Opinion

L’edh en plein dans la distraction ayitienne

La presse et les réseaux sociaux ne tarissent pas de ces ‘’buzz’’ qui nous édifient chaque jour davantage sur la structure mentale totalement déficiente de l’homme ayisien en général, du président Jovenel MOISE en particulier. Il est clair que le rachitique coefficient mental de Jovenel MOÏSE ne lui permet pas de dégager une vision bien définie du futur du pays. Un futur qui se résume pour la majorité des Ayitiens à ce fameux proverbe : ‘’ tèt ki konn pot chapo ap toujou mete chapo.’’ Ainsi, en “bon dirigeant ayitien”, Mr Moise voit tout par le petit bout de sa lorgnette. Donc, il serait difficile de lui demander d’appréhender la réforme énergétique ou tout autre sujet objectivement et dans sa globalité.

En ce sens, je me suis clairement exprimé à la page 211 de mon dernier livre : ‘’…, j’essaie, avec humilité et discernement, sur fond de colère mais sans insolence, de dire que le problème de l’électricité, s’il avait été posé avec la rigueur et le désintéressement nécessaires, n’aurait pas connu ce revers dramatique.’’ J’ai même agité cette question : Pourquoi circonscrire dans le temps (24 mois) un projet aussi noble ? Un projet juste et, d’après plus d’un, atemporel. Cette variable supplémentaire n’avait fait que compliquer l’équation énergétique du pays. À bien considérer, avons-nous, collectivement, défini une vision de notre futur ? Aux spécialistes des sciences sociales de répondre. Car dans la gestion d’un pays, l’établissement des priorités à grands coups de slogans ne suffit pas (https://youtu.be/FBVfbOl_gxY). C’est beaucoup plus que cela. La planification des étapes jointe à la capacité financière et technique sont incontournables. Point barre !

Au lieu d’admettre que ‘’peyi-a maré nan men li’’ et solliciter l’aide nécessaire de la part de citoyens disponibles et compétents, Jovenel s’entête de préférence à dévaler la pente douce du faire semblant ou du ‘’pito nou lèd nou la ’’. Cette attitude et ce comportement de fanfaron forcent à penser, sérieusement, qu’une évaluation psychologique lui est vraiment nécessaire. Un rendez-vous chez un psychiatre s’impose. Il croule. Il présente des signes clairs d’angoisse névrotique. Ses deux dernières sorties, dans la Grande-Anse, et dans le Nord, en témoignent amplement. Pas un de ses proches collaborateurs / serviteurs immédiats n’intercepte ses cris de détresse. Ils sont trop préoccupés à quereller pour le partage du gâteau ou à ramasser des miettes. Avec PHTK, c’est le paroxysme de la conception de l’Etat mangeoire.

Le discours fleuve mais creux tenu à Jérémie lors de l’inauguration de la piste d’atterrissage appelée à tort aéroport atteste de son mal être et surtout de sa myopie. Gouverner c’est prévoir. Il semble que monsieur MOÏSE ignore tout de ce précepte sinon, il n’aurait pas annoncé à la va-vite la transformation de cette mini structure en aéroport international devant recevoir de grands transporteurs. Il continue à susciter énormément d’enthousiasme et de fantasmes pour d’immenses désillusions plus tard.
Certainement, il aura, encore à avaler ses promesses précipitées. L’improvisation ne trouve pas sa place dans des domaines qui font appel à la fine pointe de la technologie. L’éducation et l’énergie sont les plus négligées des politiques publiques pourtant elles suscitent les plus beaux discours. Ce qui revient à dire que les besoins du peuple en détresse ne se retrouvent pas au centre des débats. Tout se résume à un partage de postes au sein de l’administration publique sur fond de mirobolantes promesses.

Pauvre Ayiti !

