Éducation

Pierre Josué Agénor Cadet, «ou pa chèf!»

Les écoles d’Haïti connaissent de grands moments de trouble depuis la réouverture des classes post-Covid-19. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation. Dans certains établissements publics, des élèves sont à leur troisième semaine de classe sans la présence des professeurs. Ce qui occasionne des mouvements de rue spontannés. Pourtant, contre toute attente, Pierre Josué Agénor Cadet, l’actuel Ministre de l’Éducation et de fait, le principal responsable de la bonne marche des écoles, garde son silence comme si rien n’était (on est le 9 septembre 2020, il est 23:45). Rien n’est dit, rien n’est fait. Le bateau coule, il regarde ailleurs.

Les causes sont multiples et complexes. Renvoi des élèves pour dette, absence des professeurs pour exiger l’ajustement de leur salaire et de meilleures conditions de travail, des élèves qui réclament la présence des professeurs dans les salles font le quotidien des écoles privées et publiques. La capitale haïtienne a enregistré une journée de 9 septembre sombre, couronnée de mouvements des élèves des lycées qui ont investi les locaux du Collège Canado Haïtien pour réclamer leur soutien.

Que soit du côté des Gonaïves, La Gonâve, Mirebalais, Jacmel ou Port-au-Prince, les choses se dégradent, les images sont tristes. La semaine d’avant, une vidéo fait état d’une bagarre entre un lycéen et des agents de police à Jacmel pourtant d’un autre côté, c’est un directeur d’un établissement scolaire qui essaie de montrer ses forces à un élève. Des écoles essaient difficilement de boucler l’année académique 2019-2020 et d’autres ont déjà lancé l’année 2020-2021. Le chaos total. L’irresponsabilité des autorités de l’État est visible et criante. Personne ne sait qui gère quoi ni comment.

Se basant sur le dernier track de Don Kato avec son groupe «Brothers Posse», on pourrait se rendre compte qu’il n’y a pas que le président Jovenel Moïse «ki pa chèf. Si se konsa, minis edikasyon an pa chèf tou», tout comme Normil Rameau qui ne dirige rien. Comment un ministre peut se donner le droit de tout laisser à la dérive, sans gêne, dans un secteur de si grande importance qu’est l’éducation? Il n’est pas un père de famille? Il ne connaît pas les sacrifices conssentis par les parents pour envoyer leurs enfants à l’école? À quels résultats doit-on s’attendre dans les prochains examens officiels? Et quel sera l’avenir des ces élèves qui ont connu cette année si boulversante, ficelée par des évènements de pays lock, de confinement et de protestation? En tout cas, le futur de la société haïtienne s’annonce beaucoup plus triste que ce que l’on a craint.

Haïti est en panne de leader capable de lui retirer dans cette situation difficile. Au lieu de pencher sur le problème des enseignants qui réclament une augmentation de leur salaire de 11 000 gourdes; au lieu d’honorer la promesse de subvention faite par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus, le ministre préfère fuir le dialogue et transférer dans d’autres départements certains hauts placés des syndicats. À l’heure actuelle, les choses risquent de se dégénérer. «Pou elèv lise yo ki pa jwenn pwofesè, pou timoun lekòl prive yo voye retounen pou dèt, pou timoun Bèlè yo ki pa menm konn si lekòl egziste, Pierre Josué Agénor Cadet, ou pa chèf».

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