Éditorial

Éditorial | Coupe du monde : le gouvernement fait la fête, le pays se meurt

(TripFoumi Enfo) – Du 20 novembre au 18 décembre, tous les projecteurs sont rivés sur le Qatar. C’est la fête du football, étant le sport le plus apprécié dans le monde, toutes les nations sont concernées. Qualifiés ou pas, quasiment tous les pays du monde vivent, chacun à sa façon, la fièvre du mondial. En Haïti, les fans du Brésil ou de l’Argentine, entre autres, ne ratent pas l’occasion de supporter leurs équipes. Sur les réseaux sociaux, les publications sont les unes plus intrigantes que les autres. Le gouvernement haïtien, malgré ce momentum favorable à un retour à la stabilité, s’enferme dans sa passivité alors que les choses continuent d’aller de mal en pis.

Les Haïtiens, même s’ils n’ont pas fait le voyage au Qatar, ne sont que corps sans esprit dans une société gangrenée par toutes sortes de problèmes. L’inflation est à un niveau record, l’insécurité continue son petit bonhomme de chemin (crimes odieux, massacres perpétrés par des gangs, kidnapping). L’éducation est au ralenti, le chômage fait rage, le choléra gagne du terrain, les produits de première nécessité sont vendus à des prix exorbitants, la gourde continue de s’affaiblir, l’avenir ne présage rien de bon.

Ajouté à tous ces maux, le gouvernement d’Ariel Henry ne trouve pas meilleure occasion pour revoir à la hausse le prix de plusieurs services, notamment les frais des timbres de passeport, les frais de permis de conduire, entre autres. Selon une source digne de foi, ces ajustements devraient être effectifs dans la prochaine loi de Finances.

Pour combattre l’insécurité, apaiser la misère et la faim, pour renforcer les institutions du pays, le gouvernement a distribué des Téléviseurs géants dans plusieurs quartiers populaires pour permettre à plus de monde de regarder Neymar, Mbappé, Messi, Ronaldo, entre autres. Au kiosque Occide Jeanty, un écran géant est installé, sous un soleil de plomb, plusieurs patients prennent refuge. Vu qu’en Haïti l’électricité est un luxe, et en plus, ailleurs ils auraient payé ou seraient obligés de consommer, mais grâce à l’État haitien, plus de peur que de mal, le Mondial est assuré. Diriger, n’est-ce pas prévoir?

Pour certains, le calme apparent qui plane sur le pays est dû à la présence du Brésil de Neymar et de l’Argentine de Messi à la Coupe du Monde. Qui plus est, les cadors de la zone AmSud sont encore de la partie, et s’ils venaient à être éliminés ? Les Haïtiens vont-ils revenir sur terre ? Les mouvements de revendication seront-ils de nouveau à l’ordre du jour.

La cerise sur le gâteau pour le neurochirurgien, les fêtes de fin d’année. “Ayisyen pa jwe ak nwèl li”. De quelle Noël parlez-vous ? L’avenir du pays est de plus en plus sombre, les jours de classes sont comptés au compte-goutte, les officiels, anciens et nouveaux dirigeants, sont impliqués dans toutes sortes de malversations (corruption, trafic de drogue, d’armes et de munitions, etc). Les gangs sont bel et bien alimentés par nos autorités, la communauté internationale en a fait la révélation.

Entre-temps, le gouvernement se la coule douce, finalement tout est sous contrôle, Jean Victor Généus avait dit vrai. Dans les stations-service, le carburant se vend au prix fort malgré le mouvement Bwa Kale, et le plus triste, de longues files d’attente y sont constatées. Le pays est-t-il confronté à une énième pénurie des produits pétroliers ?

Après le Mondial, Ariel Henry et consorts vont devoir trouver un autre palliatif pour museler ces milliers de personnes laissées pour compte ne savant plus à quel saint se vouer, emprisonner ces âmes misérables qui n’ont décidément plus rien à perdre. Il va falloir bien plus que de simples mots pour alimenter ces bouches… Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on.

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