Conséquence: le marronnage, la violence et la haine s’installent dans la société. Des instincts qui ne se sont jamais enfouis depuis les temps coloniaux. Notre état permanent de rébellion trouve ici son explication. On est toujours en mode ‘’déchoukaj’’ puisque les engagements ne sont jamais respectés. Toujours d’immenses désillusions. Le peuple ayitien, abruti, dégradé au sens propre de ces mots, aura à vivre encore des moments sombres et durs dans le black-out faute de vision, de dirigeants responsables et de bonne gouvernance. Je persiste à croire que le projet d’éclairer le pays est encore possible s’il est abordé avec le sérieux qu’il faut. Sans empressement. Triste est de constater que nos précipitations, nos ‘’blablabla’’ ont pratiquement transformé le territoire ayitien en nid de privations. Il y a urgence partout en la demeure.

Une histoire de jactance

La question ayitienne ne cesse de soulever des interrogations. Plusieurs disciplines se sont heurtées à sa complexité et à sa singularité. Son particularisme fait l’objet de querelles incessantes voire de chamailleries peu rationnelles entre spécialistes. Tout de même, sa dimension socio anthropologique n’est pas à négliger. Elle serait à bien des égards le point de départ de toute quête sérieuse vers sa saisine réelle. Loin d’être un simple casse-tête chinois, Ayiti représente une énigme, une charade telle que même les sophistes auront du mal à épiloguer là-dessus. La nation a toujours été victime de ces vantards qui se gonflent jusqu’à la bouffonnerie. Ces bavards, ces pédants qui, en panne de discours, de conviction et de culture, ont toujours affiché une étonnante prédisposition à la vanité, à la mégalomanie et à la suffisance. Beaucoup parlent, peu font puisqu’il n’a jamais été question de pensée structurante.

Pour preuve, Dessalines en 1806 avait écrasé les os aux gens du Sud et l’on se réfère aujourd’hui à cet acte barbare comme un exploit. Lysius F. Salomon avait promis un Himalaya de cadavres qu’on n’a jamais vu dans aucun pays de la terre si un coup de fusil venait à partir contre son gouvernement. Il est rapporté que plusieurs chefs d’Etat ayitiens, à leur départ forcé ou pas, ont assumé qu’ils ont laissé dans le pays une cigarette allumée aux deux bouts. Une malédiction. Un guignon pour le pays. ‘’Apré nou sé nou.’’

François Duvalier, a seriné la chanson des ‘’fils de l’arrière-pays à inclure’’ dans ses différents discours alors que ‘’ti mari pa monté’’. JB Aristide a longuement amusé la galerie avec son fameux slogan : ‘’tout homme est un homme’’, malgré tout ‘’ti mari pa desann’’. Jovenel MOISE, lui, tonne haut et fort que :’’ti rès la pou pèp la’’. Il n’en est rien ‘’pi rèd’’. Rien n’est plus facile que de dire. Ces chefs, prédisposés à engager de fausses querelles, n’ont jamais compris que la modération exige mille fois plus de courage qu’une apparente intrépidité. En dépit des ces envolées, Ayiti stagne, périclite et a pris irrémédiablement le chemin du dépérissement car rien n’est plus difficile que de faire. Définitivement, on n’a pas échappé au formatage colonial. Nous continuons à entretenir une société qui exclut ses propres fils. A quand la fin de cette bataille entre Bossales et Créoles ? A quand la prise en charge réelle du pays de Toussaint, de Pétion ou de Dessalines ? À quand la ‘’finalité de l’essentiel’’ en Ayiti ? Tant de questions brûlantes dont la déréliction imminente d’Ayiti nous oblige à trancher.

EDH n’a pas échappé à la jactance habituelle

« Tout problème a une solution. Au point où l’on est, l’EDH va être libérée.» C’est en ces termes que Joicéus Nader, actuel ministre des TPTC, dans son délire, sa jactance, répond à la question concernant l’avenir de l’EDH. Pour lui, la compagnie était comme clouée par un wanga qui l’aurait gardée improductive. En ce sens, le black-out est un mauvais sort. Franchement, on ne finira pas de distraire, d’étonner, de faire rire.

