(TripFoumi Enfo) – Trois années fiscales successives avec un taux de croissance négatif, un déficit budgétaire sans précédent, des territoires occupés par des gangs armés, des institutions républicaines à genoux, l’élite politique incapable de trouver un terrain d’entente et qui ne fait qu’obéir aux diktats de la communauté internationale. Voilà le tableau sombre d’Haïti 218 ans après la Bataille de Vertières, un État failli.
Au delà de son rôle déterminant dans l’indépendance du pays, la Bataille de Vertières symbolisait surtout une rupture avec l’ordre mondial de l’époque. C’était un carrefour historique qui occasionnerait la naissance du premier État nègre et rebel dans le monde, une source de liberté, d’égalité et de justice sociale.
Nous avons trahi ceux qui ont fait Vertières, ceux-là qui, au péril de leur vie, se sont sacrifiés pour nous léguer ce pays. Portées par une cupidité et une avarice politique extrême, nos élites n’ont jamais trouvé un moyen de construire ce pays et du même coup consolider cet héritage. Nous avons renoncé à devenir ce que nous devrions être.
Chaque génération à son combat à mener. Le combat de la nôtre est d’un enjeu civilisationnel. Nous avons l’impérieuse obligation de redonner Espoir à ceux qui n’en ont plus, à ceux-là qui ont perdu la foi dans ce pays et qui essaient de le quitter par n’importe quel moyen à la recherche d’un mieux-être ailleurs.
Aujourd’hui plus que jamais la refondation de l’Etat est une nécessité. Fini le temps de l’improvisation, fini le temps des décisions émotionnelles qui nous ont conduits dans l’abîme. Nous avons besoin d’un État fort, un État au service de la Nation. Un État qui sera en mesure d’avoir effectivement le double monopole de la violence légitime et de la fiscalité.
