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La recrudescence des mouvements de rue…

(TripFoumi Enfo) – Depuis plusieurs semaines, les manifestations augmentent sur tout le territoire national et particulièrement à Port-au-Prince. Mais, ces mouvements se trouvaient dans l’incapacité de réunir la grande foule malgré de nombreuses tentatives. Tout portait à croire que le gouvernement avait pris contrôle de la situation par la force des armes. Mais, c’est encore lui qui se met en situation difficile par ses décisions. Publication des décrets à tort et à travers constitue au côté de la persécution politique et le kidnapping les principales causes de cette recrudescence.

Les décrets et les abus de pouvoir!

Un décret est un acte reglémentaire. Une décision prise par un Président ou un gouvernement en absence du parlement. Cette décision doit-être profitable au bon fonctionnement du pays. Sauf que dans notre cas, Jovenel Moïse montre la volonté d’anéantir toutes les institutions républicaines. Ce qui constitue une preuve indubitable de dictature. Tout le monde a pu remarquer avec quel plaisir Jovenel Moïse avait déclaré sur l’un des réseaux sociaux avoir constaté la caducité du parlement Haïtien. Le 7 février 2021 alors que son mandat arrive à son terme selon l’article 134-2 de la constitution, il a battu à plate couture la justice lorsqu’il a décidé d’arrêter l’éminent juge Dabrézil de la cour de cassation dont sa fonction rend inamovible. Il poursuit ses bavures en envoyant le juge et deux de ses homologues à la retraite à partir d’un décret. Le 6 novembre 2020, un décret met fin au pouvoir de contrôle de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif sur les accords, les projets, les contrats et les conventions à caractère financier. Le 26 novembre 2020, un nouveau décret crée un certain ANI, Agence Nationale d’Intelligence dont ses membres sont au-dessus de la loi.Outre cela, il y a la montée d’une commission constituante et d’un conseil électoral non assermenté. Toutes ces décisions ont été prises dans le but de renforcer la présidence au détriment des autres institutions. Pour s’ériger en véritable dictateur, Jovenel Moïse enfile son costume de persécuteur, de cynique.

Le gouvernement Jouthe-Moïse fait des victimes

Avec ce pouvoir, s’exprimer librement est un crime qu’ il faut à tout prix empêcher. Vous vous souvenez encore du bâtonnier Monferrier Dorval assassiné dans sa résidence le 28 août 2020. De l’étudiant Grégory St-Hilaire abattu le 2 octobre 2020 à l’intérieur même de l’École Normale Supérieure. Dans les rues, les manifestants reçoivent constamment de gaz lacrymogène, de balle en caoutchouc et de projectiles réèlles. Certains militants et politiciens ont dû laisser le pays pour se réfugier en terre étrangère. C’est le cas de l’humoriste Matyas dan dò ,de l’ancien maire Youry Chevry sans compter ceux qui croupissent en prison à l’ image de Arnel Bélizaire, killick et j’en passe. Alors, qu’elle constitue le quatrième pouvoir, la presse connaît elle aussi cette merdique réalité: Bastonnade, gaz lacrymogène, meurtre,betc.

Si c’est évident que l’exécutif se montre préoccupé par les manifestations, les marches et les sit-in, cependant, il nie totalement l’insécurité précisément le kidnapping.

Le kidnapping et la complicité de l’État

Le kidnapping est une activité qui torture, déshumanise, décapitalise et appauvrit les gens. Pourtant ,elle n’affecte guère les autorités qui s’adonnent plutôt à trouver de nouvelles stratégies pour tuer dans l’oeuf toute forme de protestation. Par son insouciance, l’État est révélé complice. Mais, il l’est encore plus; car plusieurs personnes témoignent avoir été enlevées par un véhicule de plaque officielle ou de service de l’État. Le kidnapping s’installe et instaure un climat de peur et de terreur au sein de la société. Personne n’est exempt. Les ravisseurs n’hésitent pas, aucune conscience ni sympathie. Il faut payer la rançon exigée. Le pire, pour des gens qui sont incapables de se nourrir, de payer l’écolage de leurs enfants et leur loyer.

Donc, pour dire non à toutes ces anomalies, les citoyens ont dû investir la chaussée en passant outre des intérêts de groupe et s’unissent pour combattre l’insécurité et exiger le départ du Président de facto Jovenel Moïse. Pour protéger les acquis démocratiques que les politiques en train de galvauder obstinément. En définitive, le tableau se présente très sombre. La démocratie encore une fois est menacée et prise en otage par des politiques incompétents et incongrus. Considérant la conjoncture, la suspension des mouvements de rue n’est pas prévue pour demain. Car, de plus en plus de secteurs réagissent sensiblement voir au respect de la personne humaine, de la liberté d’expression et de la constitution. À noter que contre toute forme d’oppression, le peuple finit toujours par avoir raison. Il suit l’histoire et cette dernière suit son parcours.

Amorse Jean JOSEPH
[email protected]

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