L’homme d’un trou du Nord obscur chasse Sogener (Dimitri Vorbe) pour faire venir des investisseurs turcs avec trois (3) caravelles pour électrifier le pays. Serait-ce le retour de la Nina, la Pinta et la Santa Maria ? Serions-nous à une découverte d’un nouveau genre ? En tout cas, sa toute dernière solution pour résoudre la crise énergétique: 3 bateaux de la Turquie pour les 3 régions : Ouest, Sud et Nord-Artibonite. Ainsi, en un temps pas trop lointain, le président se fera pardonné, excusé pour avoir menti. Comme le ridicule ne tue pas, de caravane, il est passé à caravelles. Un autre saut périlleux dans l’océan. A bien analyser, Dimitri Vorbe est victime de bovarysme économique. Entre Dimitri et un Turc, lequel est le ‘’bon blanc’’ ? L’argent va tout simplement changer de main. Dans tout cela, qu’en est-il du Kouran 24/24? À beau mentir qui vient de Turquie.

Jovenel, en masque blanc, sera plus confortable avec des Turcs qui, espérons, parleront un parfait créole. D’aucuns diront que le président ‘’ap fè wont sèvi kolè.’’Quant à Alin L. Hall, il n’a pas mâché ses mots pour me livrer ses impressions à propos de la coopération ayitiano-turque : ‘’Nous nous rapprochons de la Turquie tandis que, sous le gouvernement de Jean-Pierre Boyer, Ayiti avait aidé la Grèce à obtenir son indépendance face à la Turquie’’. Un rappel important pour les amnésiques.

Le bonhomme banane n’aura pas fini d’étonner le monde avec son approche simpliste des questions complexes. Danger pour Ayiti ! Il ne voit qu’une partie, qu’un détail de la réforme énergétique en Ayiti. Dire que la Cour Supérieure des Comptes, fin mai, a « retourné » un projet de protocole (1,2 million de dollars américains) d’accord signé au début 2020 entre le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) et le Ministère des Travaux publics, Transports et Communications (TPTC) en « vue de réaliser des travaux de réhabilitation des systèmes d’éclairage de lampadaires solaires, installés dans certains quartiers de Port-au-Prince et dans d’autres communes avoisinantes » . On veut ressusciter des lampadaires pendant que le Kouran 24/24 est pour très bientôt. Paradoxal. La facture de ces lampadaires ne cessera pas de gonfler. Et la distraction continue. De quoi ‘’pete ri’’.

Dans une lettre adressée à Hervé Pierre-Louis, ancien directeur général de l’EDH, je n’avais pas fait dans la dentelle. J’avais attiré son attention sur la gestion calamiteuse du projet Kouran 24/24 en ces termes: ‘’Quand l’échéance du bien-être général promis s’en trouve reculée, ayons le courage de dire la vérité à la population sinon, l’histoire nous jugera et se souviendra de nous comme des assassins de l’espoir.’’

Jovenel a tout simplement ajouté une équation de plus au problème ayitien alors que nous persistons dans nos ’’griyan dan’’, nos attitudes carnavalesques, nos ayitianneries, nos âneries. De tout cela, se dégage l’évidence majeure que nous avons choisi la voie de garage. Au bout de cette jactance étalée, il y a tout un peuple démuni qui attend. Un peuple inhibé qui ne demande pas qu’on lui décroche la lune. À défaut d’humanisme, un peu de charité à cette population qui gémit. Ainsi ma plaidoirie pour la ‘’finalité de l’essentiel’’ n’aura pas été vaine.
Dans Cahier de mon vécu, à la page 208, j’écris que le sort de la Téléco est réservé à l’EDH. Ce fut comme une prémonition car la nomination de Michel Présumé, un présumé dilapidateur des fonds PetroCaribe avec un passé de privatiste des entreprises de l’Etat, ne dit pas le contraire. A l’écoute de la nouvelle, LECHAPEAUTEUR (Maurice CELESTIN-NOEL ) s’est écrié : “LA PRÉMONITION DE JOSE DAVILMAR”.

