Culture

RichiGraphic ou l’expression la plus parfaite de la photographie incarnée?

Il pourrait figurer au pic des jeunes photographes inclassables du pays à l’heure actuelle, mais ce serait déjà la faute de le mettre dans une catégorie alors que ses travaux sont or-pairs . Au cœur d’une Haïti saccagée par les crises politiques répétitives et une situation socioéconomique chaotique, Richnaider s’est fait timidement un nom dans la photographie et le graphic design. Mince et longiligne, RichiGraphic est ce mystérieux talent qui veut faire de la photographie sa divinité. Se trouvant sur la cour de l’école des frères des Verrettes, à deux pas de l’Eglise Catholique, le vendredi 19 juin 2020, cet amant de la caméra a partagé son itinéraire dans le domaine, ce que nous vous invitons à de découvrir.

Verrettes, cette ville aujourd’hui poussiéreuse qui a vu naitre tant de grandes personnalités du pays, a également assisté à la naissance de RichiGraphic en plein premier mandat de René Garcia Préval. « Je suis né un 8 novembre 1996 dans cette commune de l’Artibonite qui a accouché l’ancien président Léon Dumarsais Estimé. J’ai vécu mes premières années d’écoles ici (Verrettes) avant de me rendre à Port-au-Prince pour boucler mon certificat d’étude primaire. Revenu en 7ème année, je suis resté jusqu’à la philo avant de retourner une nouvelle fois à la capitale pour mes études universitaires », nous confie-t-il.
Il faut tout simplement s’habituer au rythme des mitrailleuses pour comprendre le battement du cœur de Richnaider pour la caméra.

« Je dois vous l’avouer, avant de devenir ce photographe de taille que je suis, je travaillais comme graphic designer pour un ami du nom de BerGraphy. J’éditais les photos tellement bien qu’au fil des temps je commençais par développer une certaine passion pour le métier. De-là, je me suis rendu à Fotomatik (une des plus grandes écoles de photographie du pays) pour aiguiser mon talent. Ainsi commence ma carrière de photographe», a-t-il avoué à notre rédaction. Si l’on plonge dans ses yeux marrons et fait travailler notre imaginaire, on s’apercevra sans doute la fréquence de ses pensées liées à cette activité qui est, selon lui, avant tout un art.

Depuis tantôt trois ans, RichiGraphic a posé son rêve de devenir le photographe le plus redoutable du pays au-dessus de tous les obstacles qu’il pourrait rencontrer dans son entourage. Il n’a pas eu trop de murailles en face de lui sur le plan humain, mais acheter les matériels que nécessite son travail lui a toujours été un calvaire. «Les matériels sont pour la plupart impossibles à trouver en Haïti. Pour les acheter sur Amazone ou sur d’autres plateformes, il me faut une carte en dollars et tant d’autres opérations qui me compliquent la tâche certaines fois », nous témoigne-t-il. « Mais, il avance, je me suis toujours débrouillé pour répondre aux attentes de mes clients ».

La qualité des œuvres de RichiGraphic fait naturellement parler de lui. Ce qui fait qu’il a déjà travaillé pour un ensemble de célébrités dont la jeune artiste Tafa Mi- Soleil qui vient de lancer officiellement sa carrière solo avec « Mizik sove vi m » qui devient incontestablement un hit ; le modèle Daddy Gray pour qui il a pris une photo magique le 18 mai dernier qui était devenu virale au point que Jhane12 a relayé la publication. Il a également travaillé pour Lexie, cette demoiselle qui était troisième du dernier concours organisé par le producteur J-Beatz et qui a participé à plusieurs vidéos de l’artiste. Ce sont entre-autres des célébrités pour lesquelles il a travaillées.

« Il ne suffit pas seulement de tenir une caméra pour être photographe. Je ne sais pas pourquoi je suis autant attaché au professionnalisme. Plein de woulibè dans le domaine, mais je sais qu’avec le temps on pourra les différencier des pros», prophétise le vingtenaire. « En termes de grands exploits, j’ai été premier lauréat d’un concours de photographie organisé par Haïti Photo First. J’ai d’autres grandes satisfactions. Mais cette dernière est pour moi jusqu’à présent la plus grande. Je souhaite continuer à briller », toujours selon l’ancien de l’INUKA qui veut un jour se considérer comment le gardien de la clef de la photographie.

RichiGraphic a-t-il l’habitude d’abuser sexuellement des jeunes filles par rapport à son statut quand on considère que les directeurs d’agence de mannequinat couchent très souvent des jeunes femmes qui veulent se lancer dans la mode ? A cette question, il répond en souriant : « Non, non et non ! Je suis un professionnel assidu, quand je travaille pour quelqu’un, je négocie un prix. Je remets le butin et je prends mon argent. Je suis strict sur ce point ». Comme tant d’autres secteurs, RichiGraphic souhaite que le sien soit régulé afin de stopper les « matomann » qui veulent prendre d’assaut la photographie.

Né dans un pays où tout est banalisé, Emile Richnaider a creusé sa propre voie. Il n’est pas encore au bout de son rêve, mais il veut parfaire son talent. Dans un article, on ne peut pas tout dire sur lui. C’est pourquoi le public est invité à jeter son dévolu sur ses œuvres combien mystérieuses à travers ses pages officielles instagram.com/richi_graphic et instagram.com/richigraphic_photo pour le réseau social IG ; et Zoom sur Verrettes si vous utilisez Facebook. « Si la photographie est un piège, alors je me suis laissé prendre volontairement », les paroles de RichiGraphic qui ont bouclé notre rencontre.

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