Éditorial

Éditorial | Sanctionnés, corrompus, bandits, de belles étiquettes pour vivre normalement en Haïti

(TripFoumi Enfo) – Il n’y a pas plus clément que l’État haïtien, ou peut-être que s’amputer soi-même d’un membre est trop douloureux pour s’y aventurer. Leurs noms ont envahi les colonnes de tous les médias du pays, les fameux sanctionnés du Canada et des États-Unis, mais ces informations n’étaient utiles qu’à faire vendre des journaux, car depuis, la vie a repris et personne, aucun groupe organisé n’a haussé le ton pour qu’une procédure judiciaire relative à ces sanctions soit enclenchée… En Haïti, nous descendons de cette belle race d’oublieux.

N’en déplaise aux âmes sensibles, l’on se permettra de rappeler ces noms en vrac :

Joseph Lambert, Youri Latortue, Rony Célestin, Hervé Fourcand, Gary Bodeau, Lizst Quitel, Berto Dorcé, Gilbert Bigio, Reynol Deeb, Sherif Abdallah, Michel Martelly, Laurent Lamothe et Jean-Henry Céant, Romel Bell, Arnel Bélizaire et Charles « Kiko » St Rémy. Ils sont tous sanctionnés pour des actes [destructeurs] aux dépens de la population haïtienne.

Ce petit rappel n’aura certainement aucun véritable impact sur la disposition populaire à sanctionner ces gens qui nous piétinent depuis toujours, encore moins sur la prédisposition des institutions étatiques à sévir contre le mal. Toutefois, vous en conviendrez peut-être, il est toujours bon de secouer la boule à neige.

Haïti a toujours été dans un combat constant avec ses propres fils quand il s’agit [pour ses fils] de la marchander pour leurs propres intérêts. Aucune période n’a été exemptée de ces transactions malsaines et destructrices ; aucune génération n’a été épargnée de ces fils indignes. Tous les espaces de décision et d’influence sont infestés de cette race de vipères qui n’en a cure du sort haïtien. Le « Bien collectif » est un vilain mot qu’ils veulent éradiquer du quotidien, en Haïti. Ils se sont passé le mot…

Depuis les différentes publications dans les différents médias à travers Haïti, ainsi que dans l’international, le cours de la vie de ces soi-disant sanctionnés n’a subi aucun virage, comme si de rien n’était. Certains diraient même qu’ils [le Canada et les États-Unis] se sont foutus de notre gueule. D’autres seraient circonspects et plus nationaux en pointant du doigt la Justice haïtienne. Laquelle semble s’en moquer royalement. Imaginez un instant l’importance que vous accorderiez à la parole d’une personne de peu valeur de votre quartier. Voilà comment la Justice haïtienne a reçu les sanctions prises par le Canada et les États-Unis.

Pour enjoliver la conjoncture et nous offrir quelques distractions, la Presse haïtienne en a fait quelques belles Unes durant quelques jours, et… Aux oubliettes.

Le plus amusant, et à la fois révélateur de beaucoup de choses à corriger au sein de notre société, c’est que la plupart de ces sanctionnés ont mené une campagne d’auto-lavage dans certains médias, comme si c’était exactement la chose à faire. Haïti, un paradis : l’Eldorado de la corruption.

Que tu sois un corrompu patenté, un bandit notable, ou même [tout simplement] un sanctionné des pays comme le Canada ou les États-Unis, qui décident de tout en Haïti, et qui monnaient en toutes circonstances l’estime de nos dirigeants, tu es libre de vivre dans ton pays, lequel t’a été légué par NOS ancêtres.

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