(TripFoumi Enfo) – « La mort a des rigueurs à nulle autre pareille,
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,
Et nous laisse crier
Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre
Et sujets a ses lois ;
Et la garde qui veille aux barrières du louvre
N’en défend point nos rois… »
Cet extrait de consolation à M. Du Perrier sur la mort de sa fille écrit par François Malherbe compte plus de 400 ans. Et aujourd’hui encore, ces paroles font couler beaucoup d’encre et de larmes. Mais, il montre surtout à quel point la mort est révélatrice.
La tragédie de la mort transforme la vie en destin et ses témoignages sont divers. La mort de l’autre devrait être un livre ouvert pour comprendre la vie dans toute sa dimension comme à dit l’auteur:
On entre, on crie
Et c’est la vie
On bâille, on sort
Et c’est la mort.
Ici, dans ce pays, la mort a beaucoup plus de valeur que la vie. Un mort, dépendamment de son nom, fait plus d’écho que “la vie dure” de centaines de milliers de citoyens. Ici, les hommes savent que vous étiez bon et important après votre mort. Ils vous complimentent et vous font l’éloge de votre passage sur terre après avoir sû que vous êtes bel et bien six pieds sous terre. Quelle triste réalité !
Si la Bible dit : « Les morts ne savent rien ». Nous en Haïti, nous faisons parler les morts, nous les laissons témoigner du traitement auquel ils avaient eu droit de leur vivant. De leur sépulcre, nous pouvons entendre leur vie résonner, comment ont-ils vécu, et leurs réalisations…
Il y a pas si longtemps, nous avions assisté, après la mort de Mikaben, à une vague déferlante de témoignages d’amour. Des messages venaient d’un peu partout pour exprimer la douleur indépendant provoquée par cette mort subite. Comme si la mort était à nos trousses alors que nous essayons de jongler avec la vie.
« Nous mourrons tous… » tels sont les premiers mots de Jacques Roumain dans Gouverneurs de la Rosée. Ces mots doivent être ruminés par chaque humain, chaque Haïtien afin que tous prennent conscience que c’est de son vivant qu’il faut de témoigner de l’amour envers l’autre et lui montrer toute son importance et sa valeur. C’est aujourd’hui même qu’il faut dire « Je t’aime », car demain il sera peut-être déjà trop tard.
