Santé

Les tampons et serviettes hygiéniques gratuits en Écosse, une grande première à travers le monde

(TripFoumi Enfo) – L’Écosse est dorénavant le premier État du monde à rendre gratuits les produits d’hygiène féminine. Le mardi 24 novembre dernier, le MSP ( Member of the Scottish Parliament « Membre du Parlement écossais, en français ») a unanimement ratifié un projet de loi sur les produits sanitaires. Désormais, les produits tels que tampons et serviettes hygiéniques seront distribués gratuitement aux femmes qui en ont besoin. Or, sur le sol haïtien, il faut pas moins de 60 gourdes pour s’acheter un paquet de tampons bon marché.

À l’origine d’un tel projet de loi, on retrouve la députée du Parti travailliste écossais, Monica Lennon. Depuis 2016, l’élue d’opposition au Parlement écossais défend bec et ongles la cause des femmes liée notamment à l’achat mensuel de produits hygiéniques en prévision des menstruations.

Ceci appauvrit l’ensemble des femmes concernées, a longtemps soutenu madame Lennon. Et en pleine crise de Covid-19, la situation ne vient pas s’améliorer étant donné que « les règles ne s’arrêtent pas aux pandémies », a-t-elle déclaré. Et justement, en cette situation de pandémie, cette loi est ce que Monica Lennon qualifie de «pratique et progressiste».

Pour l’héroïne des femmes écossaises, « le travail visant à améliorer l’accès aux tampons, serviettes et produits ré-utilisables essentiels n’a jamais été aussi important ». C’est ainsi que Holyrood, la Chambre des députés à Édimbourg, a accordé 121 voix contre 0 à son projet de loi. Les partis opposants membres de la présente législature au Parlement d’Édimbourg, ou encore le gouvernement écossais lui-même, tous ont salué le projet de loi de cette travailliste.

Si le gouvernement savait déjà financer l’achat de ces produits d’hygiène féminine, il est devenu une obligation légale avec ce projet de loi. Et bien évidemment, ce sont toutes les catégories de femmes qui en bénéficient. Il est à retenir par exemple le cas des étudiantes et élèves de sexe féminin qui n’auront plus à se soucier de leur bourse pour se procurer les tampons ou serviettes hygiéniques lors de leurs règles. Parce que ces articles seront accessibles au niveau des salles de bain de ces institutions.

Ainsi, on comprend mieux pourquoi plusieurs se réjouissent de l’adoption d’une telle législation. Secrétaire des services aux communautés et membre du Parti national écossais, Aileen Campbell en vient déjà à l’égalité entre genre. À la croire, il s’agit là d’un « moment important » pour cela, puisque « cette législation », a-t-elle assuré, « contribuera grandement à faire progresser l’égalité et la justice sociale ici en Écosse et ailleurs, alors que d’autres pays cherchent à suivre notre chemin. »

En outre, madame la secrétaire n’a nullement caché sa satisfaction. « Nous nous engageons à faire de l’Écosse le premier pays au monde à légiférer pour garantir que les produits d’époque sont disponibles pour tous ceux qui en ont besoin », a-t-elle ajouté.

Un sentiment partagé entre la députée travailliste et elle. Mme Lennon a en effet déclaré qu’elle est plus que fière que L’Écosse montre la voie « sur la question de la dignité ». Une Écosse qui a progressé à un rythme rapide dans un court laps de temps, renchérit-elle. Et saluant les MSP, Monica Lennon leur a déclaré : « Nous sommes arrivés ici parce que nous avons travaillé ensemble. Nous avons montré que ce parlement peut être une force de changement progressif lorsque nous collaborons ».

De son côté à elle, la cheffe du Parti national écossais, Nicola Sturgeon n’est pas restée sans mot dire. Sur son compte Twitter personnel, elle, a tweeté pour apprendre qu’elle était fière de voter en faveur de cette législation révolutionnaire, identifiée comme une politique importante pour les femmes et les adolescentes.

Un pionnier dans la lutte contre la pauvreté d’époque, c’est en tout cas de cette façon que Rose Caldwell voit maintenant l’Écosse. Ce pays ayant pris un « engagement de premier plan mondial », la directrice générale de l’organisation caritative Plan International UK espère qu’il aura montré l’exemple à d’autres nations du monde entier.

Par la gratuité des produits d’hygiène féminin, l’Écosse projette à présent de devenir le premier pays au monde à éliminer la pauvreté périodique une fois pour toutes. Pendant ce temps en Haïti, des tampons se vendent au minimum à 60 gourdes le paquet. Et, précisons-le, ce sont ceux qui ne sont pas du tout de qualité.

S’il reste vrai que plusieurs organisations féminines réclament haut et fort l’égalité des genres sur le territoire national, le sujet des tampons et serviettes hygiéniques gratuits semble ne pas constituer une réelle priorité pour elles jusqu’ici. Et encore moins pour le gouvernement. Selon l’économiste Riphard Serent, moins d’un dollar américain est investi en santé pour chaque Haïtien en 2018. Une preuve que « l’amélioration des conditions sanitaires en Haïti n’a jamais été une vraie préoccupation pour les autorités au cours de ces 5 dernières années ».

On pourrait donc presque dire que compter sur le financement des produits d’hygiène féminin par l’État haïtien demeure quasiment une pure utopie. D’autant plus que le manque d’éducation sexuelle qui entoure notamment la notion des règles fait que celles-ci soient encore empreintes de stigmatisation et de honte.

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