Les employés, à travers leur syndicat, se sont soulevés et empêchent l’installation dudit nommé au siège de l’EDH. Jusqu’à nouvel ordre, le Directeur Général siège au Ministère des Travaux Publics. Un véritable bras de fer qui annonce que les temps de blackout, des lampes ‘’tèt gridap’’ ne sont pas derrière nous. Au contraire, la distribution du courant électrique qu’on voulait augmenter a dramatiquement diminué. En une année, les 6-8 heures d’électricité par jour deviennent la distribution hebdomadaire. On ne peut plus voiler, cacher la situation du Kouran 24/24 qui frise la catastrophe. Entre temps, le prêt de Taiwan est disponible. Les 150 millions se retrouvent à la BRH prêts à être décaissés.

En ce sens, le Président s’engage dans une course de fond. C’est le branle-bas. Tout le monde se dépêche car l’argent doit être dépensé. Il y a des poches vides à remplir. 190 mégawatts vont être disponibles grâce à ce prêt de 150 millions de dollars de Taïwan, 60 mégawatts provenant d’une centrale thermique et 130 mégawatts d’une centrale photovoltaïque, a confié le ministre des Travaux publics, Transports et Communications (TPTC), l’ingénieur Nader Joiséus, mercredi 15 juillet 2020. Attendons voir. Comme dit le vieux proverbe italien, entre dire et faire, il y a la mer.

Conclusion

Ayiti a connu, soit, des présidents illettrés, soit, ignares, des ministres incompétents, mais jamais la chose publique n’a été aussi médiocrement dirigée. Royalement méprisée. Jamais la vitesse de dégradation et de l’incertitude sur la présente direction de l’Etat n’auront été aussi grandes. En panne d’inspiration et de créativité, Jovenel Moise se réfugie dans la jactance. ‘’Bat lestomak’’. Il aurait pu inspirer à Maurice Sixto Gro Moso #2. Il fait face aux conséquences d’avoir approché de façon superficielle des questions complexes comme la réforme énergétique. La jactance de nos dirigeants est trop souvent négligée dans l’analyse de nos malheurs. Comment expliquer que les magouilleurs finissent toujours par avoir raison des patriotes. C’est simple à expliquer : le patriote a pris naissance à Vertières le 18 novembre 1803 alors que le magouilleur existe depuis 1492. Il a presque six siècles d’expérience. Donc, il est passé maître dans sa capacité de neutraliser les élans et œuvres patriotiques. Le pourrissement de la situation vient justement de cet héritage de ‘’palé mété la’’. Jovenel MOISE nous a amusés avec ses affabulations, ses envolées rhétoriques et ses duperies tout en renforçant le système oligarchique. ‘’All bark, no bite’’ (aboyer sans mordre) ! Un autre coup dur pour le peuple ayitien. Il ne fait aucun doute qu’en restant dans le déni, on aboutira au pire des scénarios.

Jovenel mise sur le temps, sa jactance, l’inculture du peuple et surtout sur le support de la communauté internationale pour pérenniser le statuquo. En ce sens, reculer l’ignorance dans le pays doit être une priorité. Aujourd’hui, tout indique que le Kouran 24/24 était une promesse qui n’avait engagé que ceux qui y croyaient. ‘’Palé mét la’’. On trouve toujours une raison pour justifier le black-out : mazout de mauvaise qualité, manque de diesel, niveau du lac, circuits en défaut, grève des employés, etc… L’EDH impuissante, déplumée, anémiée se retrouve à l’heure actuelle dans l’œil du cyclone. En fonction de ce constat d’échec qui tape à l’œil, qui crève même les yeux, le calme à l’EDH ou dans le pays en général n’est pas pour demain. Et la distraction continue !

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