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Point de vue du politologue Rysdaël C. sur les initiatives de la Caricom en vue d’un dénouement à la crise haïtienne

Ces derniers temps, la Communauté des Caraïbes (Caricom) se veut un médiateur entre les acteurs haïtiens en vue d’une résolution à la crise haïtienne. Les initiatives de la Caricom suscitent de vives controverses au sein de la société haïtienne. Plus d’un estime que l’organisation régionale s’immisce sans réserve dans les affaires d’Haïti. Au milieu de ce débat, le politologue Rysdaël C. Duvelsaint livre son point de vue quant à la question de savoir si la « Caricom a les prérogatives à proposer à Haïti une solution de sortie de crise ».

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Alors que l’implication de la Caricom dans la recherche d’une solution à la crise haïtienne est devenue un sujet brûlant ces jours-ci, le politologue Rysdaël C. Duvelsaint, ne passe pas par quatre chemins pour affirmer que « la Caricom a effectivement des prérogatives à proposer à Haïti une solution de sortie de crise ». L’ancien responsable de jeunesse du parti EN AVANT a cependant précisé que « les protagonistes haïtiens ne devaient pas sous aucun prétexte attendre la proposition de la Caricom pour sortir le pays de cette impasse », ajoutant qu’Haïti est un État souverain, libre, démocratique et indépendant selon la Constitution de 1987.

En outre, « même en aliénant une partie de sa souveraineté au détriment d’une organisation internationale dont Haïti est membre, cela ne met pas en péril la souveraineté du pays », souligne le politologue haïtien, rappelant qu’« Haïti reste un État indépendant et en tant que tel il jouit du principe fondamental du droit international qu’est le droit du peuple à l’autodétermination, c’est-à-dire que le peuple a le droit de décider comment son pays doit être géré ».

Alors qu’Haïti fait face à une crise multidimensionnelle sans précédent depuis des années, l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 a envenimé davantage la crise haïtienne avec surtout l’arrivée au pouvoir du docteur Ariel Henry le 20 juillet 2021 sous l’influence de la communauté internationale, notamment des États-Unis. L’arrivée d’Ariel Henry à la tête du pays comme Premier ministre constitue un tournant dans l’histoire de la politique d’Haïti, car le pays n’a jamais expérimenté auparavant un exécutif monocéphale. Depuis, des appels ne cessent d’être lancés pour demander au docteur Henry d’ouvrir le cadre à l’aide d’un accord politique pour pallier la crise multidimensionnelle à laquelle le pays est confronté.

Ainsi, pour parvenir à une solution de sortie de crise, la Caricom s’engage comme une instance de médiation entre les protagonistes de la crise haïtienne en vue de trouver une issue. À l’initiative de l’organisation régionale, plusieurs réunions avaient eu lieu en Jamaïque entre l’exécutif et certains partis politiques en vue de trouver un dénouement à la crise qui ne cesse de s’aggraver. Ces rencontres n’avaient pourtant pas apporté les résultats escomptés. Alors que la situation continue de se dégrader en Haïti, le Groupe des Personnalités Éminentes de la Caricom avait essuyé au moins trois échecs en Haïti dans ses tentatives pour porter les acteurs politiques à trouver un accord.

Selon l’accord du 21 décembre que le docteur Ariel Henry avait lui-même signé, il aurait dû plier bagage le 7 février 2024. Mais, malgré les différents mouvements de protestation, il restait quand même au pouvoir. Le 28 février 2024, lors de la 46e réunion de la Caricom, le Premier ministre contesté dit avoir accepté d’organiser les élections générales dans le pays, au plus tard, le 31 août 2025.

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Le 29 février 2024, alors que le Dr. Henry s’était rendu à Nairobi en vue de la finalisation, entre autres, des modalités du déploiement de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) en Haïti, le pays est plongé dans une spirale de violence, où des groupes de terroristes s’en prennent aux différents sites stratégiques du pays, dont l’Aéroport International Toussaint Louverture pour demander le départ d’Ariel Henry. Empêché de revenir dans le pays depuis ce mouvement, le Premier ministre décrié, sous l’influence de la Caricom, a annoncé depuis Porto Rico sa démission dans la soirée du 11 mars 2024, précisant toutefois que son gouvernement s’en ira immédiatement après la mise en place d’un Conseil présidentiel.

Ainsi, la Caricom est devenue de plus en plus un acteur incontournable dans le processus de la mise en place dudit Conseil composé de neuf membres. Toutes les négociations entre les parties prenantes passent pas l’organisation régionale. Si certains observateurs estiment que la Caricom n’a pas le droit d’intervenir dans la solution à la crise haïtienne, le politologue Duvelsaint prend à contre-pied cette approche, arguant que « si les protagonistes de la crise actuelle en Haïti ne parvenaient pas eux-mêmes à trouver une solution viable à la crise qui d’ailleurs a trop duré, la Caricom aurait des prérogatives à proposer à Haïti une solution de sortie de crise ».

En mettant en-avant le principe de « l’autodétermination », le jeune politiste croit que les acteurs haïtiens devraient tout de même être en mesure de trouver une solution à la crise qui sévit en Haïti depuis des années en dehors de la Caricom. À défaut de cette solution issue de la classe politique haïtienne, « la Caricom peut intervenir pour aider Haïti en tant que membre de cette structure régionale à trouver une issue », a estimé M. Duvelsaint, soulignant que la « Caricom n’est pas dans une perspective d’ingérence puisqu’elle est une organisation d’intégration régionale, à cet effet, son statut lui permet de jouer le rôle de médiateur et peut tenter d’apporter une solution à la crise haïtienne ».

Toutefois, il n’écarte pas la possibilité que cette initiative soit impulsée par les États-Unis d’Amérique qui, depuis quelques temps, se révèlent un acteur majeur dans la gestion des crises de gouvernance en Haïti.

Né le 4 août 1997, Rysdaël Clébert Duvelsaint est originaire de la commune de Verrettes dans le département de l’Artibonite. Détenteur d’un Master II de l’Université de Strasbourg en France où il poursuit actuellement ses études, M. Duvelsaint a également une formation en psychologie à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haiti. Le jeune leader a également été coordonnateur national adjoint à la jeunesse au sein du mouvement politique « En Avant », dirigé par l’ancien député de Pétion-Ville Jerry Tardieu.

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