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Le commerce ambulant, entre défis et chômage déguisé

Dans la capitale haïtienne, les marchands ambulants sont présents partout mais principalement sur les grands axes de la ville, un métier « noble », mais souvent confronté à pas mal de problèmes. Ils affrontent les épreuves de la vie et bravent tous les dangers, les intempéries, soleil, vent, pluie, les gangs armés. Ils se vadrouillent entre les différentes rues de la capitale haïtienne, avec des marchandises sur la tête en quête de clients afin de subvenir à leurs besoins.

« Tous les clients n’ont pas le temps pour se rendre au marché. Nous leur apportons les marchandises sur place. Et, ils se ravitaillent sans difficulté. Je suis marchand ambulant depuis trois ans et je ne me plains pas. J’arrive à joindre les deux bouts grâce à ce métier. Je vends des bananes, des patates, des légumes et des fruits murs. « Mwen konn pote tout bagay sa kliyan yo mande » témoigne Ti Mafi une marchande ambulante rencontrée au c3ntre-ville de Port-au-Prince.

« C’est généralement ceux qui travaillent qui achètent régulièrement mes produits. Ils n’ont pas tous la volonté de se rendre au marché après une journée fatigante au boulot, donc moi je fais leur affaire. » a-t-elle ajouté. « Souvent je rentre à la maison avec un peu d’argent, mais parfois je les vends ils me paient à la fin du mois. Au final j’ai reçu une somme qui me permet de payer ma cotisation familiale quotidienne et de faire de l’économie» renchérit-elle, l’air un peu fière.

Les catégories de marchands ambulants divergent. Nous avons rencontré Adrien Jean, vendeur des matériels pour voitures. Il atteste que son marché est florissant depuis un certain temps. « Je parcours les rues de la capitale avec mes matériaux en main ; cercle pour volant, balais essuie -glaces. Je parviens à m’en sortir car j’ai des clients dans les différents quartiers de Port-au-Prince. » A-t-il déclaré. C’est une activité qui me permet d’avoir ma liberté. J’ai terminé mes études classiques depuis 2011. Chômage oblige, j’ai tenté ma chance dans ce métier qui me permet de gagner louablement ma vie même si c’est quand même fatiguant car souvent je marche beaucoup » confie-t-il.

Alex Favart vend des sacs d’écoliers et affirme qu’à l’approche de la rentrée scolaire que le marché commence à être garni. « Nous nous mettons tous à exercer la même fonction en même temps. Moi, je suis élève donc chaque 3 heures, je reprends le chemin de l’école. » A-t-il fait savoir. « J’exerce ce métier afin de pouvoir m’acheter des vêtements et des outils scolaires car mes parents n’ont pas les moyens nécessaires. J’ai des frères et sœurs qui vont aussi à l’école. Si les choses marchent bien, je compte les habiller pour avoir la bénédiction de mes parents. » a-t-il conclu.

Quant à Marie Carmelle, 35 ans, elle vend des gobelets et assiettes à travers les rues de la capitale. « Je suis une femme mariée. J’ai 4 enfants. Mon mari est un ouvrier n’a pas un revenu qui puisse lui permettre de subvenir à nos besoins, raison pour laquelle, « mwen oblije pran lari a pou ‘m brase » a-t-elle avoué.

«Dieu merci, ça me rapporte un peu. Je me réveille dès les premiers chants de coqs, et je ne retourne chez moi qu’après 7h du soir. C’est énormément fatiguant. Je trime. J’aimerais bien avoir un boulot stable. Mais, pour le moment, je me contente avec ça tout en espérant que le bon Dieu nous réserve un meilleur avenir. C’est mieux que d’aller mendier » conclut la jeune dame l’air déterminée.

Depuis plusieurs décennies le secteur informel joue un rôle important dans l’économie du pays. Mais c’est l’un des secteurs les plus méprisés.

                                                                                                    Kettia JP Taylor

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