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Vanessa DESIRE, une âme au service de l’artisanat malgré tout

Parmi les milliers de pièces artisanales que l’on trouve à travers les rues en Haïti figurent des œuvres de l’artisane Vanessa DESIRE. Bien qu’elle ait déjà pris part à de grandes foires artisanales en Haïti, cette jeune fille amputée d’une jambe demeure une parfaite inconnue. En ce sens, la rédaction de TripFoumi Enfo est allée à sa rencontre, elle, qui colore la vie depuis plusieurs années.

Vanessa est une jeune artisane qui essaie de tracer son chemin malgré les vicissitudes de la vie en Haïti. Elle a vu le jour le 6 janvier 1996. Née dans une famille de 4 enfants, Vanessa a entamé une étude en Sciences Administratives en 2016, tout juste après avoir terminé ses études classiques. Mais elle a tout lâché en cours de route, faute de moyens financiers.

Tout a commencé pour Vanessa en 2018 après avoir fait partie des bénéficiaires du projet Ha-726 de Compassion International. Vanessa commençait donc à travailler dans le domaine de l’artisanat grâce à une formation d’un mois qu’elle a reçu sur la fabrication de sacs à main organisée par une structure appelée AAFHAMR en décembre 2018. Après cette formation, elle n’a pas lâché-prise et peu de temps après, soit en 2019, elle a ouvert sa propre entreprise appelée Vanessa Collection.

En 2022, Vanessa a pu prendre part à sa première exposition grâce à un projet organisé par l’organisation d’UFMORH où les femmes handicapées étaient valorisées. L’année suivante, c’était avec une autre organisation de la capitale.

«J’ai exposé mon travail pour la première fois à l’hôtel Caribe en 2023. Je l’aime, c’est ma passion. J’ai prouvé mon amour pour ce métier dans chacune de mes œuvres». Pour Vanessa, l’artisanat est un métier qui demande de la patience. «Cela m’apprend à cultiver de la patience. À chaque commande que je reçois, il existe une manière de satisfaire les clients pour qu’il n’y ait aucun reproche», explique le numéro un de Vanessa Collection.

Au long de son parcours, Vanessa a rencontré un artiste peintre qui a pu embellir d’avantage ses sacs à main en appliquant de la peinture dessus. Pour elle, cela les a rendus plus attirants et a augmenté les demandes. «Un jour, cette même personne m’a demandé si je n’aimerais pas apprendre à réaliser les designs moi-même, et comme j’aimais déjà la peinture, sans réfléchir j’ai répondu oui et c’est ainsi que mon aventure a démarré en 2020», nous raconte la trentenaire tout en exprimant sa reconnaissance envers Vladimir WALTER, son mentor.

Questionnée sur la situation sécuritaire du pays et l’impact que cela a causé sur sa petite entreprise, elle a répondu : «cela m’empêche d’accéder aux matériels nécessaires pour faire mon travail, principalement parce qu’il n’y a plus d’activités au centre-ville de Port-au-Prince, où logeaient les plus grands magasins», regrette la jeune fille, qui, malgré son handicap, croit que c’est en travaillant qu’on peut s’épanouir. Elle poursuit pour dire qu’elle ne peut même pas prendre certaines commandes parce qu’elle ne sait pas où elle pourra trouver les matériels nécessaires pour les réaliser. «Je n’arrive pas à produire, ce qui m’empêche de gagner de l’argent». «La crise sociopolitique que connaît le pays m’empêche de participer à des expositions», se désole l’artisane.

L’insécurité généralisée qui gangrène le pays diminue ses rentrées

«À cause de la situation du pays, les gens ne sont pas intéressés à acheter ces genres de choses, ils considèrent que ce n’est pas leur priorité pour le moment, et c’est de ça que je vis. Si je n’arrive pas à vendre, pas besoin de vous dire dans quelle situation je me retrouve», continue la jeune femme.

L’assaut des terroristes à Mariani a anéanti tout ce qu’elle a pu construire

Habitant à Mariani, Vanessa a dû quitter cette localité en novembre 2023 pour sauver sa peau, tout en laissant derrière elle tous ses travaux et même sa machine à coudre qu’elle venait tout juste d’acheter. Pour elle, cela a été un retour à zéro. Le pire, elle devait produire 50 sacs à main et avait aussi une formation prévue pour le mois de novembre, elle a dû l’annuler.

«Toutefois, j’espère que le pays aura une stabilité totale qui incitera les touristes à le visiter et que nous qui évoluons dans ce domaine, pourrons mieux nous vendre grâce à notre travail. Et que nous autres les artistes, nous pourrons avoir accès à un visa de voyage pour participer aux différentes expositions internationales qui accueillent habituellement tous les artistes du monde», espère Vanessa.

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