remettre le pouvoir, l’ambassadeur américain a rappelé :
« Les postes politiques ne sont pas à vie. »
Cette phrase, brève mais lourde de sens, vise directement certains membres du CPT soupçonnés de vouloir prolonger leur mandat au-delà de ce qui est prévu par l’accord du 3 avril 2024. Elle souligne également l’urgence de rendre des comptes et de restaurer la confiance de la population envers les institutions de transition.
Près d’un an et demi après sa mise en place, le CPT peine à remplir les missions qui lui avaient été confiées : rétablir la sécurité, organiser des élections libres et crédibles et assurer le fonctionnement normal des institutions. L’insécurité s’est aggravée, l’influence des gangs s’étend dans la capitale et d’autres régions du pays, et aucun calendrier électoral précis n’a été présenté.
En plus de cette paralysie, plusieurs membres du Conseil sont visés par des accusations de corruption et de détournement de fonds. Le dossier du fonds de renseignement, soupçonné d’avoir été utilisé à des fins personnelles, demeure sans suite. Aucune enquête n’a été ouverte, renforçant ainsi la perte de confiance d’une population déjà désabusée.
Cette situation met en lumière l’incapacité du CPT à remplir la mission confiée par l’accord du 3 avril et alimente davantage la dépendance du pays vis-à-vis de la communauté internationale. Car, en réalité, cette déclaration de l’ambassadeur américain souligne aussi une évidence : les dirigeants haïtiens ne décident plus seuls. C’est désormais Washington qui fixe le tempo, et sans un plan clair, le processus électoral paraît plus incertain que jamais.