
L’Académie Goncourt a révélé la deuxième sélection de son prestigieux prix. Huit romans poursuivent désormais la course vers la distinction suprême, avant la désignation des quatre finalistes le 28 octobre et du lauréat le 4 novembre. Dans cette constellation littéraire, une étoile brille d’une lumière singulière : Yanick Lahens, la voix d’Haïti, de ses nuits sans repos et de ses mémoires inaltérables.
Sélectionnée pour Passagères de nuit (Sabine Wespieser), Lahens porte haut le flambeau d’une littérature enracinée dans la douleur et la dignité. Son roman, habité par la fragilité des êtres et la persistance de l’espérance, tisse le destin de personnages qui traversent la nuit comme on traverse l’histoire cavec courage et lucidité. Déjà lauréate du Prix Femina 2014 pour Bain de lune, l’écrivaine confirme ici sa place parmi les grandes voix du monde francophone, celles qui transforment la réalité en poésie, la souffrance en lumière.
Autour d’elle, sept autres auteurs composent cette symphonie d’existences et de regards : Nathacha Appanah (La nuit au cœur), Emmanuel Carrère (Kolkhoze), Paul Gasnier (La collision), Caroline Lamarche (Le bel obscur), Charif Majdalani (Le nom des rois), Laurent Mauvignier (La maison vide), et Alfred de Montesquiou (Le crépuscule des hommes). Mais la présence de Lahens transcende la simple compétition : elle incarne une autre géographie de la langue française, celle d’un archipel de mémoire et de résistance.
Dans le tumulte des prix et des saisons littéraires, la voix de Yanick Lahens rappelle que l’écriture peut être une manière de veiller sur le monde. Passagères de nuit n’est pas seulement un roman, c’est un chant d’humanité porté depuis Port-au-Prince jusqu’à Paris. Et si, cette année, le Goncourt devait écouter le vent des îles, il pourrait bien y entendre battre le cœur d’Haïti.