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Entre révocation et réintégration: Jusqu’où iront les ‘‘torchonneries’’ de Torchon

Me Torchon n’a jamais été réintégré, un texte du journaliste, ex secrétaire d’état et ministre de la communication, Joseph Guyler C. Delva.

Il y a quelques jours, les médias haïtiens, toutes tendances confondues, ont annoncé à la une que le Commissaire du gouvernement, fraichement nommé et révoqué avant même d’avoir prêté serment, Inel Torchon, avait été réintégré par le ministre de la justice, Jean Roudy Aly, qui aurait soumis sa (nouvelle) lettre de nomination au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) pour les suites nécessaires.

Mes chers confrères et consœurs ont tout simplement été induits en erreur par Me Torchon qui n’a jamais été réintégré, suite à sa révocation intervenue le 3 octobre 2019, puisque remplacé ce jour-là par Me Jacques Lafontant, nommé Commissaire du gouvernement ad interim.

En effet, Me Torchon a été nommé chef du parquet de Port-au-Prince le 26 septembre 2019, en remplacement de Me Paul E. Villard qui avait jugé bon de démissionner. Cependant, il est opportun de noter que Me Torchon faisait déjà partie du ministère de la justice à titre de commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets. On dit qu’il avait été révoqué, mais il argue qu’il avait de préférence démissionné de son poste. Peu importe!

Donc voilà pourquoi, dans sa lettre de nomination datée du 26 septembre, le ministre de la justice a fait référence à la réintégration de Me Torchon dans le personnel du ministère de la Justice à titre de commissaire du gouvernement de Port-au-Prince.

Dans une lettre, avec entête du ministère de la Justice et adressée à Me Torchon, on peut lire ce qui suit : ‘‘J’ai l’avantage de vous informer que vous êtes réintégré à titre de Commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince,’’ avait écrit le titulaire du ministère de la justice, Jean Roudy Aly, le 26 septembre 2019. ‘‘Votre nomination est effective à partir de votre prestation de serment,’’ avait-t-il précisé.

Le ministre de la justice avait également, le même jour, adressé une correspondance au président du CSPJ, Me René Sylvestre, pour l’informer de la réintégration de Me Torchon et pour l’inviter à prendre les mesures nécessaires pour favoriser sa prestation de serment, comme cela se fait habituellement. L’accusé de réception de cette correspondance date du 2 octobre 2019. Il faut noter que la nomination du nouveau chef intérimaire du parquet, Me Jacques Lafontant, est datée du 3 octobre 2019.

Et l’impensable arrive! Me Torchon a utilisé la même lettre qui avait été adressée le 26 septembre au président du CSPJ, faisant état de sa réintégration à titre de commissaire du gouvernement, pour faire comprendre qu’il venait tout juste d’être réintégré (après sa révocation, le 3 octobre). Et pire, il a effacé la date du 26 septembre qui se trouvait en haut de page de la lettre, en laissant intact, au pied de la page, l’accusé de réception daté du 2 octobre et écrit, avec un stylo bleu, par le réceptionnaire du CSPJ.

Donc la question est simple et élémentaire. Comment peut-on être nommé le 26 septembre, révoqué le 3 octobre, et réintégré le 2 octobre 2019? La lettre que Me Torchon a acheminée à la presse et aux médias sociaux, a été reçue au CSPJ le 2 octobre, rappelons-le. Or, il n’existe, à notre connaissance et jusqu’à cette minute, aucune autre lettre de réintégration ultérieure au 3 octobre, date à laquelle Me Jacques Lafontant a été nommé, si vrai que ce dernier siège actuellement et depuis le 3 octobre, au parquet, en tant commissaire du gouvernement.

Torchon semble avoir mélangé les torchons et les serviettes. Aujourd’hui, il est bruit qu’un torchon brûle entre Torchon et le Ministre de la justice, et cette situation est même susceptible de provoquer un coup de torchon entre les deux hommes. Tout laisse croire que s’il avait été admis au parquet, Torchon aurait fourni un travail torchonné.

Mais quelle torchonnerie! Pareil agissement est vraiment attristant et atterrant. Peut-être faudrait-il en pleurer. Mais mieux vaut en rire, puisqu’il importe d’ajouter un peu de comédie à cette tragédie pour mieux la digérer. Sinon, on en meurt.

Joseph Guyler C. Delva

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