Éditorial

Éditorial | Après l’insécurité et le Kidnapping, CQR vient décapitaliser les Haïtiens

La plateforme Crypto Currency Quant Robot, communément appelée CQR, n’est plus. Sa disparition a provoqué un véritable tollé, notamment sur les réseaux sociaux, cette semaine. Pas moins de 400 mille Haïtiens, selon certains médias locaux, avaient cru faire un investissement sûr dans la cryptomonnaie, mais c’était “Bien compter, mal calculer” ; CQR a disparu des radars en laissant plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens dans la tourmente.

C’est un véritable séisme ! La plateforme CQR, établi en Haïti depuis plusieurs mois (novembre 2022), s’est brusquement “éteinte”. Sans avertissement et quand l’on s’y attendait le moins, la plateforme ne fonctionne plus, et plusieurs millions de USDT (monnaie d’échange de la plateforme) sont partis en fumée. Les pertes sont énormes et sans appel, la plaie est béante, l’amertume, le regret, les remords embrasent, depuis ce jeudi funeste, ceux qui s’étaient livrés corps et âme pour subsister dans un pays qui n’offre plus aucune opportunité.

Pas un jour ne passait sans qu’un Haïtien ne reçoive une invitation à intégrer CQR. Plusieurs plans étaient proposés à tous ceux voulant faire fortune en un rien de temps. Des plans allant de $35 US à $1500 US, l’aventure s’annonçait passionnante et sans risque comme si l’on avait rien à perdre.

Plusieurs investisseurs ont liquidé des biens immobiliers, des meubles de valeur, vendu des terrains à des prix déraisonnables, vendu à vil prix une voiture ou une motocyclette juste pour intégrer CQR. D’ailleurs, un mois, un seul, suffisait pour voir grossir les bénéfices comme de la manne tombée du ciel.

Et pourtant, ceux qui avaient tout à gagner étaient les responsables. Ils n’avaient de compte à rendre à personne, même pas à l’État. La plateforme fonctionnait sans être inquiétée même pas par le soi-disant Conseil National des Télécommunications.

Haïti, aucune législation en la matière

Le paysage haïtien est vierge en matière de technologie. Non seulement face à l’utilisation abusive et à mauvais escient des utilisateurs, mais aussi aucune restriction n’est imposée.

Qui pis est, aucun tribunal n’est compétent dans le cadre de cette affaire, aucune plainte de la sorte n’est recevable. Haïti, en matière de cybersécurité, c’est une savane où règne la loi de la jungle.

On ne vous apprend pas que tout ce qui n’est pas interdit par la loi n’est passible d’aucune sanction. Alors, le Code Pénal Haïtien, daté de 1835, n’avait prévu aucune disposition concernant l’ère numérique. Donc, qu’on soit piraté, escroqué, volé, ou victime de toute autre infraction sur le net, la législation haïtienne restera muette et ne pourra trancher sur aucune base légale.

Ainsi, sans aucune autre forme de procès, CQR fait ses bagages, déménage comme plusieurs autres plateformes avant elle, en laissant derrière elle, des centaines de milliers d’investisseurs endettés, en agonie.

CQR ou “Ce Qu’il faut Retenir”, une ou plusieurs autres formes d’investissements prendront encore une fois chair sur le net, notamment dans le paysage Haïtien, et plusieurs dont déjà disponibles, avec une autre appellation et encore plus de facilité. Toutes les cartes seront encore entre vos mains, si l’autre dirait que l’erreur est humaine, il n’en demeure pas moins vrai que persister dans l’erreur est diabolique.

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