(TripFoumi Enfo) – Encore une fois, malgré la situation difficile d’Haïti, la commune de Petit-Goâve a réuni un beau public pour la neuvième édition de Livakte Camping qui s’est déroulée, du 26 au 30 décembre 2022, autour du thème “Université et luttes contre les injustices sociales dans le monde”. Les livres et le thé, fait à base de nos plantes, constituent l’épine dorsale de cette activité culturelle, offrant un espace public où se consolide le lien social tissé par l’envie de faire taire l’ignorance et l’inculture. L’invité d’honneur, pour cette année, est le jeune poète Samuel Clermont, auteur de plusieurs ouvrages tels “Wondonmon” et “Vavari”.
C’est à Balanier Beach, une magnifique plage située au sud de la commune de Petit-Goâve, troisième section, que se sont réunis des gens issus de différentes régions du pays et d’origines socioéconomiques diverses pour valoriser, enchanter, promouvoir les livres et la médecine traditionnelle haïtienne. Le 26 décembre, dans la soirée, autour d’un feu qui a illuminé la plage engluée d’un sable blanc bronzé par le soleil, il y a eu des récitals et des contes pour immortaliser le moment.
Au lendemain, l’Unité de Recherche et d’Action Médico-Légale (URAMEL), représentée par trois de ses membres, tous des universitaires, a animé un atelier relatif aux thématiques “violences et genre” en vue de sensibiliser les participants sur cette question combien importante. Ce même jour, la bibliothèque municipale y a été installée, mieux, délocalisée, pour que les lecteurs et les livres se parlent et s’amusent et ce, grâce au partenariat de la Bibliothèque Nationale d’Haïti. Pour fermer cette journée, l’écrivain Jacob Jean-Jacques a tenu un atelier d’écriture avec pour thème “Les Pieds dans l’eau”.
Le troisième jour, Jour-J-1 avant la grande foire, le groupe théatral Thédu’20 a offert un spectacle baptisé “Drivayè”. Avec un comédien et 3 danseurs, ça s’exprime dans une sociologie marginale où certaines catégories sociales invisibilisées sont mises en lumière. Ce sont, entre autres, les hommes de plaine, les handicapés, les enfants de rue. Drivayè, c’est le récit d’un manchot qui refuse de s’apitoyer sur son sort et, de ce fait, se considère comme une personne à part entière capable de répondre à des responsabilités sociales comme tout individu.
Si le Soleil s’est pointé tôt le jeudi 29 décembre, c’est pour annoncer que c’est le jour de la grande Foire où vont se mêler la médecine douce, communément appelée médecine naturelle, et les livres. En effet, vers 2 heures de l’après-midi, le coup d’envoi a été donné avec un atelier sur le rôle de l’Université dans la lutte contre les injustices sociales. Une partie du public présent a été divisée en cinq groupes à raison de 11 personnes par groupe. Après discussions, chaque groupe, à travers un représentant, a restitué ce qui a été débattu.
Soit dit en passant, parallèlement, certaines personnes font du service communautaire et d’autres passent leur temps dans l’espace de l’exposition où se trouvent les livres et les produits fabriqués par des artisans haïtiens et d’autres encore, un peu plus loin, préparent la course à bois fouillés. Le site est animé par toute ces activités.
Bref, finie la partie de la restitution des ateliers, place aux élèves du Collège Pradel Pompilus, pour présenter un exposé en ce qui concerne l’importance de la mer dans le développement économique d’Haïti. Les quatre élèves choisis à cet effet, trois garçons et une fille, ont sû délivrer brillamment la marchandise. L’assistance, édifiée, est visiblement satisfaite de ce travail impeccable. Après leur exposé, c’est le tour d’un naturaliste, Louis Jean Parklin, pour sensibiliser les gens sur l’importance des plantes dans la guérison de certaines maladies et pour la prévention de celles-ci.
La nuit commence à s’installer sur la plage, et la foule diminue, ceux qui ne sont pas membres officiels de l’activité ont pris le chemin du retour. Une petite pause s’observe, le temps pour les gens de manger. Entre-temps, de jeunes auteurs Petit-Goâviens, y compris Samuel Clermont, sont présents pour signer leurs ouvrages et une course à bois fouillés s’est tenue. La musique de la mer et le vent des arbres se sont dit oui pour offrir, eux aussi, un spectacle aux gens. Un vrai régal ! On sait très bien que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi d’écriture et de lecture : deux ateliers ont eu lieu pour clôturer la foire : l’un, sur l’écriture, autour du thème “Transandans ” avec l’invité d’honneur et l’autre, sur la lecture, à partir de l’ouvrage de développement personnel “balles neuves”.
Et en vendredi, c’est la tenue du congrès de consolidation qui consiste à évaluer le déroulement de l’activité et à fixer de nouvelles perspectives pour la 10ème édition qui pourrait se dérouler soit dans la commune d’Aquin, soit à Petit-Goâve. “LIVAKTE” est un évènement culturel annuel lancé pour la première fois par l’ANA (Atelier des Apprentis Narrateurs) en décembre 2015. Ce projet en plein dans la logique de démocratisation de la culture, cherchant à rendre accessibles les productions scientifiques et artistiques de l’humanité à tout le monde. Il se préoccupe d’une politique de l’altérité responsable et s’inscrit dans le paradigme inventif de l’éducation (Bertrand et Valois, 1981)”, lit-on dans le dossier de presse.
