Développement

La troisième section communale des Côtes-de-fer bénéficie d’un projet d’adduction d’eau potable majeur

Grâce à la Compassion International (CI), une ONG chrétienne partenaire de l’Eglise Wesleyenne de Macieux, en accord avec l’organisation Healing Waters International (HWI), les habitants de Bras-de-gauche, 3ème section communale des Côtes-de-fer dans le Sud’Est, bénéficient d’un projet d’adduction d’eau majeur.Vivant dans la pénurie d’eau depuis longtemps, ce projet inauguré le 21 Août 2019 vient de mettre fin à des dizaines d’années d’attente. Faisant partie des premiers besoins de l’homme, les habitants ne cachent pas leur satisfaction après ce projet d’eau réalisé sur une distance de 5 km, dans une zone difficile d’accès.

« L’eau c’est la vie. Du haut de mes 67 ans, je n’ai jamais vu un projet aussi utile dans la communauté. Nous devons tous participer à la protection de ce bien public », explique Louis Covil, leader renommé de la communauté, accompagné de sa femme. « L’idée de réaliser ce projet ne date pas d’hier. Depuis 1988, on avait tenté de le réaliser », informe le religieux, sous les regards attentifs de Matin Dory qui assiste de près le déroulement des travaux.

Gallon en main, sourire aux lèvres, Katarie Jean, 8 ans, ne cache pas ses contentements. « Désormais, après la sortie de classe, je n’aurai plus besoin de parcourir une longue distance pour m’approvisionner en eau. Je suis très contente », déclare-t-elle, le visage innocent.

Du haut de ses 96 ans, Octalie Tristant, communément appelée Madame Eriltin ne veut pas en croire. « Avanm mouri, m wè travay sa a resi fèt vre », déclare t-elle, le visage plissé sous le poids de son âge. Appuyée sur sa canne sous un soleil de plomb, jupe bleue, un mouchoir blanc attaché à sa tête, elle a laissé sa maison afin d’assister au déroulement des travaux.

Auguste Deméro abonde dans le même sens. Ce nonagénaire dans la peau d’un cinquantenaire est l’un des plus rares vivants de sa génération qui ont beaucoup travaillé pour l’avancement de Bras-de-Gauche, cette section communale abandonnée du Sud’Est. Il est heureux, dit-il, de voir l’exécution de ce projet qui a été une priorité pour lui. Né en 1923 durant la première occupation américaine d’Haïti (1915-1934), Auguste est l’un des plus âgés de la communauté.

Une œuvre difficile à réaliser
estimée à environ 11 mille habitants selon les données de l’IHSI en 2003, Bras-de gauche est une section communale essentiellement montagneuse. Elle fait face à beaucoup de problèmes, dont la communication routière. En effet, il était très difficile d’acheminer les matériaux directement sur les lieux. C’est grâce à la main d’œuvre et la traction animale que nous arrivons à finaliser le transport des matériaux, a fait savoir Saint-Gilles Etienne, ce jeune homme infatigable qui est témoin de l’évolution des travaux. Sa participation fait partie de sa contribution au service de la communauté, affirme-t-il. À cause des problèmes d’infrastructures routières, il dit avoir beaucoup épuisé dans l’acheminement des matériaux. C’est à ce niveau, a-t-il ajouté, qu’il apporte sa contribution dans l’implémentation du projet. C’est grâce à la participation des citoyens de la communauté, poursuit Saint-Gilles, que ces travaux sont réalisés.

Durant 8 mois, de Novembre à Juin, les ouvriers ont mis les bouchées doubles, afin de réaliser l’ouvrage. « Lancé en Novembre 2018, ce projet a pris fin en juillet 2019 (8 mois), avant d’être inauguré un mois plus tard. Tout au long de ce parcours de 5 Km, nous avons construit 3 citernes et cinq fontaines dont l’un à Carrefour Macieux afin de desservir la population », précise Wesly Cadet Hippolite, directeur du projet. « Le travail n’est pas fini. J’invite tous les acteurs de la communauté à s’engager dans la protection du site afin qu’il soit toujours en vie », conclut celui qui a piloté le projet, avec un sentiment de satisfaction.

Un rêve de longue date Faisant face à de nombreux problèmes de bases, la question de l’eau a toujours été une préoccupation pour les habitants de Bras-de-Gauche. Avec la dégradation accélérée de l’environnement, ses ressources en eau se raréfient. Selon Louis Covil, depuis en 1988, on estimait que pour résoudre la problématique de l’eau dans cette section communale reculée du pays, le site « Ka Filo » est le seul capable. Le leader se souvient comme aujourd’hui, quand on avait fait la première tentative de captage.

Quand on parle de « dlo kafilo », il ya des personnalités qui doivent venir en tête rapidement. Parmi elles, Solner Démero. Ce dernier peut vous raconter de A à Z l’histoire de ce captage. Il connait ceux qui ont échoué et réussi. Par exemple, nous informe t-il, 17 000 dollars y ont été dépensés, sans succès, par un cartel de CASEC. Pour sa part, depuis en 1993, il s’engageait dans ce projet afin d’emmener cette eau, après 5 KM, jusqu’à des robinets à Macieux. Malgré sa détermination incontestable, son objectif n’a jamais été réalisé. « Il fallait attendre la Compassion et Healing Waters, 26 ans plus tard, afin de passer du rêve à la réalité », témoigne Solner, chrétien protestant de conviction. Solner est parmi ceux qui se donnaient entièrement à la cause de ce projet. Il a passé plus de 25 ans en caressant ce rêve.
Il faut souligner également que les travaux remarquables de RAFASAP (Rasanbleman Fanmi Sous Lasante nan Les Palmes), qui avait déjà emmené une ligne de cette eau jusqu’à la localité de « Nan Kenge ».

Financé à hauteur de 39 000 dollars américains, ce projet a pour but d’améliorer la qualité de vie des habitants en matière d’eau potable. Car ils utilisaient des eaux avec des hauts risques de maladies auparavant. For de ce constat, on installe à la localité de Macieux un kiosque doté d’un système de purification d’eau. Grâce à l’énergie solaire, des appareils traiteurs seront en marche au bénéfice de la population. À long terme, on compte même créer un bussiness. Ce qui permettra d’embouteiller l’eau afin de la commercialiser, par exemple. Ce sera une sorte de création d’emploi, selon ce que nous a appris un responsable de l’Eglise Wesleyenne de Macieux.

À côté de la fonction de boisson, l’eau est utilisée également pour la lessive, l’élevage des animaux, entre autres. Tout cela est réalisé en étroite collaboration avec l’Eglise Wesleyenne de Macieux qui loge le projet HA-218 de la Compassion International.

C’est Abbel Joseph, envoyé spécial de la Compassion International qui a coupé le ruban de Concert avec Wesly Cadet Hippolite pour Healing Water lors de l’inauguration. Cette cérémonie inaugurale s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités de la communauté, entre autres, Christophe Jean-Louis (Pasteur de l’Eglise Wesleyenne) , Dieujuste Saint-Juste (Directeur du projet HA-218 de la CI), Dieulet Fleurijean (coordonateur du CASEC), Clébert Jean-Louis (membre du comité de l’Eglise) ainsi que de nombreux enfants bénéficiaires du programme de la CI. En attendant les réponses à ses nombreux autres problèmes socio-économiques majeurs, ces habitants commencent à voir une lueur d’espoir qui se dessine à l’horizon.

Mosard JEAN-LOUIS
(+509) 36386285/ [email protected]

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