Deewoy : « le photographe doit créer quelque chose de sain pour les yeux »
Né un 24 septembre, à Petit-Goâve, Derosier Rith-Carlson's dit Deewoy, est poète, éditeur et photographe (Freelance) depuis environ une dizaine d’années. Idéaliste et rêveur, d'un univers singulier, il partage sa vie entre la photographie et la poésie. Regard sur le parcours de ce jeune éditeur et photographe.
Le monde de la photographie regorge pas mal de talentueux. Des gens qui captent l’instant pour donner lieu à une certaine mémoire (du présent et du passé). C’est le cas du jeune Petit-Goâvien âgé de 27 ans, en l’occurrence Deewoy, photographe aux mille gestes, malgré lui. Le secret de création de Deewoy est bien difficile à avouer sinon une certaine consistance sur l’instant. Sa vision de la photographie s’est prise en otage face à des obstacles, impasses difficiles.
Deewoy est connu pour ses photos de studio et est aussi le photographe habitué à couvrir presque toutes les activités culturelles de la ville. Un jeune sur qui on peut parier pour la sauvegarde de cet art, si méprisé en Haïti, à cause du manque de création des gens qui s’y lancent. « Je crois que les jeunes photographes doivent apporter quelque chose de nouveau par leur touche, il doit créer quelque chose de sain pour les yeux », a fait savoir l’ancien étudiant au Centre D’art et à CIPEC (Centre d’étude de photographie et de cinématographie).
Entre la poésie, le théâtre et la photographie
Deewoy est un artiste à mille et une facettes. En outre du métier de photographe, il travaille dans d’autres domaines artistiques comme le théâtre, et la poésie. Ancien membre du groupe Molicaj (Mouvement Artistique et Littéraire des jeunes), il a collaboré avec d’anciens groupes littéraires, tels que Perle Poétique, Des fleurs et Des poèmes, Folie Poésie et Vendredi Harmonie. Editeur à Floraisons, il dit avoir trouvé de la joie dans le fait de s’engager en tant qu’éditeur qui fait découvrir de frais et importants souffles dans la poésie haïtienne, à côté des poètes comme Samuel Clermont et Jean Verdin Jeudi (Toli) et autres. « Éditer, selon moi, est un acte d’engagement et de plaisir. Je trouve une certaine joie dans le fait d’éditer les poètes, puisque je suis moi-même poète et lecteur », a-t-il dit. Jeune dramaturge, il a joué pas mal de pièces dont le fameux « Monsieur de Vastey » de l’écrivain haïtien René Philoctète. De la poésie au théâtre en passant par l’art visuel, ce jeune Petit-Goâvien se montre un artiste expérimenté qui touche à tous les arts. Au cours de son parcours, cet ingénieur d’images a fait pas mal de chemins. « Ces expériences m’ont apporté beaucoup de choses, j’ai rencontré de nouveaux poètes, visité pas mal de villes et apprendre d’eux », a avancé le photographe, pour qui la photographie est aussi un art qui peut toucher nos âmes et stimuler un certain changement créatif.
Aussi, le poète-photographe ou photographe-poète, qui rêve un jour d’avoir une école de photographie, nous dévoile sa gestion de ses deux passions. Pour lui, la poésie peut faire l’objet d’un même projet ou travail d’esthétique et d’engagement que la photographie. Il n’y a pas vraiment de grandes différences en ces deux grands arts, souvent servis comme arme de combat depuis plus d’un siècle. Le photographe, nous dit-il, tout comme le poète, témoigne de la beauté et de la laideur de l’instant (temps). « Le photographe peut utiliser l’image au service d’un besoin populaire tandis que le poète fait de même avec les mots. Le poème est une image, et une image est aussi un poème », nous a révélé le mémorant en Droit, qui travaille aux éditions Floraisons.
La photographie n’est pas une simple discipline où il consiste seulement à maitriser ses règles ainsi que ses techniques. Elle est aussi un langage, un moyen de faire durer les instants, c’est-à-dire l’éphémérité. En dépit des difficultés rencontrées sur ses chemins, le dirigeant de « Dubaï Studio » à Petit-Goâve, sise à la rue Lamarre, où il se livre quotidiennement à sa passion, a fait ses preuves dans la belle pratique de mise en boîtes les images. Aucun détail n’est négligé dans ses photos, qui représentent des captures sur le paysage, les moments forts des activités culturelles. « Pour moi, le photographe doit être un fin regardeur, qui se laisse toujours emporté par le charme, le sourire d’enfant de la nature », a estimé celui qui est entré dans cet art grâce à son ami poète Coutechève Lavoie Aupont. À bien des égards, Deewoy est un photographe qui a la folie comme maîtresse (guidée par l’urgence des moments). Il cherche le beau à l’affût de ses procédés d’innovateur, en portant une certaine attention au milieu rural haïtien. Les photographies de Derosier Rith-Carlson’s jouent sur des couleurs peu vives, sombres, en noir et blanc, et sur les contrastes qui les font ressortir, dans le but de vous représenter le milieu rural, et exalter la beauté de son pays.
Pour l’avenir, le jeune photographe, qui a reçu respectivement le deuxième prix de Wiki Naval Ayiti 2022 et Wiki Loves Folklore Afrika 2022, ce prix qui était organisé par Wikipédia Haïti, vise des ambitieux et importants projets sur la photographie, par exemple un storytelling sur le commerce du sexe en Haïti, quelques expositions sur un ensemble de thématiques comme : boudoire, paysage (dans le lequel il va se pencher sur la nature en Haïti) et le portrait. Projet de devoir de mémoire, d’urgence de montrer le pays, de nouvelles portées et gestes d’artistes sortis de l’ordinaire… Deewoy en a mille et un dans la tête. « Songe, D’A, FOLIFOTO, ce sont mes projets aspirés pour les mois à venir. Je m’inspire de ces années de travail où j’ai dû marcher dans presque toutes les villes d’Ayiti, découvrant des modes de vie, de nouveaux horizons de nouvelle cliché », a-t-il promis.
Kerby Vilma